L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a estimé, vendredi, que le virus Ebola est très susceptible de se propager dans les pays voisins de la Guinée et que certains de ses voisins d’Afrique de l’Ouest n’étaient pas complètement préparés à l’éventualité d’une nouvelle épidémie.
Selon l’OMS, une récente évaluation sur l’état de préparation des pays voisins de la Guinée – le Sénégal, la Guinée-Bissau, le Mali, la Côte d’Ivoire, la Sierra Leone et Libéria – a révélé des lacunes. « La Guinée a six pays voisins, et nous avons procédé à une auto-évaluation de l’état de préparation », a déclaré Abdou Salam Gueye, Directeur des urgences du bureau régional de l’OMS pour l’Afrique lors d’une vidéoconférence organisée depuis Brazzaville (République du Congo).
« Deux des pays ne sont pas prêts, un pays est à la limite et trois pays sont plus ou moins prêts », a-t-il ajouté. Selon l’agence onusienne, l’impréparation de certains des pays voisins de Conakry se manifeste aussi dans la logistique pour la vaccination.
Les vaccins contre Ebola, comme ceux contre le coronavirus, requièrent un stockage en chaîne ultra-froide qui présente des défis logistiques.
Par ailleurs, les experts de l’OMS s’accordent sur la valeur ajoutée de l’expérience. Avoir déjà été confronté à des épidémies d’Ebola apporte « un avantage considérable aux autorités sanitaires ». « Il est important de tirer les leçons de ces épidémies », a déclaré le Dr Georges Alfred Ki-Zerbo, Représentant de l’OMS en Guinée, en évoquant la nécessité d’obtenir l’adhésion des communautés locales dans toutes les zones où des campagnes de vaccination sont prévues.
L’agence onusienne entend ainsi s’appuyer sur les capacités nationales. « Nous mettons en priorité l’engagement des communautés locales pour qu’elles s’approprient la réponse », a précisé le Dr Fall.
Avec 18 cas d’Ebola signalés dont 14 confirmés et quatre décès à ce jour, la Guinée, a lancé une campagne de vaccination. Plus de 1.600 personnes ont été vaccinées jusqu’à présent. Mais cette campagne de vaccination appelle à la prudence. « Là où nous lançons la campagne de vaccination à Gouecke, à quelques kilomètres de là se trouve le village de Wome. C’est là qu’une équipe de fonctionnaires et d’intervenants a été piégée et effectivement tuée lors de la dernière épidémie en 2015. Nous devons donc en tenir compte lorsque nous nous engageons auprès des communautés pour nous assurer que nous les écoutons », a détaillé le Dr Ki-Zerbo.
« Nous utilisons la vaccination en anneau », a poursuivi le Dr Ibrahima Socé Fall, en faisant référence à la stratégie qui consiste à inhiber la propagation d’une maladie, en ne vaccinant que les cas contacts et les personnes les plus susceptibles d’être infectées.
« Nous vaccinons les contacts des cas, les contacts des contacts, et leurs contacts. Grâce à cette stratégie, nous sommes en mesure de contrôler ce type d’épidémie. Mais nous allons avoir besoin de plus de vaccins », a-t-il ajouté.
Quelque 30.000 vaccins contre le virus Ebola sont actuellement disponibles pour la Guinée, sur un stock mondial d’un demi-million. Et si l’épidémie devrait s’étendre à d’autres pays, se posera l’équation de la disponibilité face à des stocks limités.
« Mais il faut souligner que nous n’avons pas encore assez de vaccins et le plaidoyer doit continuer pour la production de vaccins, comme Ebola, comme on l’a vu avec la Covid-19. Mais pas seulement pour Ebola Zaïre parce que nous avons des souches d’Ebola pour lesquelles nous n’avons pas de vaccin », a prévenu le Dr Fall.