Ebola a fait sa réapparition en Guinée depuis le début de l’année 2021. En si peu de temps, 23 cas ont été signalés, dont cinq décès dans la région de Nzérékoré dans le sud du pays. Dans cette guinée forestière prés frontières du Liberia et de la Cote d’ivoire, le village de Kpaghalaye résiste aux interventions de la riposte, l’équipe chargée de lutter contre l’épidémie. Ils ne peuvent plus y rentrer depuis le début du mois. Les femmes les plus âgées s’y opposent. Elle ont revêtu la pagne dans lequel elles initient traditionnellement les jeunes filles, ce qui est censé imposer le respect.
Depuis le début du mois, les femmes âgées de Kpaghalaye barrent l’entrée du village aux équipes médicales, pourtant chargées d’identifier les cas Ebola et de vacciner la population installé à quelques kilomètres de là, pou aller aider le centre de recherche et de l’information en infectiologie de Guinée, l’anthropologue Fréderic Le Macis estime que le traumatismes lies à l’épidémie précédente sont encore dans l’esprits: « il faut se rappeler que pendant Ebola dans la première épidémie, 70% des personnes prises en charge dans les centres de traitement sont décédés. Et cette situation qui était relative à l’absence de traitement efficace suscitait à l’époque auprès de la population un sentiment de peur et d’angoisse assimilant la réponse thérapeutique en fait à une volonté déguisée d’exterminer la population ».
« En plus de cela dans la même région où se trouve l’épidémie aujourd’hui se situe le village de Womey où en 2014 une délégation venue faire de la prévention a été assassinée, coupée en morceaux et jetée dans les toilettes du village » rappelle Fréderic Le Macis. Cet évènement est resté au cœur de la mémoire de la population et de la riposte. La méfiance réciproque explique les erreurs de communication de la Riposte. Lorsque le premier cas d’Ebola est apparu à Kpaghalaye, la personne a été amenée au centre de traitement des Epidémie (CT-Epi) sans qu’on informe les autres villageois qu’aujourd’hui refusent toute intervention dont la vaccination. Ce qui ne veut pas dire, estime l’anthropologue, que cette résistance va durer éternellement.