Insécurité au Sénégal : Ce nouveau profil de délinquants

Ce qui rend aujourd’hui difficile voire impossible la lutte contre la criminalité au Sénégal, c’est l’émergence de ce nouveau profil de criminel.

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En effet, de par le passé, on savait pratiquement qui est qui. La frontière était nette entre d’honnêtes gens, inoffensifs et les délinquants qui, le plus souvent s’adonnaient à l’alcool et aux autres actes répréhensibles connexes comme le vol, le viol, l’agression, etc.

Aujourd’hui, c’est cela qui est en train de changer. Non pas qu’il n’y a plus cette race de criminels que nous qualifions de « classique, » mais tout un chacun peut, un jour, être criminel: le voisin, le collège de travail, l’ami, le parent, le confident, etc.

Nous avons pu observer, ces dernières années, que nombre de ces proches ont eu à se comporter, comme de véritables hors-la-loi quand l’occasion s’est présentée. Eh bien sûr, on tue aujourd’hui pour n’importe quelle raison.

Kiné Gaye, l’un des derniers cas répertorié à Pikine aurait été tuée par un de ses collègues. Comme l’a d’ailleurs été Kiné Camara à Tambacounda. Beaucoup de jeunes sont poignardés par des « amis », des femmes violées par des proches, etc.

Or, dans ces circonstances, il est difficile de demander aux forces de défense et de sécurité d’apporter des solutions fiables. Car cette forme de violence, insidieuse, et provenant d’une personne d’apparence ‘normale’ et proche de la victime, ne saurait entrer dans les schémas stratégiques des forces de l’ordre.

Ces dernières ne peuvent rien faire quand un ami se transforme subitement en agresseur parce que vous lui devez une certaine somme d’argent parfois dérisoire. Et il est difficile de protéger une jeune fille contre un père, un oncle ou un frère violeurs.

Face à cette nouvelle forme de délinquance, il faudra travailler méthodiquement, dans la sensibilisation, le plaidoyer et l’éducation et escompter des résultats à long terme.

Car, manifestement, c’est la société qui est malade. La plupart des gens obnubilés par le gain facile et peu craintifs de la loi du fait de l’absence de peine de mort, n’hésitent plus à tuer.

On tue pour n’importe quelle raison. Parfois juste par haine, jalousie, appât du gain, etc.

Nous devons alors mettre l’accent sur l’éducation et la sensibilisation. Toutes les écoles et les universités doivent accueillir de nouveaux programmes d’éducation à la citoyenneté et la non-violence.

Parallèlement, les adultes doivent être orientés vers un plaidoyer fort sur leurs rapports avec l’argent. Aujourd’hui, il est rare de trouver quelqu’un qui n’ai pas une certaine conception erronée de l’argent. Nous avons laissé prospérer, au fil des années, cette passion de tous pour le bien matériel, cette attirance au luxe, sans pour autant cultiver le culte du travail et de l’honnêteté. Nous n’avons pas mis de garde-fous et nous payons aujourd’hui les pots cassés.

En clair, même s’il est vrai que les forces de défense et de sécurité doivent être plus présentes sur le terrain, il n’en demeure pas moins vrai que c’est dans les changements de comportement que se trouvent les solutions.

Il faut restaurer, au Sénégal, une forme de discipline collective y compris par la loi et la dissuasion.

Il faut aménager dans nos législations, des impossibilités, pour certains criminels, de sortir un jour de prison. Il fait des peines complémentaires dans ce sens comme cela se fait dans certains pays.

Que ceux qui commettent des crimes de sang particulièrement crapuleux ne bénéficient jamais de libération conditionnelle.

En somme, la lutte contre toute forme de délinquance au Sénégal doit intégrer ce nouveau profil de criminel et travailler en conséquence à lutter contre cela.

 

Assane Samb

 

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