Démission de D-MÉDIAS: Ahmed Aïdara met tout le monde à l’aise !

C’était une situation embarrassante, sans doute pour tout le monde. Le fait pour Ahmed Aïdara, après avoir été élu Maire, de continuer son travail de journaliste. Finalement, le Cnra, après mis en demeure, a pris la décision de retirer le signal au groupe pendant trois jours. Une décision qui a pris fin ce dimanche. Si Ahmed était resté, Bougane serait dans une forme d’obligation de le soutenir, mettant le travail de plus de 400 salariés en danger, à cause d’un seul.

Le jeu pourrait en valoir la chandelle si le Cored, le tribunal des pairs et le Synpics était du côté d’Ahmed. Mais ce n’est pas le cas. Et il est difficile de leur en vouloir. Car, tout n’était pas conforme à l’éthique et la déontologie dans le travail du journaliste. Même si nous ne faisons certainement pas mieux et que tout le monde fait des erreurs, Ahmed a finalement compris que  c’est lui qui est élu Maire et que son nouveau statut faisait qu’il était beaucoup plus exposé que n’importe quel autre journaliste. Car, si l’on est élu sous la bannière d’une coalition de l’opposition, on est plus impartial et équilibré. On appartient à un camp politique dans un contexte fortement concurrentiel parce que les législatives pointent à l’horizon.

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Du coup, il n’est pas étonnant qu’il soit surveillé parfois plus que les autres. Ceux qui évoquent le cas de Yacine Talla, DG de la RTS, entretiennent consciemment ou inconsciemment une confusion. Talla est un gestionnaire, il ne fait aucun travail de journaliste. Partant, il ne saurait être comparé à quelqu’un qui continue à faire son travail de journaliste tout en étant engagé politiquement. Et surtout si, dans sa façon de traiter l’information, il s’attaque à ses adversaires.

Bougane est un peu dans la même posture que Thierno Tall même s’il n’est pas encore élu. Personne ne lui reproche d’être à la tête d’un organe de presse et de faire de la politique même si, par ailleurs, cela peut mettre mal à l’aise certains de ses employés. Qu’à cela ne tienne, en démissionnant, Ahmed met tout le monde à l’aise y compris le Cnra qui, malgré les apparences, n’a aucun intérêt à s’en prendre à un journaliste ou à un organe de presse. Sans chercher à donner des leçons, il est important pour tous les journalistes de savoir que l’éthique et la déontologie sont difficiles à respecter pour nous qui sommes à la fois citoyens, pères de famille mais surtout employés de patrons qui, parfois, s’engagent dans des sphères partisanes et ont des intérêts à préserver. Mais, c’est là où le peuple nous attend. Nous ne pouvons pas utiliser nos organes, micros ou plumes, pour nos ambitions personnelles ou pour celles de nos employeurs. Tout journaliste qui ne l’aura pas compris devra exactement faire comme Ahmed.

En Wolof, un dicton dit que ‘’l’on ne peut pas poursuivre deux lièvres à la fois’’. C’est exact. Soit, on est journaliste, soit, on est quelqu’un d’autre. Et, à ce propos, même les communicants sont exclus. Car, si l’on se soucie de son intérêt ou de celui de son patron au moment de prendre sa plume ou son micron, on est non pas dans l’information, mais dans la communication. Or, un communicant n’est pas un journaliste si l’on se réfère aux théories de la ‘’boucle de rétroaction’’ et du Feed-back. C’est donc honnête de sa part de quitter le métier, peut-être momentanément. Car, les générations futures ont besoin de repères et il ne faudrait pas qu’ils croient que cette démarche est la bonne.

Or, si on laissait faire, sans rien dire, des générations de jeunes journalistes allaient tranquillement emprunter cette voie, croyant bien faire. En clair, il est parfois bon de reconnaître la vérité quand elle nous rattrape car nous ne sommes après tout que des mortels. Bravo Ahmed et bonne continuation.

Assane Samb

 

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