En principe, la morale est statique et l’éthique est dynamique. C’est donc à la morale de nourrir l’éthique et non l’inverse.
Si on observe le fonctionnement des sociétés, on se rend compte que les frontières entre l’éthique et la morale ont tendance à se confondre.
En analysant lucidement le déplacement dans le temps de l’éthique et de la morale, on peut tenter l’aventure d’en tirer les conclusions suivantes :
1. L’éthique et la morale sont influencées par ceux qui ont intérêt à ce que l’emplacement de ces dernières, soit compatible à leur volonté et/ou leur situation.
2. La morale ne bouge pas, mais la tolérance à l’égard de sa non observation, la relègue de plus en plus à un statut inférieur à sa substance. On pense alors que la morale évolue, alors que ce qui évolue, c’est l’écart entre son énoncée et son observation. La tolérance est l’argument mis en avant pour justifier cet écart.
3. L’éthique se déplace quand à elle, de plus en plus facilement car son évolution est mécanique, prévisible et contrôlable. Ça peut sembler étrange, mais l’éthique est un enjeu de société dont le contenu n’est tributaire que la volonté de ceux qui ont pour projet de maîtriser les consciences.
4. Il n’y a pas de gardiens du temple en dehors des écrits et du discernement. Chaque crime était légitime au moment de sa perpétration. L’horreur et l’abomination sont venus souvent longtemps après avec d’ailleurs, une intensité variable selon que le meurtrier s’arroge la bonne conscience ou qu’il persiste dans le déni.
5. Une fracture entre les évidences contraires est inéluctable. Elle peut être ou ne pas être violente, mais il est certain que le jeu des légitimités artificielles a atteint ses limites.
6. Le règne des intérêts minoritaires ne peut plus se suffire à la seule usurpation de l’apparence d’une conscience majoritaire.
7. En attendant, il faut préserver les cohésions qui ont résisté et rétablir celles qui ont flanché.