Tels des soldats blessés, les banlieusards tentent de panser leurs plaies des fortes pluies enregistrées dans la nuit du samedi au dimanche. Le réveil a été difficile pour les « damnés de l’eau ».
Cheikh Issa Sall, le Dg de l’Adm, l’avait dit : « Il n’y aura pas d’inondations cette année. » C’était dans les colonnes de Rewmi du 18 juin lors d’une visite de chantier avec des confrères de la banlieue. Une assertion qui est vite battue en brèche suite aux fortes pluies enregistrées. A preuve, les populations de Keur Massar et environs pataugent, d’autres fuient la zone.
Dakar a été arrosée par les pluies diluviennes. Plus de 34,6 mm. Dans certaines localités de la banlieue, des familles étaient obligées de patauger afin de regagner l’autre côté de la route. Dès lors, cuisiner a été difficile du fait d’un manque d’espace. Dans la commune de Keur Massar, en particulier à la Cité Sotrac, le réveil a été difficile, selon les riverains.
Camille Basse, Unités 3, 25, 15, El Hadj Pathé sous les eaux
Au niveau de la cité Camille Basse, El Hadj Pathé Parcelles Assainies Unités 3, 25, 15, Cité Enda, Serigne Mansour Sy, les choses ne sont guère reluisantes. Selon le coordonnateur des délégués de quartier El Hadj Daouda Mbaye, l’année dernière, les populations avaient perdu tous leurs biens. « On espérait vraiment qu’avec le démarrage des travaux et les milliards enregistrés, nos soucis seraient aux oubliettes, mais c’est dommage car le programme a été mal exécuté. Les pompes et les tuyaux sont en manque, car l’Adm nous avait promis des moyens que nous peinons à avoir », témoigne le coordonnateur. Très en colère, il fera savoir que « les canalisations ne sont pas connectées. La création de la tranchée qui sépare la route des Unités 4 et 3 est fustigée car toutes les eaux y passent et l’école publique et le terrain de football sont inondés. Il faut des mesures urgentes. » Notre interlocuteur attire l’attention des autorités sur le danger qui guette les populations avec un trou béant devant recevoir une pompe submersible et qui est littéralement à la merci des eaux. « Depuis le 15 juin, l’Etat avait promis que les choses iraient pour le mieux avec les chantiers annoncés. Aujourd’hui vous avez vu l’état de nos maisons », dénoncent les populations. Pressées de quitter les lieux, nombreuses sont celles qui sont à la recherche d’appartements ou d’espaces habitables. « Les eaux de l’an dernier sont toujours là et les maisons sont inondées. C’est invivable », décrie-t-on. Des dames n’ont pas caché leur colère, déplorant vivre depuis des années, dans l’indifférence des autorités qui vont encore rivaliser de promesses.
Yeumbeul, Ben Barack, Mbao sur le qui-vive
A Yeumbeul, les populations ont eu la gueule de bois du fait d’une nuit agitée à cause des fortes pluies. Au quartier Lansar, à Tableau Tivaouane, près d’une dizaine de maisons sont sous les eaux. « Nous avons passé la nuit à évacuer l’eau. Chaque année, c’est le même sort qui nous attend », indique notre interlocuteur. Des matelas au dehors, des vêtements étalés par terre. Que de stigmates qui laissent deviner le calvaire de ces derniers jours. Des populations ont interpellé les autorités sur la somme injectée dans la lutte contre les inondations. « L’on nous parle de plusieurs milliards, où est passé cet argent au moment où nous souffrons au quotidien ? »
A Ben Barack, Louis Gomis, un acteur de lutte contre les inondations alerte sur le danger avec le lac Wourouwaye qui risque de déborder si rien n’est fait. « Ce sont les travaux de la Vdn 3 qui ont impacté le réseau de drainage des eaux vers l’océan. Depuis lors, rien », dit-il.
Le transport perturbé
Dans ce lot de mécontents, les chauffeurs ne sont pas mieux lotis. Du Croisement Case-bi au Rond-point de Cambérène, ce fut un véritable parcours du combattant. Un embouteillage monstre dont les seuls perdants ont été les usagers. « Je suis là depuis des heures, je n’arrive pas à bouger mon véhicule », indique un conducteur. Le plus souvent, les coups de klaxons intempestifs manifestent le mécontentement.
Une activité pluvieuse jusqu’au jeudi
Dakar a été bien arrosée. Près de 34,6 mm à Dakar et 71,6 mm à Thiès, pour des pluies qui vont se poursuivre jusqu’à jeudi. Les populations pataugent déjà et le ciel ne sera pas clément, jusqu’à jeudi, selon l’agence de la météorologie. A en croire Alpha Diallo, à travers la Rfm, cette tendance sera maintenue. « Il y a des pluies certes, mais dans certaines zones, ce sont des traces comme à Mbour, à Louga », dit-il. Dans certaines régions ce sont des traces, mais les conditions seront favorables et la situation sera pluvieuse avec plusieurs activités.
Momar CISSE