Dans son rapport sur les élections de juillet, la Commission électorale nationale autonome (Cena) est revenu sur la question du parrainage pour y formuler de fortes recommandations. Il ressort ainsi de ce document que l’institution plaide pour une baisse du nombre de parrains, aux élections présidentielle et législatives, la suppression des doublons, le (re)versement des surplus dans le fichier général, la codification du principe du tirage au sort pour l’ordre de dépôt des parrainages et des candidatures.
Des recommandations fortes qui ont tenu en compte et ceci d’une façon efficiente, des difficultés rencontrées pour la mise en œuvre du parrainage. En effet, si on prend le nombre d’électeurs généralement inscrits, si chacun des partis politiques et des coalitions peut prendre le maximum de parrains va de soi que mathématiquement, il est impossible à la plupart des candidats, d’honorer les engagements ainsi exigés par la loi. Car, le système actuel favorise les coalitions qui déposent les premiers en cela que non seulement ils vont ramasser le maximum de parrains mais ils vont ainsi réduire considérablement les chances des autres à valider les leurs étant entendu la plupart de leurs parrains seront considérés comme des doublons.
Malheureusement, cela a coûté cher à de nombreux candidats qui ont dû renoncer un droit constitutionnel du fait des modalités d’une loi dont il fallait réexaminer forcément les modalités. La Cena est donc bien fondée à faire une recommandation qui doit impérativement être suivie d’effets. Car, il n’est pas concevable qu’en 2024, que les mêmes incohérences soient encore notées que lors des élections précédentes.
Bien sûr, il serait même préférables, pour certains, que le parrainage soit supprimé. Et complétement. Mais, faute de cela, le suivi des recommandations de la Cena pourrait aider les acteurs politiques à s’inscrire dans une dynamique de respect de l’esprit et de la lettre de la constitution à propos des droits pour chaque sénégalais de briguer les suffrages de ses concitoyens.
Mieux, cela pourrait aider à apaiser les tensions pré et post-électorales et à rendre le jeu beaucoup plus équitable pour tous. En clair, il faut certes un filtre, mais ce dernier doit contribuer à la transparence du scrutin, à l’égalité des candidats devant la loi, etc. Mais, accepter de voir s’imposer des bousculades pour déposer le premier et hisser la barre trop hautes en termes de nombre de parrains, c’est fausser le jeu avant la lettre.
En clair, il ne faudrait pas que ce passionnant débat sur la troisième candidature viennent ainsi obstruer un autre, tout aussi important, qui sera forcément source de tensions si rien n’est fait.
Assane Samb