Touchés dans leur amour propre par les sorties maladroites de protagonistes à certains dossiers judiciaires dont celui opposant Adji Sarr et Ousmane Sonko, le leader de Pastef, les magistrats sortent de leur silence.
Ils ont tenu, hier, à rappeler les principes d’indépendance et d’équité qui guident leur profession qu’ils ont toujours rendue dans la dignité parce que respectée par tous les citoyens. C’est apparemment ce respect qui commence à fléchir du fait des déclarations répétées de certains responsables comme Sonko qui n’a jamais manqué de s’en prendre à certains des leurs, publiquement.
Aussi, l’Union des magistrats du Sénégal (Ums), qui s’est prononcée au nom de tous, n’a pas manqué de condamner et de fustiger ce qu’elle appelle des actes de défiance envers l’institution et des attaques personnelles envers les hommes et les femmes qui rendent la justice. Ce qu’il regrette surtout, c’est que l’histoire politique sénégalais, aussi mouvementée qu’elle a été, “s’est toujours déroulée dans le respect des institutions”. Ils déplorent tellement ce qui s’est passé qu’ils rappellent que « Il ne sera permis à aucun justiciable, quel que soit son rang, de se hisser au-dessus des lois en s’arrogeant le droit de vouer aux gémonies le respect dû à la justice. Les institutions de la République sont au-dessus de tout intérêt personnel. Elles sont en effet pérennes alors que lesdits intérêts ne sont que provisoires ».
Néanmoins, ils ont rappelé que la justice s’est toujours rendue en toute indépendance au-delà de toutes considérations personnelle. C’est dire que malgré tout, ils vont continuer à traiter tous les citoyens de la même manière y compris à l’égard de ceux qui avancent qu’ils n’ont pas confiance en eux. Un rappel à l’ordre qu’il était sans doute important à faire. Car, si nous travaillons à discréditer les institutions de la République, nous aurions mis l’Etat à genou, c’est-à-dire l’intérêt supérieur de tous les citoyens.
Là-dessus, nous sommes d’accord que l’arène politique est très complexe et passionnée, que l’engagement partisan est devenu une sorte de métier pour ne pas dire de vocation pour lesquels des milliers d’hommes et de femmes s’activent au mépris de toute règle. Mais, nous avons tout intérêt à laisser des institutions comme la Justice et les forces de défense et de sécurité au-dessus de la mêlée. Ce qui est dommage, c’est de constater qu’à chaque fois que la Justice décide contre les intérêts de quelqu’un, on s’acharne sur elle. C’est dire qu’elle n’est indépendante que lorsqu’elle tranche à notre faveur. Ce qui constitue une vision égocentrique des missions de celle-ci.
En tout état de cause, il est important de souligner que quelles que soient les polémiques et leur virulence, les dossiers en instance seront traités sans aucune forme de pression, comme l’a rappelé l’Ums. Aucune forme de pression ne saurait aider un justiciable, de quelque bord où il se situe de se soustraire au jugement de la loi. Les hommes et les femmes qui s’engagent en politiques, qu’ils soient du pouvoir ou de l’opposition, doivent se convaincre que la loi est au-dessus de tout le monde.
Malheureusement, c’est parce qu’il y a des failles, au niveau de l’opportunité des poursuites, que toute la Justice en paie les pots cassés. Les trentaines de dossiers de dossiers de l’Ofnac, la fameuse liste que détenait en son temps le procureur spécial Alioune Ndaw et bien d’autres exemples ont fini de jeter un discrédit grave sur la Justice.
Or, sur ces questions, on ne saurait indexer tous les magistrats, notamment ceux qui rendent les jugements. Ils n’ont pas l’opportunité des poursuites parce qu’ils ne s’autosaisissent pas.
Evidemment, comme tout le monde ne comprend pas la complexité de l’organisation judiciaire, on peut comprendre que certains citoyens et même hauts cadres versent dans la généralisation et la stigmatisation.
Assane Samb