Les sénégalais ont découvert, avec beaucoup d’amertume certainement, la seconde vidéo postée sur le net et qui compromet gravement le Y’en a mariste Kilifeu. L’homme y reçoit de l’argent, parle de visas à octroyer à des gens et même de visas diplomatiques à monnayer, entre autres sujets…
Il lui sera alors désormais très difficile de se justifier cette fois-ci. Manifestement, il a été piégé par un ‘’ami’’ en qui il plaçait beaucoup de confiance.
La situation est grave parce que mettant en avant des faits qui peuvent être constitutifs de plusieurs délits comme la diffusion de données personnelles, l’homme ayant été filmé à son insu, le faux et l’usage de faux, trafics de documents, escroquerie, etc. Là-dessus, c’est au Procureur d’en décider.
Mais, fondamentalement, l’histoire a eu le mérite de montrer qu’il est difficile d’être un donneur de leçons. Car, les stations de détenteur du pouvoir, d’opposant, de membre de la société civile et de simple lanceur d’alerte vous procurent un statut qui n’est pas ordinaire. L’individu voit souvent sa situation changer du jour au lendemain. Il devient une personnalité publique à l’image de beaucoup de journalistes que leur profession impulse à des niveaux de popularité insoupçonnés.
Alors, une fois devenu populaire, on a du mal à s’abstenir de ne pas toucher à ‘’l’arbre interdit’’, comme Adam dans son histoire avec Eve. Car, la tendance est grande de profiter de son nouveau statut à des fins personnelles. Au début, c’est souvent pour aider et après, on y prend goût surtout lorsque l’on prend conscience du fait que cela peut procurer beaucoup d’argent et des avantages.
Or, ce que toutes ces personnes ne doivent pas perdre de vue, c’est que les adversaires d’en face ne dorment pas sur leurs lauriers et qu’ils vont exploiter toutes les situations, toutes les informations et qu’ils détiennent sur votre compte parce que vous les empêchez de tourner en rond.
Et les vices ici, tournent autour de l’argent et de la femme. C’est pourquoi, cette année, on a connu la ‘’chute’’ de fortes personnalités qui, pourtant, avaient beaucoup séduit. Kilifeu est exactement dans ce lot. Il lui sera difficile de trouver la parade pour rebondir étant entendu que, comme pour Lat Dior face aux colons, il a été trahi par un proche. Car, manifestement, les batailles politiques et civiques ont cela de commun avec celles qui se mènent sur le terrain de la géopolitique entre Etat : chacun a en ligne de mire la réalisation de ses intérêts laquelle ne peut être parfaite que par la domestication ou l’anéantissement de l’autre. Et comme nous avons tous quelque chose à cacher, autant se taire ou ne pas être découvert. Parce que si on l’est, c’est la catastrophe.
Machiavel écrivait aux Princes que vous pouvez draguer vos secrétaires, mais évitez que cela se sache, parce que si jamais c’était connu de tous, cela pourrait précipiter votre chute.
C’est pareil pour tous. Il y a longtemps que l’on a compris que politiques, membres de la société civile et journalistes profitaient largement de leurs engagements. Et que, comme le disaient Sartre, ‘’on a forcément les mains sales’’.
Alors, l’idéal, c’est de mener des actions d’une façon totalement désintéressé. Mais, peu y parviennent. La plupart pactise avec le diable. C’est valable pour les politiques et pour tous les autres. Car, le logement, les voitures, les factures et autres coûtent de l’argent. Et peu de gens ne sont pas tentés à se mouiller.
Bien sûr, cela n’est pas une justification à la tortuosité. Encore moins une excuse. Si l’excuse de la tentation était recevable, il n’y aurait point de pêché encore moins d’infraction. Mais, c’est parce que nous donnons des leçons aux autres, que l’on doit être exigeant envers nous-mêmes en évitant toute forme de compromission.
Car, aujourd’hui, c’est le sénégalais lambda qui se trouve dans une perplexité parce qu’il découvre, brutalement, qu’il n’y a pas de différence entre ceux qui crient au voleur et ceux qui volent. Car, il faut avoir un esprit supérieur à la moyenne pour ne pas être ébranlé par le caractère brutal de ces types de révélations.
Assane Samb