La polémique s’intensifie après le discours du Président Sall devant le Haut conseil des droits de l’homme des Nations-Unies à Genève. En effet, lors du 75e anniversaire de la déclaration des droits de l’homme, Macky n’a pas manqué de mettre l’accent sur la nécessité de lutter contre toutes les formes de discrimination, de suprémacisme, de racisme, etc. et de mettre en œuvre les efforts nécessaires en faveur de ce que les juristes appellent les droits de la troisième génération : droits économiques et sociaux, droit à la vie et à la sécurité dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et l’insécurité. Il a aussi mis l’accent sur le fait qu’une Commission nationale des droits de l’homme sera mise en place au Sénégal à la place du Comité national des droits de l’homme qui existait jusqu’ici.
Bien sûr, il a magnifié les efforts du Sénégal en faveur de la lutte contre toute forme de discrimination ainsi que la lutte pour la promotion des droits de l’homme et des libertés. Des propos qui ont soulevé l’ire des membres de la Société civile. Alioune Tine de AfricaJom Center et Birahim Seck du Forum civil sont montés au créneau pour s’inscrire en faux contre ces propos. Ils estiment en effet que depuis douze ans qu’il est au pouvoir, les droits de l’homme n’ont pas cessé de régresser au Sénégal. Ils pensent que le Président de la République dépeint un tableau qui n’a rien à voir avec la réalité sur le terrain. Ils font référence aux nombreuses violations des droits de l’homme et des libertés surtout depuis mars 2021 où il y’ a eu beaucoup de morts suite à des manifestations, des emprisonnements en masse et des interdictions de rassemblements surtout dans des lieux publics et même privés. En clair, la polémique s’installe sur un sujet sensible.
Le contexte du Sénégal a, en effet, connu des hauts et des bas. Les institutions de la République ont été mises à rudes épreuve parce que devant arbitrer une rude bataille politique qui, au-delà de l’adversité, a dérivé vers une forme d’animosité entre deux hommes et leurs partisans : Ousmane Sonko et Macky Sall. Il a été difficile d’arbitrer. Et des abus ont été observés de part et d’autre au point de voir, jusqu’à nos jours, des convois de candidats à la candidature gazés par des Forces de défense et de sécurité. Bien sûr, on note des gestes importants de dégel comme la libération de ces ‘’patriotes’’ hier alors qu’ils étaient en détention depuis quelques mois pour divers délits. Il va sans dire que ce sont ces gestes qu’il faudra multiplier même si ceux qui sont accusés de délits de droits communs et même de crimes doivent répondre de leurs gestes.
L’Etat a été fondamentalement confronté à la lourde responsabilité d’être ferme et de préserver les libertés. Un exercice difficile qui n’est pas sans conséquences négatives sur l’image du pays. Car, en face, il y a aussi des irrédentistes qui pensent que seule la violence leur permettra de s’affranchir de ce régime. En clair, il est important certes d’indexer l’Etat et de le mettre devant ses responsabilités historiques et régaliennes, mais les acteurs ne doivent nullement aussi oublier de situer toutes les responsabilités et de dénoncer toute violence, d’où qu’elle vienne.
Assane Samb