En juin dernier, l’Onu se disait « profondément préoccupée » par l’évolution de la situation des droits humains au Sénégal. Ce suite aux évènements ayant suivi la condamnation de Ousmane Sonko et de la répression policière des manifestants, s’ils n’étaient pas « systématiquement » mis aux arrêts. Aujourd’hui, le Sénégal semble subir les conséquences de sa gestion de ces évènements : le Sénégal a littéralement été évincé du comité des droits humains des Nations unies.
Pas de nouveau mandat pour le Sénégal au comité des droits de l’homme (CDH) de l’Onu. Le pays est ainsi rattrapé par la situation des droits de l’homme fortement décriée par l’opposition et une bonne partie de la société civile : plus d’un millier de « détenus politiques » sont encore dans les prisons, certains y sont depuis le mois de mars dernier. Et, si le régime semble (impunément) décidé à résister aux injonctions répétées des défenseurs des droits de l’homme, au plan international, le Sénégal perd des points au tableau de la gouvernance des démocratique.
A preuve, à partir du 1er janvier 2024, marquant le début du mandat des 15 pays élus, le Sénégal dont le mandat en cours se termine en décembre – n’aura plus voix au chapitre du CDH pendant les trois prochaines années. Au même moment, la Côte d’ivoire et le Malawi, pour le compte de l’Afrique, ont été réélus pour un second mandat. Ils seront rejoints par le Burundi et le Ghana qui intègrent ainsi cette instance onusienne dont l’une des principales missions est de promouvoir de meilleures normes pour les droits de l’homme.
La relégation du Sénégal est-elle une des conséquences de sa gestion des conflits sociopolitiques en cours depuis mars 2021 ? La réponse est sans doute dans la question si l’on se rappelle que le gouvernement sénégalais avait essuyé les critiques de l’Onu pour sa gestion des droits humains lors des évènements consécutifs à l’affaire Ousmane Sonko. En effet, au mois de juin 2023, l’Onu se disait « profondément préoccupée » par l’évolution de la situation des droits humains au Sénégal.
Pour rappel, le Conseil des droits de l’homme se présente comme le principal organe de l’Onu chargé des droits humains. Il a la responsabilité de « défendre et de faire progresser » les libertés fondamentales à l’échelle mondiale. Créé en 2006, le conseil est composé de 47 États membres, élus au scrutin secret par la majorité des membres de l’Assemblée générale.
Afin d’assurer une répartition géographique équitable, les sièges sont répartis entre les groupes régionaux d’États comme suit : Afrique (13) ; Asie-Pacifique (13) ; Europe de l’Est (6); Amérique latine et Caraïbes (8) ; et Europe occidentale et autres (7). Lors du scrutin du mardi 10 octobre 2023, le Malawi (182 voix) est arrivé en tête des votes pour les pays africains ; il est suivi de la Côte d’Ivoire (181), du Ghana (179), du Burundi (168) et du Nigéria qui n’était pas candidat (3). Les pays élus sont donc l’Albanie, le Brésil, la Bulgarie, le Burundi, la Chine, la Côte d’Ivoire, Cuba, la France, le Ghana, l’Indonésie, le Japon, le Koweït, le Malawi, les Pays-Bas et la République Dominicaine. Ils siégeront au Conseil des droits de l’homme à partir du 1er janvier 2024, aux côtés de l’Afrique du Sud, de l’Algérie, de l’Allemagne, de l’Argentine, du Bangladesh, de la Belgique, du Bénin, du Cameroun, du Chili, du Costa Rica, des Émirats arabes unis, de l’Érythrée, des États-Unis, de la Finlande, de la Gambie, de la Géorgie, du Honduras, de l’Inde, du Kazakhstan, du Kirghizistan, de la Lituanie, du Luxembourg, de la Malaisie, des Maldives, du Monténégro, du Maroc, du Paraguay, du Qatar, de la Roumanie, de la Somalie, du Soudan et du Viet Nam.
Elhadji Mansor Ndiaye