Face à l’épidémie de fièvre de la Vallée du Rift (FVR) qui touche le Sénégal, l’Organisation mondiale de la Santé joue un rôle central dans la coordination et l’appui à la réponse nationale. Pour mieux comprendre les enjeux de cette riposte et les actions menées sur le terrain, entretien avec le Dr Hilde F. Okou-Bisso, Incident Manager de l’OMS pour cette urgence sanitaire.
Médecin spécialisé dans la préparation et la réponse aux urgences de santé publique, le Dr Okou-Bisso exerce comme Emergency Officer au Bureau de l’OMS au Sénégal. Dans le cadre de l’épidémie actuelle de fièvre de la Vallée du Rift, il assure la fonction de Gestionnaire d’Incident, avec pour mission de coordonner l’ensemble des actions de l’OMS au quotidien. À ce titre, il est responsable de la planification, de la mise en œuvre et du suivi des opérations de riposte, en lien étroit avec les autorités sanitaires nationales et les partenaires techniques et financiers.
Dès l’apparition des premiers cas, l’OMS s’est inscrite dans le dispositif national de réponse, en appui au ministère de la Santé et de l’Hygiène publique. L’organisation a pris part aux mécanismes de coordination, participé aux instances nationales de gestion des épidémies et conduit, aux côtés des autres acteurs, des missions conjointes sur le terrain. Cet accompagnement s’est appuyé sur une analyse quotidienne de la situation épidémiologique, la production régulière de bulletins et le renforcement des capacités des épidémiologistes et des professionnels de santé, notamment sur la définition des cas et la prise en charge médicale.
La réponse s’est également traduite par un appui concret aux structures de santé. Grâce à son hub des urgences, l’OMS a acheminé plus de 850 kg de matériel médical au Centre des opérations d’urgences de santé, permettant de soutenir la prise en charge de milliers de patients sur plusieurs mois. Cet effort logistique a été complété par la mise à disposition d’ambulances médicalisées, d’équipements essentiels tels que des concentrateurs d’oxygène et des oxymètres, ainsi que de médicaments destinés au traitement des formes simples et sévères de la maladie.
Dans un contexte marqué par le caractère zoonotique de la fièvre de la Vallée du Rift, la riposte a reposé sur une approche multisectorielle. Le Dr Okou-Bisso souligne l’importance de la collaboration entre les secteurs de la santé humaine, animale et environnementale, conformément à l’approche « Une seule santé ». Le partage régulier d’informations et la coordination des actions ont permis de renforcer la surveillance, d’orienter les interventions dans les zones à risque et d’agir de manière cohérente face à une maladie étroitement liée aux dynamiques environnementales et aux mouvements de transhumance.
La communication sur les risques et l’engagement communautaire ont constitué un autre pilier essentiel de la réponse. Très tôt, l’OMS a appuyé les autorités sanitaires pour travailler avec les communautés, convaincue que l’adhésion des populations est déterminante pour freiner la propagation de la maladie. En collaboration avec le Service national d’éducation et de l’information sanitaire et sociale, des actions ont été menées pour adapter les messages aux réalités locales, diffuser des informations fiables en langues nationales et lutter contre la désinformation. Radios communautaires, leaders religieux et communautaires, caravanes de sensibilisation et outils audiovisuels ont été mobilisés afin de promouvoir des comportements protecteurs et renforcer la confiance.
La prévention et le contrôle des infections ont également fait l’objet d’une attention particulière. L’OMS a soutenu les structures de santé par la fourniture d’équipements de protection individuelle et par des formations visant à améliorer la sécurité du personnel de santé et la gestion des déchets biomédicaux, réduisant ainsi les risques de transmission au sein des établissements.
Aujourd’hui, alors que la situation épidémiologique montre des signes d’amélioration, la vigilance reste de mise. Pour le Dr Okou-Bisso, il est essentiel de maintenir une surveillance étroite des zones à risque, de poursuivre les actions dans les régions affectées et de renforcer la préparation dans celles qui ne le sont pas encore. Au-delà de la gestion de l’épidémie actuelle, il insiste sur la nécessité de capitaliser sur les enseignements tirés de cette riposte afin d’anticiper plus efficacement les futures urgences sanitaires.
En conclusion, le Dr Okou-Bisso réaffirme l’engagement constant de l’OMS aux côtés du gouvernement sénégalais. Une collaboration fondée sur la solidarité, l’expertise technique et la coordination multisectorielle, au service de la protection des populations et du renforcement durable du système de santé face aux menaces épidémiques.
Ngoya Ndiaye
Rewmi.com L'Equilibre notre Crédo