« Chercher coûte que coûte à avoir une majorité écrasante c’est creuser sa propre tombe »
Ancien parlementaire et coordinateur de l’Alternative citoyenne « disso », Théodore Chérif Monteil a passé en revue les contours des élections législatives anticipées. Il réfute l’idée selon laquelle il faut donner une majorité à l’exécutif. Il est revenu sur les inondations comme à Touba, d’où l’urgence de se pencher sur une politique d’assainissement sans oublier la reddition des comptes.
Les législatives anticipées prévues le 17 novembre catalysent toute l’attention des citoyens qui sont appelés aux urnes à cette date. Selon l’ancien parlementaire Théodore Chérif Monteil, il est inquiet car ce pays a franchi de grandes étapes dans la construction de sa démocratie et s’assure que vers la marche d’une démocratie presse parfaite doit être possible. Dans un contexte où le pouvoir cherche à exclure le maximum de participants possibles. « On ne peut pas comprendre qu’on le fasse dans des délais si serrés. Les élections sont encadrées car le premier exemple il y a une certaine durée alors pourquoi choisir l’échelle basse et non celle haute. Et donc ils veulent empêcher à l’opposition d’y aller mais les gens vont s’y mettre et lever les obstacles pour y être. Il s’agit de mettre une représentation diversifiée et mieux ce sera pour ces dirigeants », a souligné l’invité.
D’aucuns ont dénoncé la démarche de Diomaye même si ce dernier a lancé des concertations. Ce que réfute Théodore Chérif Monteil qui estime qu’on ne peut pas appeler à une concertation après avoir pris des décisions. On se rappelle de la saisine du Président par le conseil constitutionnel pour avis. Ce dernier a rendu une décision. Ce qui a fait que depuis 2016 en toute matière on ne donne pas d’avis selon Th. Ch. Monteil. A noter que les décisions du conseil constitutionnel s’appliquent à tout le monde. Ce qui est étonnant d’après l’ancien parlementaire « c’est que le conseil ait rendu une décision depuis le 10 juillet et que les citoyens ne soient pas informés alors que cette décision devait être publiée au journal officiel et affichée au conseil constitutionnel. » « Cacher une décision pendant 64 jours et la révéler que quand on décide d’aller aux élections. Ça pose des problèmes et quand on dirige il faut de la transparence car Diomaye ne peut pas démissionner de son poste de Sg de son parti et poser des actes qui montrent qu’il veut favoriser son parti dans ces joutes électorales », a renchérit ce dernier.
Dans un texte publié il a dénoncé une complexité entre l’exécutif et le judiciaire. Il explique que ce sont deux choses qui le confortent dans sa thèse pour montrer que tout n’est pas clair. D’abord la non publication de la décision du conseil, ensuite nonobstant le fait qu’on demande à savoir le contenue de la lettre, on ne sait pas si le président a demandé un avis sur la date de dissolution de l’assemblée comme annoncée aux sénégalais ou si c’est le conseil qui en a fixé une pour la tenue des élections tout en notant que dans décision, au-delà du fait que le conseil dit à partir du 12 septembre l’assemblée sera dissoute il parle du parrainage et la hiérarchie des normes avec la suppression du parrainage. « Le conseil constitutionnel n’a jamais donné la possibilité au président de fixer des dates. Les dates prévues pour les élections sont du domaine de la loi et le président fait des décrets et ne peut la modifier. Le conseil ne légifère pas. Seuls les députés votent les lois. Et donc la date prise est en dehors de toute légalité », a regretté Théodore Chérif Monteil.
S’agissant du protocole additionnel de la Cedeao en son article 2, il dit être en phase car il s’agit de la modification de la loi électorale. Le protocole additionnel de la Cedeao sur la bonne gouvernance et la démocratie le dit : « on ne peut pas modifier la loi électorale à six mois des élections sauf s’il y a une large concertation des acteurs. Ce qui n’est pas le cas selon Théodore Chérif Monteil car personne n’a été consulté pour un calendrier. « Ils ont préparé leurs listes et dit aux autres que vous avez 10 jours pour déposer vos dossiers. 327 dossiers vous imaginez l’encombrement dans les greffes. Il faut être sérieux. On est prêt mais c’est un dépôt de listes à préparer et du matériel. Chaque élection a sa particularité. Pourquoi discuter et discuter de quoi ! », a fustigé l’ancien parlementaire. Selon lui la seule chose sur laquelle on peut discuter c’est de déposer les dossiers sans casier judiciaire et Le produire après l’élection comme lors des locales.
Pourquoi le régime n’a pas fait dans la continuité, avec des recommandations sous Macky, l’invité l’assimile à un grand recul. « Lors de la présidentielle, le conseil a pris des décisions courageuses. Mais avec ces décisions récentes c’est un net recul car le conseil s’est arrogé des droits qu’il n’a pas le droit de dire ou de légiférer à la place de l’assemblée mais ils ont reculé. Imaginez une élection anticipée dans le cadre d’une présidentielle, le conseil ne pouvait pas dire la même chose. Il ne peut pas enlever le parrainage car c’est violer la loi. Pour la présidentielle, le parrainage est inscrit dans la constitution. Il y a des questions à se poser. Il faut aller vers les gens et établir le dialogue car l’excès de pouvoir crée un démiurge » a-t-il poursuivi. Selon lui on assiste à un manichéisme pur et dur car d’un côté on montre ceux qui sont bons et de l’autre ceux qui sont mauvais. Refusant que le fait que pays s’offre le luxe d’un schisme, d’une cassure au sein de la société.
ATEL, dissolution de l’Assemblée : le bras de fer continuel
L’alliance pour la transparence des élections porte sur les fonts baptismaux par les leaders de l’opposition qui se sentent exclus. Ces derniers mobilisent plus de 110 partis qui veulent manifester le 27 prochain. Signataire de l’Atel il argue qu’il est un peu tard d’attendre cette date pour manifester à la veille des dépôts des listes. Appelant à poser les actions, Théodore Chérif Monteil soutient qu’il faut la concertation « et qu’il n’est pas trop tard car dit-il « le danger d’aller vers des élections sans concertation et de buter sur des contentieux post- électoraux. Tout le monde peut contester les résultats demain mais ce sera inutile. On peut avoir des élections transparentes. Néanmoins ATEL avait exprimé ses préoccupations relatives à l’inscription de 409 mille jeunes sur les listes. Face à une pléthore de listes et les délais, les choses seront au rabais. Théodore Chérif Monteil a fait remarquer que « la loi est claire car en cas d’élection anticipée, on y va avec l’ancien fichier sous-entendu la dernière révision de l’année. »
Mais le problème réside dans le fait qu’on a pas commencé la dernière révision de l’année. Ce qui n’avait pas été fait depuis l’avènement de Macky faute de révisions ordinaire et d’inviter l’état à mettre en œuvre la réforme brandie suite à leur victoire relative au basculement sur le fichier électoral des jeunes âgés de18 sans inscription et pour éviter cette nécessité d’aller s’inscrire mais cela nécessite un état civile fiable. « Pour ces 400 miles jeunes il ne sera pas possible de les inscrire mais il faut être raisonnable mais on avance avec ce qu’on a. Je l’ai toujours dit car dissoudre l’Assemblée nationale en septembre va créer des problèmes dans le fonctionnement de nos finances. On ne sait pas quand est ce qu’on aura une loi de finance ce rectificative. On pouvait éviter tout cela. Wade avait dialogué comme Macky Sall qui n’avait pas la majorité mais il a dialogué. Eux ils n’ont pas la majorité, ils n’ont pas dialogué. Ils ont fait croire que l’assemblé nationale faisait du blocage. Ce qui n’était pas le cas. Car n’ayant pas reçu de proposition de concertation. Maintenant on démarre par un bras de fer et on poursuit avec un bras de fer », a-t-il analysé. Un pays qui est dans une situation inédite car le budget 2025 n’a pas été voté. Pour l’invité si on arrive à installer l’assemblée le 10 décembre prochain la loi de finance initiale sera votée sans problème d’après ses calculs. Mais il faut une loi de finance rectificative. Place à un marathon plus dur que celui ordinaire.
Quel profil pour la prochaine législature !
La 14 législature est peinte comme étant celle de la « violence ». Des chaudes empoignades entre députés, des quolibets entre autres. Pour Chérif Monteil il n’existe pas de profils de député mais des sénégalais et l’assemblée est l’image du pays. Des disciplinés comme des indisciplinés, des gens calmes comme ceux agités. Bref tous les types au sein de l’hémicycle. « Si on y retrouve les plus mauvais d’entre nous, c’est que les meilleurs d’entre nous restent dans le confort de leur salon à critiquer. L’engagement politique citoyen c’est pour tout le monde. Il faut un engagement et construire ce pays et ne pas critiquer tous azimuts. Il faut un engagement pour cela. De plus en plus les listes seront regardées et les organisations aussi seront plus attentives », a-t-il renchérit. Pour les élections législatives ce dernier a invité les uns et les autres à faire une analyse du fait que la présidentielle n’est pas la même chose. Car ici ce sont les voix du département qui comptent et pour élire une liste. Interpellé sur le rapport de force entre pouvoir et opposition, ces deux camps s’entre-choquent. Ce qu’il assimile à de la politique politicienne. « Ce que je vois là, c’est un pouvoir qui écrase une opposition. Il faut éviter un pouvoir solitaire. Chercher coûte que coûte à avoir une majorité écrasante c’est creuser sa propre tombe. Car beaucoup de pouvoirs entre ses mains on devient un demi dieu. Il faut éviter une mono vision. Il faut un vrai débat parlementaire » a-t-il argué.
Inondations à Touba : « pas de solutions en bricolant »
Sur la reddition des comptes il est naturel de faire un contrôle. Mais la question qui sied aussi c’est de savoir si c’est le moment ou pas. A cela s’ajoutent des interdictions de sorties du territoire. Mais sur ce point il botte en touche sur le qualificatif « d’abus de pouvoir ». « Il y a des décisions de police administrative. Il faut être prudent et irréprochable. Les interdictions ne sont pas de l’abus. Ce sont des choses courantes. On ne devrait pas en faire un débat. Alors on en fait un buzz des deux côtés. Il ne s’agit pas de se faire mal mais de faire la politique mais pas de l’animosité. » Théodore Chérif Monteil est revenu sur les inondations comme à Touba avec des morts. Il a souligné qu’on ne peut pas faire de solution structurelles en bricolant. Car l’assainissement est une science et on construit selon des normes. Il ne faut pas construire sur des points bas car tout était prévisible. « Il y a 401 points bas recensés. Les 392 sont occupés par des habitations. Mais il faut restructurer. La question est complexe d’où la nécessité de faire de la planification. Comme si l’assainissement n’était pas une priorité pour nous. Avec les changements climatiques ils vont faire mal », a mis en garde l’acteur politique.
Pour le cas de Touba c’est la catastrophe. Des maisons abandonnées. A ce titre il a souligné l’urgence de déclencher le plan orsec qui est tellement huilé qu’il devait se déclencher automatiquement Étant donné que c’est une synergie d’action vers un objectif pour l’éradiquer. Mais à Darou Rahmane c’est la catastrophique. Comme à Ndamatou et à Keur Niang. « Il faut un plan spécial et éviter le bricolage. Étant le rapporteur de la mission d’information à propos du Plan décennal de lutte contre les inondations, avec près 300 pages. Plus loin il ne s’agit pas de 767 milliards injectés, mais une question importante. D’où la correction. C’est le cas à Kaolack. La politique d’assainissement du pays est malade. On nous parle de plan directeur, il n’existe pas à part sauf à Dakar. Pas de planification et on va être rattrapé par les changements climatiques. On est un pays pauvre », s’est-il désolé. Pour l’économie du pays, avec le nouveau pouvoir avec l’alerte du Fmi, il reconnaît qu’il existe des déséquilibres dans nos finances avec des recrutements pas contrôlés. « On ne peut pas continuer la subvention mais à la place on propose quoi ? Et ne pas basculer pour faire mal. On peut corriger et être prudent sur la dette et le type de coopération avec les PTF. Avec les ressources naturelles on devient particulier et c’est à nous de savoir quoi en faire et les utiliser de façon appropriée et sortir du chômage » a attiré l’attention de Ch. T. Monteil.
MOMAR CISSE