Gora Khouma
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GORA KHOUMA, SG DE L’UNION DES ROUTIERS DU SENEGAL AFFILIEE A LA CNTS: « Même si on tue tous les chauffeurs, il y aura toujours des accidents …»

L’accident survenu dans la nuit du samedi 7 au dimanche 8 janvier dans le village de Sikilo à Kaffrine a fait une quarantaine de victimes, un drame jamais égalé dans l’histoire du Sénégal. Ainsi, la première réaction du président de la République fut de décréter un deuil national de 3 jours. Cette tragédie est le résultat d’une collision entre deux bus de transports en commun dont l’un, après avoir subi une crevaison de pneu, a percuté violemment l’autre qui roulait en sens inverse. 

Le fléau des accidents de la route au Sénégal a atteint son paroxysme avec ce bilan officiel de 39 morts et de plusieurs blessés, Gora Khouma défend les transporteurs et accuse l’Etat d’être responsable. « L’accident de Kaffrine nous a donné un poids, on perd même les mots pour s’exprimer. Nous devons tirer les conclusions, les renseignements et chacun doit assumer sa responsabilité. La cible ne peut pas se focaliser uniquement sur le chauffeur, c’est une chaîne. Qui donne les permis de conduire ? Ce n’est pas le Syndicat, ce n’est pas Gora Khouma qui donne les permis de conduire et la délivrance de ces permis, on le sait très bien, ce n’est pas du tout normal ; tu as de l’argent, tu as ton permis, tu n’as pas d’argent, tu n’as pas de permis. Qui donne la visite technique ? Des véhicules ‘’cercueils’’ roulants  sont détenteurs de visite technique livrée par l’administration ; ce n’est pas le Syndicat et ce n’est pas non plus Gora Khouma. Qui contrôle le véhicule sur la route ? Qui gère la circulation ? C’est des personnes, des Sénégalais qui sont responsables. Est-ce raisonnable ? Je ne peux pas avoir une assurance de 60 places et dans mon véhicule il n’y a que 45 places, ça je ne le fais pas. Il faut que je trouve des moyens pour avoir 60 places. Ça c’est une faute, il ne devrait pas se passer comme ça. C’est une faute imputable à l’Etat, car si je ne devais pas mettre des bancs de ‘’Versailles’’ et que j’en mets, je ne devais pas avoir la visite technique, mais aussi je ne dois pas payer une assurance de 60 places, donc l’assurance doit tenir compte des places qui sont disponibles dans le véhicule », indique le Secrétaire Général de l’Union des Routiers du Sénégal.

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Le transport en commun, étant une chaîne, implique à la fois acteurs routiers et beaucoup de mécanismes techniques et matériels, l’état des routes et surtout celui des véhicules ainsi que l’heure du voyage. Cependant, Gora Khouma est contre l’interdiction du transport nocturne et opte pour une réhabilitation des routes en format 3 fois 2 voies : « Ce qui s’est passé est déjà fait mais en tous cas, moi je ne suis pas pour ceux qui disent que le transport de nuit doit être arrêté, je ne suis pas d’accord. Je donne un exemple : si les véhicules sont au nombre de 150 et il y a 50 qui roulent la nuit et 10 qui roulent le jour, et vous éliminez les 50 de la nuit, le matin il y aura 150 qui vont se retrouver dans la circulation et ça ne règlera absolument rien. Ce que je propose et je l’ai toujours dit : le concessionnaire n’a jamais mis de ‘’porte-bagages’’, c’est arrivé au Sénégal qu’on met ça, il ne met pas non plus de ‘’Versailles’’, c’est ici au Sénégal qu’on met ça encore. Pourquoi on met les ‘’Versailles’’ ?

C’est juste l’assurance, vous avez un bus ; il faut une assurance de 60 places et que les places sans ‘’Versailles’’ n’atteignent pas le nombre, donc c’est le transporteur qui doit trouver un moyen pour combler ce gap. Depuis 1972 jusqu’à nos jours, le dimensionnement des routes c’est toujours 6 mètres 50. Et regardez la route de Dakar jusqu’à Kidira ou de Tamba, c’est 6 mètres 50 aller, il n’y a pas de retour, le retour c’est 6 mètres 50, il n’y a que deux voies : aller et retour. L’Etat devait construire des routes de Deux fois Deux Voies ou bien au moins qu’il mette des routes de Trois Voies, qu’il y ait des dépassements, mais la route c’est 6 mètres 50 aller et c’est à corriger », explique M. Khouma.

Par ailleurs, le Secrétaire Général de l’Union des routiers du Sénégal affiliée à la CNTS, évoque la tranche d’âge pour le permis de conduire et prend de nouveau la défense de ses pairs. « Il y a des détenteurs de permis qui ne savent pas conduire et des chauffeurs qui n’ont pas de responsabilité, ce n’est pas un problème d’âge, moi je ne suis pas d’accord pour qu’ils soulèvent le problème d’âge, il y a des vieux qui ne sont pas responsables et autant il y en a des jeunes qui sont responsables. Ça c’est le bon comportement qu’on leur souhaite, et le bon comportement n’est pas affiché aux jeunes ou aux vieux, donc pour le comportement ; il ne dépend pas de l’âge puisque pour avoir le permis  de transport en commun, il faut 25 ans, pour le poids lourd c’est 23 ans donc cela suffit et on ne peut pas continuer à rester jusqu’à 35 ou 40 ans pour avoir un permis pour conduire et nourrir la famille.

La responsabilité encore une fois ce n’est pas un problème d’âge. Nous souhaitons que les services de contrôle puissent jouer le jeu et encourager ceux qui sont corrects. Malheureusement, pour certains journalistes et pour certains gens du sens commun, la seule cible c’est le conducteur, je suis désolé, mais si on se focalise uniquement sur lui, c’est une erreur, même si on tue tous les conducteurs, il y aura toujours des accidents. Il faut élargir les routes et surtout entre Dakar et Kidira », préconise-t-il.

 

Mamadou SOW  (Stagiaire)

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