Dakar et beaucoup de villes ainsi que certaines localités de l’intérieur du pays pataugent dans les eaux. Les fortes pluies de ce week-end qui se poursuivent actuellement ont fini d’inonder de nombreux quartiers et ruelles au grand dam des familles et des automobilistes qui sont justement submergés par une réalité qu’ils croyaient derrière eux.
Et si cette tendance se poursuivait, beaucoup de plus de ménages allaient en pâtir. La situation pourrait être beaucoup plus catastrophique qu’on ne le pense.
Une situation qui n’a cependant rien de surprenant. Contrairement à une vraie catastrophe naturelle qui survient de façon brutale et inattendue, les autorités étatiques étaient alertées depuis ce mois d’avril sur les fortes pluies attendues et ‘’le très fort risque d’inondation’’ subséquent.
Les experts de l’Agence nationale de l’Aviation civile et de la Météorologie (ANACIM) et du Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS) avaient, au cours de leur rencontre annuelle qui s’est tenue au mois d’avril, alerté sur une pluviométrie qui sera abondante cette année et ‘’le fort risque d’inondations’’.
Alors, il fallait anticiper et se préparer en conséquence.
Malheureusement, du fait peut-être de l’effet de la Covid-19 qui a focalisé toutes les attentions, aucun débat sur la question n’a été enregistré. Et le Sénégal est entré dans l’hivernage en concentrant ses efforts sur la pandémie.
Bien sûr, un plan était en cours lequel devrait courir jusqu’en 2022. Et le plus étonnant, c’est que ce sont 750 milliards qui ont été mobilisés pour des résultats plus qu’insuffisants.
Le Programme Décennal de Gestion des Inondations (PDGI), mis sur pied pour la période 2012-2022 devrait, à terme, venir à bout de ce phénomène.
D’ailleurs, il est étonnant que selon certaines sources, le Sénégal en est à plus de 64% d’exécution financière et à 84% d’exécution technique. Des chiffres qui peuvent étonner si l’on en juge par la réalité du terrain. Notre pays est loin de sortir des eaux et les inondations sont réapparues surtout dans la banlieue de Dakar.
La preuve, le président Sall aurait demandé un rapport sur l’état d’exécution des finances lié à la matérialisation de ce plan. Et le Ministre Serigne Mbaye Thiam devrait s’exécuter incessamment.
En tout état de cause, gouverner, c’est prévoir. Et apparemment, encore une fois, l’anticipation nécessaire n’a pas été observée pour prendre les devants.
Bien sûr, la situation est plus que compliquée pour certaines localités où les populations vivent dans des zones non-aedificandi.
C’est pourquoi, il faudra aussi des solution structurelles de fond comme le Plan Jaxaay au temps de l’ancien Président Wade qui avait permis la délocalisation de certaines populations et leur réinstallation dans d’autres sites.
Il fallait poursuivre cette expérience heureuse après en avoir fait le bilan et tiré toutes les leçons pour ne pas répéter les mêmes erreurs.
A ce propos, les pôles urbains de Diamnadio et du Lac Rose qui sont tout près de Dakar pourraient permettre de réussir ces opérations.
Mieux, en mettant en plan le programme des 100 milles logements, l’Etat devrait penser aux sinistrés des inondations avec des facilitations qu’ils seront les seuls à avoir.
Malheureusement, Dakar est toujours engorgée ; elle étouffe même. Et aucune solution viable ne saurait être mise en œuvre si l’on ne tient pas compte de cette nécessité de décentraliser la capitale en créant, pourquoi pas, une capitale administrative à Thiès, Diourbel ou ailleurs.
Et ce n’est pas tout. Du fait que les pluies pourraient continuer à tomber jusqu’en fin octobre et début novembre, selon les prévisions, les récoltes pourraient être largement affectées ce qui aurait un impact négatif sur les rendements. Car, les cultures arrivant à la phase de récoltes, si celles-ci s’exécutent en plein hivernage, cela aurait forcément des répercussions négatives sur le rendement.
D’ailleurs, cette situation s’observe déjà pour ce qui concerne certains champs de riz de la Vallée où on a entendu les agriculteurs tirer la sonnette d’alarme.
En clair, après la Covid-19, le Sénégal devra faire face à un autre péril, les inondations. Et nous ne sommes pas sûrs qu’il y ait assez de moyens pour faire face.
Assane Samb