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« Tiak-Tiak » et charretiers dictent leur loi

Le quotidien de milliers d’usagers a été perturbé hier. Un réveil difficile pour ceux devant prendre taxi ou bus Tata. Hier, ce fut l’heure de gloire pour les « Tiak Tiak » et les charretiers qui se sont substitués aux transporteurs. Ce fut une matinée galère. 

Une attente qui dure de 5h du matin à 8h. Impossible pour des usagers de trouver un véhicule pour se rendre au travail. Des arrêts bondés de monde, d’autres ont fini par rebrousser chemin. La grève des transporteurs a eu des effets néfastes. Bref, une matinée galère pour des milliers de personnes.

Au niveau de la gare des baux maraîchers de Pikine, pas l’ombre d’un chauffeur. Un décor aux allures d’une ville fantôme. Des bus ganila, des mini cars et autres Ndiaga Ndiaye sont tous garés. Quelques taxis « 7 places » stationnés ça et là. Des bus vides. Les coxeurs broient du noir. Seuls les apprentis se retrouvent le temps de boire du temps. Des voyageurs qui n’étaient pas au courant ont perdu le nord. C’est le cas pour le Vieux Aw devant se rendre à Ndioum pour un baptême. « Ah bon ! Je n’étais pas au courant de cette grève. Ce sera un coup dur car c’est un proche parent qui baptise son fils », se désole-t-il. Quelques instants d’hésitation, ce dernier laisse éclater sa colère : « Ce n’est pas normal que les gens en pâtissent. C’est une honte pour ce pays. Vraiment ce n’est pas sérieux. »  A quelques mètres, une autre personne semble avoir perdu le nord. Décidé à aller rejoindre sa destination pour une urgence, Ousmane reste bouche bée. « Mais que faire ? Des citoyens qui en paient le prix fort. Depuis des années, cette situation est loin de connaître un dénouement » regrette-t-il. Se déplacer est devenu très difficile dans la banlieue. Les élèves, les commerçants et autres bana bana n’ont pas voulu témoigner une fois interpellés sur la question.

A Keur Massar, de bonnes volontés viennent en aide aux usagers gratuitement. Là, il faut user de toutes ses forces pour espérer avoir une place. Des femmes en relations conflictuelles avec les hommes , chacun rouspète. « Ce n’est pas galant », tance Ndeye Fatou. Daba Diop est obligée de filmer la scène pour convaincre son patron des difficultés. « Je suis obligée de le faire et ce sera une preuve pour qu’il sache que la grève est bien réelle. Depuis 5h du matin, je suis debout. Pas de bus ni de car rapide. Il faut 500 frs pour aller au croisement, là où on devait payer 150 fes », dit-elle. D’autres attendent sagement l’arrivée du bus Dakar dem dikk. La ligne devant arriver est bondée. Un bus qui ne s’arrêta pas. Désolés, Pape et ses camarades rentrent chez eux. « Mais c’est la seule solution. Des prix  qui passent du simple au double. Dans un contexte pareil, il vaut mieux retourner sur ses pas.  Nous ne pouvons pas payer 2000 F pour aller à l’université », renchérit Baye. Pour Aw, chef de gare,  les chauffeurs ne gagnent plus rien. Et c’est difficile. « Les tracasseries routières restent une problématique pour ces milliers de chauffeurs qui courent dans tous les sens. Les choses ne marchent plus pour les chauffeurs et ces difficultés auxquelles ils font face doivent être réglées », témoigne Aw.

La bonne affaire des « Tiak Tiak » et des charretiers 

Le malheur des uns fait le bonheur des autres.  Si les usagers peinent à trouver des véhicules, les conducteurs de « TiakTiak » se sont bien frotté les mains. Ces derniers se sont substitués aux bus et autres car Tata. C’est le cas dans les croisements et autres arrêts de bus de car Tata. Des jeunes qui proposent leurs services mais cette fois-ci, il faudra débourser plus. Pour aller à Dakar, il faut 4000 Fcfa.  Une chose qu’acceptent des usagers.  Un système paralysé, selon les populations rencontrées. Du côté des conducteurs de Tiak Tiak, cette grève arrive au bon moment.  Des prix augmentés  à leur guise. « C’est mon 4ième voyage depuis ce matin. Je peux dire que c’est vraiment notre période avec cette grève des transporteurs », témoigne un jeune sous couvert de l’anonymat. Même son de cloche pour son ami qui, très pressé de rallier Pikine, ne perd pas de temps. Ici, il  faut casquer soit 2000 pour Tally boumack ou 2500 F, là où il fallait juste payer 500 Fcfa. A Pikine, ils font la pluie et le beau temps. « Je propose 10 000 pour aller à Thiès.  Pour Diamniadio, il faut 4000 Fcfa », reconnaît Tapha, un conducteur. Dans ce tohu bohu, les charretiers aussi ne sont pas en reste. Au Croisement Béthio, des femmes s’organisent pour en prendre. De là au Croisement Case bi, il faut 500 Fcfa, d’autres proposent 400 Fcfa. « Oui nous aidons les gens à se déplacer et ce sont les conséquences de la grève », fait remarquer Faye, un charretier.

14 syndicats en grève de 48h. Des milliers de personnes ont  décidé de ne pas se déplacer aujourd’hui, si des solutions ne sont pas trouvées.


 

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