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Demba Guissé :‘’J’ai vraiment changé’’

Demba Guissé, mécanicien à ses débuts, a été révélé au grand jour lors l’émission de télévision ‘’oscars des vacances’’. Guissé fut désigné meilleur chanteur. Pétri de talent, il remporte le concours ‘’xeex sibiru’’ initié par Youssou Ndour et a représenté le Sénégal à ‘’Case sanga’’ tenu au Mali où il est sorti deuxième. Dans cette interview exclusive avec Rewmi Quotidien, Demba Guissé, qui a pour « muse » Baaba Maal nous parle de son parcours musical. Il adresse également un message fort aux jeunes qui bravent la mer pour rejoindre l’Europe.

Présentez-vous à nos lecteurs

On ne peut pas entendre mon nom sans pour autant l’associer à ce que je fais, c’est-à-dire la musique. D’ailleurs, on ne peut pas parler de la famille Guissé sans pour autant penser à l’art, la plupart d’entre eux s’y adonne. Le public m’a connu à travers pas mal de concours et à travers ces derniers (les concours) j’ai tout le temps été nommé ‘’meilleur chanteur’’. En 2007, j’ai remporté le concours d’Oscar des vacances’’ et le titre de ‘’Meilleur chanteur’’. Et en 2010, j’ai été au Mali pour représenter le Sénégal à travers un concours où j’ai terminé ‘’deuxième’’.

Et, enfin, en 2011, j’ai refait un autre concours, je me suis battu pour y arriver et là, j’ai été nommé meilleur chanteur par Youssou Ndour. Et après cela, j’ai commencé à faire des clips vidéo, des tournées, à voyager un peu partout.

Comment ont été vos débuts ?

Tout début est difficile ! Tu fais tout pour y arriver, afin de te faire une image, de te frayer un chemin et faire en sorte d’obtenir une promotion. Il arrive que je pense que c’était très compliqué au début et après à bien réfléchi, je me dis que ce n’était finalement pas si dur que ça. Car la musique est une chose que j’avais pour habitude de faire, je jouais avec et mes aînés me coachaient un peu. Sinon, je rends grâce à Dieu !

A écouter vos morceaux, on note immédiatement une variété en Pulaar et Wolof. Etes-vous passé par un apprentissage classique de la musique ?

Je n’ai jamais été au conservatoire pour y apprendre quoi que ce soit. Disons que j’ai appris à travers le monde, c’est-à-dire a travers les anciens, à travers ma carrière (les concours auxquels j’ai eu à participer), mes prestations, les artistes que je côtoie, entre autres. Tout cela réuni m’a permis d’avoir toutes ces connaissances. Et la chance que j’ai, c’est qu’à chaque fois que je fais ou sort un single, les sénégalais sont les premiers à apprécier et ça fait vraiment plaisir.

Qui est-ce qui vous a poussé ou vous a inspiré  à faire de la musique ?

Quand j’étais enfant, j’avais pour habitude d’écouter les chansons de Baba Maal et c’est lui qui m’a le plus poussé à chanter en puular. Sinon pour les chansons en wolof il y a Ablaye Mbaye, Youssou Ndour entre autres. Mais à vrai dire, mon idole c’est Baba Maal et cela tout le monde le sait, d’ailleurs, je ne m’en cache même pas.

Vous dites avoir fait de nombreux concours de chants mais aussi avoir été élu meilleur chanteur. Depuis lors qu’est ce qui a changé dans votre vie ?

Le Demba Guissé d’il y a 5 – 6 ans n’est pas le même que le Demba Guissé d’aujourd’hui. Beaucoup de choses ont changé et cela se voit à travers mes chansons. Quand je parle de changement, je ne fais pas spécialement allusion à l’argent mais plutôt au physique, au mental, du côté de la communication. A vrai dire, il y a eu changement au niveau de tous les côtés et c’est Dieu qui a voulu qu’il en soit ainsi. Il y a un adage qui dit : « La musique ne nourrit pas son homme » et je trouve qu’il y a une part de vérité dans ces dires. Même si, nombreux sont les gens qui ont réussi au Sénégal et grâce à la musique.

Quels sont vos rapports avec les autres artistes sénégalais ?

J’ai de très bons rapports avec tous les artistes, nous-nous entendons tous très bien. Je suis une très bonne personne mais aussi l’ami de tout le monde (rire). Sinon, pour ce qui est de ma sœur (Pendo Guissé) nous avons de très bons rapports. D’ailleurs, on travaille souvent ensemble, elle s’implique beaucoup dans ce que je fais et vice-versa.

La musique occupe une grande partie de votre existence, quelles sont vos autres passions ou centres d’intérêts en dehors de la musique ?

Je fais de petits business et je ne compte pas le révéler (rire). Je suis vendeur de crèmes glacées (il se marre).

En dehors de la musique avez-vous d’autres projets en solo, pouvez-vous nous en parler et nous les décrire ?

C’est difficile de travailler en solo quand tu es en groupe ou que tu collabores avec des gens. J’ai beau chanté en solo mais pour le reste, je ne le fais pas tout seul, il y a beaucoup de gens derrière moi (manager, le staff, les professionnels de la musique) et qui me sont de bon conseils.

La pandémie a-t-elle impacté sur votre carrière?

Non, elle n’a pas vraiment impacté dans ma carrière ! Le seul hic c’est qu’elle a créé une petite distance entre nos fans et nous. Elle a certes mis à l’arrêt notre travail et tout mais pas du côté financier. Sinon, pour ce qui est du côté du travail, la Covid-19 a tout chamboulé parce qu’en tant qu’artiste si cela ne tenait qu’a nous, nous ferions des spectacles tous les jours.

Quels conseils donnerez-vous à un jeune qui souhaite faire carrière dans la musique ?

«  Music dafa doye war » (La musique est étrange !), donc le conseil que je donnerai a ce jeune c’est de se concentrer sur le métier qu’il exerce déjà et de faire en sorte d’y réussir. Dans la musique, nous sommes confrontés à pas mal d’obstacles et l’on fait aussi face à pas mal d’aléas. Après, si ce jeune pense pouvoir réussir dans la musique et qu’à côté, il y a de bons encadreurs et des gens qui le soutiennent, alors là, oui, il peut s’y mettre à fond et s’y donner corps et âme. Aussi, ce qu’il faut savoir c’est que la musique ne s’apprend pas, elle est innée, tout le reste c’est juste du perfectionnement.

Vivez-vous de votre musique ?

Oui, je vis très bien de la musique ! Elle a beaucoup changé ma vie.

Quel message lancerez-vous en tant qu’artiste à ces nombreux jeunes qui prennent les pirogues à la recherche d’un monde meilleur ?

Dans l’une de mes chansons, j’avais abordé ce thème qu’est l’immigration clandestine. Quant à ceux qui prennent la pirogue pour quitter le pays, je me dis peut être que c’est parce qu’ils n’ont pas d’autres alternatives.

Pour ma part, je trouve que voyager par avion est plus correct, plus respectueux que de le faire de cette façon. Moi, en tout cas, c’est ce que je ferai. Nombreux sont les gens qui prennent des risques et ne savent pas ce qui les attend de l’autre côté, Je pense qu’ils devraient y réfléchir à deux fois avant d’y aller. Je ne suis pas d’accord avec cette pratique de « Barça wala Barsakh » (Aller à Barcelone ou mourir).

Vous aviez l’habitude de chanter lors des combats de lutte. Quelle comparaison faites-vous entre hier et aujourd’hui ?

La lutte, au temps, ce n’était pas trop ça « amoul wone bayeré », c’est après que les choses ont commencé à changer avec l’arrivée des lutteurs comme Tyson, entre autres. Ils ont révolutionné la lutte, à vrai dire, c’est notre sport national et ce que nous devons faire, c’est la respecter, venir en aide à ceux qui la pratiquent et qui se battent pour qu’elle émerge.

La différence entre la lutte d’hier et d’aujourd’hui est qu’avant, le lutteur faisait son entrée, habillé de façon très traditionnelle avec beaucoup de pagnes autour de la taille, c’était très beau à voir. Dans la lutte d’aujourd’hui par contre, il n’y a pas tout ça, il y a trop de mystique, trop de bruit et même, des fois, des histoires qui choquent. Les lutteurs ne dansent plus comme les anciens, ce qu’ils font c’est du « sabar ». Cette nouvelle génération doit s’inspirer de l’ancienne.

Vous en êtes déjà à 15 ans de carrière musicale. Pouvez-vous revenir sur une anecdote qui vous a beaucoup marqué ?

Le souvenir qui m’a le plus marqué c’est quand je suis allé au Mali représenter le Sénégal lors d’un concours de chant. C’était un pays qui m’était inconnu, je n’y connaissais personne et je me sentais comme perdu. Ils parlaient d’autres langues que je ne maitrisais pas et la seule chose qui m’aidait, c’est le fait que je parle français. C’est un souvenir que je n’oublierai jamais car ce n’était pas qu’un simple concours mais plutôt une expérience humaine. J’y ai appris beaucoup de choses que j’applique toujours d’ailleurs. C’était extraordinaire !

Quels sont vos projets ?

C’est bientôt le mois de décembre et le 7 décembre je serai en soirée  à la Villa krystal avec pas mal d’artistes. J’ai aussi une tournée à faire en Espagne dans une grande salle de spectacle et je communiquerai la date très bientôt.


ANNA THIAW

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