Coura Ndiaye Kébé, vous êtes la directrice de l’Institut de Formation aux Métiers des Sports (IFM Sports). Présentez-vous à nos lecteurs ?
Je suis Madame Coura Ndiaye Kébé, directrice de l’Institut de Formation aux Métiers des Sports. IFM SPORTS est le premier établissement privé de formation professionnelle au Sénégal et en Afrique sub-saharienne spécialisé dans le domaine du sport. L’Institut est reconnu par le Ministère de la formation Professionnelle et technique et habilité par le Ministère des Sports du Sénégal. Le projet de l’institut a été mis en place par M Mbagnick Ndiaye, ancien ministre des sports qui a la fin de sa carrière dans l’administration a décidé de mettre en place une école de formation pour accompagner l’état dans sa mission régalienne.
Quelles sont vos offres de formations ?
Pour nos offres de formation cela varie. On a, entre autres, le management du sport du sport, l’éducateur sportif, le maitre d’armes escrime, le journaliste sportif, le marketing du sport, le technicien d’entretien et de maintenance des infrastructures sportives. Ce n’est pas tout car nous proposons aussi le métier de technicien de gazon, surveillant de baignade, stadier et agent de manifestation sportive.
Comment intégrer IFM Sports ?
Pour intégrer IFM Sports, il vous être titulaire du baccalauréat ou du BFEM en fonction des formations. Nous formons aussi les anciens sportifs sur la base de la validation des acquis de l’expérience. A cela s’ajoute les formations qui sont ouvertes à tous pour mettre à la jeunesse :
Quels sont les débouchés des métiers sportifs ?
Pour chaque formation que nous faisons, la formation est orientée vers un métier. Déjà le type de la formation vous donne un aperçu sur le métier que vous voulez faire après. Par exemple pour le métier d’éducateur sportif, on sait déjà que la personne va travailler comme éducateur sportif dans un club de sport ou un club de football. Toutes les formations que nous proposons sont reliées aux métiers. On apprend ici des compétences et un métier peut déboucher sur un autre métier.
Le sport est-il un secteur pourvoyeur d’emplois?
Oui, le sport est un secteur pourvoyeur d’emplois. Par exemple si on prend uniquement le football les gens pensent plutôt au footballeur. Initialement ils te parlent que du footballeur. Or, autour du footballeur, il y’a au moins une vingtaine de métiers que quelqu’un peut faire. Si vous multipliez ça par le nombre de disciplines qui existent au-delà même de ce que quelqu’un peut faire dans une fédération c’est énorme. Prenons l’exemple du football : le CONEF a répertorié 1100 écoles/clubs de football à travers le pays. Si chaque club est géré de façon hybride, on aura 1100 entreprises qui chaque mois contribue à l’économie du pays. Poussons un peu plus loin la réflexion, chaque club doit avoir au moins 2 a 3 éducateurs sportifs. Si on reste toujours dans le football, on peut énumérer au moins 15 métiers reliés au football. A cela s’ajoute qu’au niveau de chaque club on a besoin d’un préparateur physique, d’un médecin du sport, d’un diététicien, d’un psychologue etc. La liste est trop longue. Ça va du cadre aux techniciens. Donc, dans un club vous pouvez avoir 20 emplois si le club est géré comme une entreprise. Il y’aura donc des retombées financières pour l’Etat avec les impôts et autres.
En quoi consiste le management du sport ?
Disons tout d’abord que le management est la mise en œuvre des moyens humains et matériels d’une organisation, d’un service ou d’une entreprise, pour atteindre ses objectifs. C’est le pilotage, la conduite organisée de toutes les fonctions de l’organisation pour atteindre les objectifs. Si on prend le sport est une activité économique et sociale, pratiquée en association (sportive), en entreprise (société à objet sportif), socialement (en famille) ou individuellement, son pilotage, sa conduite organisée par des techniciens et des personnels administratifs constitue le management du sport.
Pourquoi les formations en sport business explosent ?
Le sport est l’une des activités les plus dynamiques dans le monde. Il est pratiqué chaque jour un peu plus à travers les continents, aidé en cela par la très grande publicité qui l’entoure. Des évènements comme la coupe du monde de football, les Jeux Olympiques, etc. sont suivis dans tous les foyers par des milliards d’individus. La conduite des activités sportives nécessite un personnel nombreux avec des exigences de plus en plus élevées et termes de compétences dans des domaines très diverses et parfois insoupçonnés et spécialisés (médecine spécialisé du sport, stadiers, psychologie du sport, métiers du cheval, etc.). Il faut aussi notée qu’avec les logiques commerciales qui ont profondément envahi l’espace sportif. Le sport est devenu un puissant moyen de promotion économique, une grosse vitrine opportunément utilises par les sponsors pour rendre visible les images, produits de toutes sortes. Avec comme conséquence l’émergence des métiers connexes comme le marketing sportif, le métier d’agent sportifs. Les exigences en qualité des pratiquants et des usagers font exploser les demandes de formation au Sénégal sans une réaction forte des autorités pour y répondre. D’où l’intervention de l’IFM-Sports et son projet de déploiement à travers les régions et en Afrique francophone.
Le sport est-il un secteur économique prometteur ?
Les potentialités économiques et les possibilités de retour sur investissent dans le sport sont immenses et encore inexploitées, particulièrement dans les pays du Sud. Au Sénégal, le sport est maintenant classé parmi les activités économiquement rentables et participe à la transformation structurelle de l’économie, Axe 2 du Plan Sénégal Emergent. Le sport influence de façon ahurissante les innovations technologiques : les meilleures chaussures sont sportives, les meilleures montres sont sportives, les meilleurs cabinets médicaux sont sportifs, les meilleures voitures sont sportives, les meilleurs repas sont sportifs, les habits qui résistent le mieux aux intempéries et au changement climatique sont sportifs. Les industries artisanales et culturelles, l’alimentation, l’hôtellerie, le transport, la santé, le tourisme, les entreprises de communication, et j’en passe, sont positivement impactés par l’activité sportive.
Avec le coronavirus, quel est le risque sur tous les emplois du sport ?
La Covid-19 a effectivement impacté très fortement les milieux sportifs. Ce, en faisant suspendre des compétitions avec des pertes de milliards de recettes issues d’habitude des entrées des spectateurs, la suspension ou la résiliation de contrats de personnels techniques et administratifs, la fermeture des stades et arènes . Mais ces difficultés, le sport le partagent avec l’essentiel des acteurs économiquse de son écosystème. Par contre, certains sportifs ont vu leurs contrats en cause, par des négociations pour des baisses de salaires. Au Sénégal heureusement, par exemple, nous n’avons pas entendu la résiliation de contrats parmi les sportifs professionnels. On peut supposer, cependant, que des restrictions puissent exister concernant les personnels de soutien, mais comme vous le savez, l’IFM-Sports déroule actuellement un programmes de formation de stadiers, l’Office National de la Formation Professionnelle forme des lutteurs pour en faire des agents de sécurité ; ce qui veut dire que la demande est encore solide.
Cheikh Moussa SARR