Le bilan de l’épidémie de Covid-19, qui a contaminé 137 millions de personnes dans le monde, approche désormais des trois millions de morts, avec une nouvelle accélération des décès ces dernières semaines, notamment au Brésil et en Inde : si le nombre de morts a atteint deux millions au bout d’un an, il n’a fallu que trois mois pour approcher la barre des trois millions. Les variants plus virulents, détectés pour la première fois au Royaume-Uni, au Brésil et en Afrique du Sud, ainsi que la lassitude de la population face aux mesures sanitaires et aux restrictions pourraient expliquer cette nouvelle vague.
Mais d’un continent à l’autre, voire d’un pays à l’autre, les causes de décès renseignées fluctuent, selon qu’elles sont enregistrées en lien avec le coronavirus, en milieu hospitalier ou à domicile. Le comptage varie également en fonction de la solidité des systèmes sanitaires, sociaux et statistiques, et du degré de transparence politique.
Les 52 pays de la grande Europe, qui s’étend à l’est jusqu’à la Russie et à l’Azerbaïdjan, enregistrent à eux seuls près de 1,1 million de décès. La Royaume-Uni, la Russie, la France, l’Italie et l’Allemagne concentrent 60 % des décès liés au coronavirus sur ce continent. Toutefois, c’est la petite République tchèque qui déplore le plus grand nombre de morts par rapport à sa population, avec 263 décès pour 100 000 habitants, suivie par la Hongrie (245), la Bosnie (225), le Monténégro (223) et la Bulgarie (208).
L’Espagne recense, pour sa part, un peu plus de 75 300 morts. En décembre 2020, le gouvernement de Pedro Sanchez avait dû réévaluer à la hausse le nombre de décès sur la période de mars à mai 2020, aboutissant à un chiffre supérieur de 70 % aux données fournies à l’époque. Fin mai, le ministère de la santé faisait ainsi état de 27 127 décès liés au Covid-19, donnée passée à 45 684 morts après révision par l’Institut national de la statistique.
En Belgique, la surmortalité a atteint 16,6 % au cours de l’année 2020, selon les données de l’institut de santé publique Sciensano. Soit 17 966 décès de plus que les années précédentes, une hausse largement attribuée au Covid-19 et, pour une petite partie, à la canicule qui a sévi en août (1 500 morts estimées). Thierry Eggerickx, chercheur au Fonds national de la recherche scientifique et professeur de démographie à l’Université catholique de Louvain, note que la pandémie a entraîné une réduction de l’espérance de vie de 1,1 an pour les hommes et de 0,9 an pour les femmes.