L’année 2022 a été marquée par un climat social qui a été en ébullition. La colère a été bien montée dans plusieurs secteurs. Des grincements de dents rappelant le malaise profond dans lequel se trouvaient les travailleurs de tous les secteurs confondus.
C’est dans ce contexte marqué par la multiplication des mouvements de protestations répétés, des série de meurtres, une violence sans précédent et le phénomène des inondations qui reflétaient la tension difficile à apaiser en ligne de mire la flambée des prix des denrées de première consommation que le Président Macky Sall avait annoncé une baisse du coût du loyer ainsi que des prix de denrées pour soulager les ménages confrontés à une inflation galopante. En 2022, le tissu social est disloqué, le climat social en ébullition. L’année qui s’achève, est marquée par la multiplication des grognes et autres revendications de plusieurs secteurs d’activités qui sont paralysés à cause de la colère des travailleurs qui n’ont cessé de protester pour signaler les incommodités profondes qu’ils vivent.
Du secteur public, au secteur privé, en passant le secteur primaire et tertiaire, des grincements de dents sont audibles partout. Il suffisait d’un coup d’œil pour voir les mouvements de protestation qui mettent en lumière les difficultés dans certaines structures d’où la paralysie régulière des activités.
Les travailleurs du Groupe la Poste
Le mécontentement des travailleurs du Groupe la Poste, reflète bien cette tension qui était à un moment difficile à apaiser en ces temps d’envolée de prix des produits de consommation. Chez ces agents du Groupe La Poste, la mobilisation ne faiblit pas pendant longtemps, pour dénoncer la mauvaise gestion de la société nationale. Le 11 octobre, alors qu’ils protestent devant les locaux de la direction générale de La Poste, contre les arriérés de salaire et la non-disponibilité des avances d’ouverture scolaire, les travailleurs ont été l’objet de tirs de grenades lacrymogènes par la Police appelée à disperser leur sit-in.
C’est ainsi qu’une vive tension a régné aux abords pendant plusieurs heures et des barricades de pneus ont été érigées pour empêcher la mobilité des automobilistes et des passants. Au cœur des revendications, on avait le paiement de leurs salaires et pensions. A travers ce sit-in, les agents s’insurgent aussi contre la suppression des acquis, entre autres pour marquer la fin de la récréation et décréter la rébellion des postiers face au silence coupable de l’Etat.
Le secteur primaire
L’autre secteur en ébullition, c’est celui du primaire, avec les syndicats (Syntras, Sytrapas et Snte) qui se sont beaucoup signalés. L’intersyndicale des travailleurs de la pêche, de l’agriculture et de l’élevage avait décrété début octobre, des mouvements d’humeur pour exiger le paiement de leur prime interne avec la tenue d’une marche nationale le 14 octobre à Dakar.
Les travailleurs avaient annoncé ainsi la suspension des inspections du week-end au Port, à l’aéroport, dans les quais de pêche, la rétention des informations administratives, le boycott des examens et concours des Centres de formation technique.
L’intersyndicale des Collectivités territoriales et l’Alliance And Gueusseum
Le 19 septembre, l’intersyndicale des Collectivités territoriales et l’Alliance And Gueusseum adopte une nouvelle conduite, une grève sans limite jusqu’à satisfaction de leurs revendications. Ainsi, les deux parties décident de démarrer par des grèves illimitées sur toute l’étendue du territoire national.
Conséquence, aucun acte administratif, comme les bulletins et extraits de naissances, les permis d’inhumation, n’est délivré par les agents dans les Collectivités territoriales. Il s’y ajoute que des cimetières ont failli être fermés à cause de ces grèves.
Pour l’intersyndicale des Collectivités locales et l’Alliance And Gueusseum, il s’agissait « d’exiger du gouvernement le respect des droits des travailleurs de la santé, des administratifs des Collectivités territoriales ainsi que ceux des contractuels, en ce qui touche notamment les accords signés avec le gouvernement et les instructions données par le chef de l’Etat pour revaloriser les salaires de l’administration publique sénégalaise ». La coalition a même, déposé, un autre préavis de grève qui couvre la période allant du 02 janvier au 30 juin 2023.
Série de meurtres, une violence sans précédent
L’année 2022 a aussi été tristement marquée par une série de meurtres, une violence sans précédent qui a attristé tout un peuple. L’espace universitaire a été durement secoué. En mars 2022, l’étudiante à l’université Gaston Berger de Saint-Louis, Seynabou Ka Diallo, est retrouvée morte au village de Ndiawdoun, à 5 km de ce temple du savoir, tuée par son petit copain, pour une histoire de grossesse.
L’autre cas de meurtre qui a aussi suscité l’ire des populations, c’est la mort de la jeune Ndèye Diop. Âgée de 15 ans, cette ressortissante de Touba est morte, assassinée par son amant A. Mbacké, en juillet dernier, dans la ville sainte. Une idylle qui a vite viré au désamour.
S’en suivi le meurtre de la dame Fatou Kiné Gaye dans sa boutique à Pikine, a aussi ému. La gérante a été retrouvée morte dans son lieu de travail, en mai dernier. La jeune femme a été assassinée par son superviseur. Elle a reçu 37 coups de couteau. Une tragique histoire qui prenait racine dans un versement suspect.
Le phénomène des inondations
S’il y a aussi un fait qui a marqué l’année 2022 au Sénégal, c’est bien le phénomène des inondations qui ont frappé le pays, surtout Dakar et sa banlieue. Des orages ont une nouvelle fois frappé la capitale, le sud et le centre du pays, le lundi 5 septembre 2022. Les pluies diluviennes avaient fait officiellement trois morts. Elles avaient provoqué aussi des inondations, des dégâts matériels et des perturbations sur les routes. Un phénomène lié au « dérèglement climatique », avec plus de 126 mm de pluie tombés dans la capitale, le Plan national d’organisation des secours (Orsec) a été encore déclenché le même jour, sur instruction du chef de l’État Macky Sall.
La flambée des prix des denrées
Ces crises répétées reflétaient. Il faut le dire la tension difficile à apaiser avec la flambée des prix des denrées de première nécessité. Le président Macky Sall avait annoncé le 6 novembre une baisse du loyer, en hausse de plus de 200% et les prix des denrées alimentaires.
C’est même dans ce contexte que le chef de l’Etat avait lancé une journée de concertation nationale sur la vie chère et l’amélioration du pouvoir d’achat des ménages. Onze mesures sont issues de ces assises, notamment la baisse du prix du riz, du sucre, de l’huile, du loyer. La mesure présidentielle vise à soulager les Sénégalais confrontés ces derniers temps à la hausse des produits de première nécessité et des autres services de base.
Aussitôt annoncées, ces mesures alimentaient déjà les débats dans les rues et marchés. Pour la plupart des sénégalais, ces mesures viennent à point nommé même s’ils doutent de leur efficacité.
L’année qui s’écoule marquera aussi longtemps les populations qui n’ont pas toujours fini d’exprimer leur désarroi.
MADA NDIAYE