Ancien président du groupe parlementaire Bby et actuel Président du Conseil d’administration de Petrosen holding, Aymerou Gningue n’a pas caché son sentiment relatif à l’attitude de l’ancien Pm Hadjibou Soumaré, placé sous contrôle judiciaire. Invité de l’émission du Grand Oral sur Rewmitv, il a indiqué que pour 2024, Bby n’aura qu’un seul candidat.
L’actualité, c’est l’affaire Hadjibou Soumaré placé sous contrôle judiciaire. Votre appréciation ?
J’ai lu tout cela avant même qu’il y ait des poursuites judiciaires, la lettre était publique, j’ai été choqué et surpris, car ce n’est pas là que j’attendais l’ancien Premier ministre. Beaucoup de gens parlent du fait qu’il ait été Premier ministre. Avant, il a été inspecteur du Trésor et ministre du Budget et patron de tous les comptables publics de ce pays. Quand ce dernier écrit à Macky Sall et disant qu’il paraît que vous avez remis une certaine somme d’argent à Marine Le Pen, même si c’est un million c’est choquant venant de lui. Il connaît les règles de la comptabilité publique. Quand vous posez cette question, il faut apporter des réponses. Ce sont des insinuations très graves et fallacieuses, pour un homme de sa trajectoire administrative et politique.
Cela nous interpelle sur la qualité du débat politique dans ce pays. La présidentielle est là et je suis peiné par la qualité du débat, je l’attendais (Aguibou Soumaré) sur des questions de l’emploi des jeunes, des questions d’ordre économique et autres questions plus pertinentes. Le procureur, maître des poursuites, s’est saisi du dossier. Un juge a été désigné et il a été entendu. Le juge a suffisamment d’éléments pour l’inculper. Il est placé sous contrôle judiciaire et je trouve que c’est mieux comme ça. Quand on sort des énormités, il faut s’expliquer. Un coup de fusil part et ça tue, les dégâts sont irréparables. Cette procédure judiciaire est fondamentale et devrait nous permettre de connaître la vérité. En tout et pour tout, je ne donne aucun crédit à ce qui a été dit. Parler de 7 milliards et des soupçons de reporter des élections, mais nous sommes dans un pays où les élections ne peuvent plus faire l’objet de report. Le Sénégal est un pays où la démocratie s’exerce. C’est une démocratie respectée dans le monde. Cette élection ne sera pas reportée.
En parlant de votre parcours, vous avez parlé de valeurs qui vous motivent. Qu’est-ce qui a motivé Aguibou Soumaré, réputé calme ?
Je ne saurais malheureusement répondre de manière précise à cette question. Nous avons les relations les plus cordiales et les plus policées. A l’époque, j’étais conseiller de Macky Sall. Mais je crois qu’un vent de populisme est en train de souffler dans le monde. On crée des histoires et on les distille pour soulever ceux qui ne peuvent pas faire une analyse exhaustive de la situation. Nous sommes au Sénégal et la seule règle qui vaille est celle des urnes. Dans ce pays où l’alternance politique a pu être réalisée à deux reprises, la seule règle qui vaille est d’aller aux élections et obtenir le suffrage des Sénégalais.
Ce que vous dites là a-t-il fait l’objet de pétition ou une collecte de signatures au nom de la République et de la démocratie ?
Des citoyens se sont retrouvés et ont réfléchi sur les dangers qui guettent ce pays. La violence du débat et le fait que les politiques accaparent de la parole en disant tout et n’importe quoi sans pour autant vérifier leurs sources posent un problème de responsabilité vis-à-vis de ce peuple. Il faut préserver des valeurs. Depuis que la majorité déroule, qui est venu avec un programme alternatif ? On ne gouverne pas un pays si on ne respecte pas les institutions. Il faut préserver la République. La stabilité est ce qu’il y a de plus cher. Le jour où on va l’abîmer, ce seront les dégâts. Il y a des piliers et il faut fortifier les institutions.
On vous reproche une certaine judiciarisation du débat politique…
Moi je suis un partisan du dialogue politique et nous sommes sur cette trajectoire. Vous avez suivi et vu les appels au dialogue que Macky a lancés. Il y a une tradition de dialogue dans ce pays. Il y a la violence physique et morale. J’ai amené au tribunal un homme du même parti. Car j’ai considéré qu’il m’avait diffamé et les tribunaux ont tranché la question. Alors il fallait laver mon honneur. Mais ce sont des piliers de la République. Le jour où on va se mettre dans la rue pour régler nos comptes, les gens ne seront plus dans un pays de droit. Il y a des corporations qui posent problème. En tant que journaliste, il existe des règles à ne pas transgresser. Mais quand on colporte des informations pour mettre de l’huile sur le feu, on est dans une dynamique populiste.
Il y a aussi la liberté de manifester, entre autres, qui serait violée. Y-a-t-il problème ?
Ce n’est pas le fait de manifester mais c’est le discours véhiculé qu’il faut revoir. Le fait d’exprimer son mécontentement est un droit. Les gens parlent du droit de manifester mais les gens ont le droit de vaquer à leurs occupations. Ce qui donne le pouvoir politique c’est la légitimité et non le fait d’appartenir à un parti ou à une coalition qui a un bilan.
On va vers des élections, craignez-vous une implosion à Bby ?
C’est une excellente question, je trouve que c’est positif. Benno n’aura qu’un seul candidat. Nous avons le devoir d’être unis comme le disait Niasse. Un navire solide, une équipe soudée et un Capitaine intrépide. Le problème c’est comment travailler ensemble pour que notre candidat passe au premier tour.
Bby défend sa candidature, risque-t-on de revivre les mêmes événements qu’en 2011 ?
J’ai des idées très précises avec deux niveaux de réponse. La première idée est celle-ci : on avait dit à Wade qu’il n’avait pas droit à un troisième mandat et le Conseil constitutionnel a décidé qu’il y avait droit. Ce qui a fait partir ce dernier, ce sont les électeurs. On n’a rien à apprendre de cela. Et on a vu que le meilleur moyen d’éliminer un candidat c’était de le battre. Le deuxième niveau c’est que celui qui a figé le nombre de mandats à deux c’est Macky. Alors juridiquement peut on appliquer cette constitution à ce mandat ? Les juristes se sont prononcés là-dessus. Je m’en tiendrai à leur décision et le seul juge c’est le conseil constitutionnel qui va dire le droit. Il y a la jurisprudence Abdoulaye Wade. Si ceux qui combattent le troisième sont sûrs de le faire, ils n’ont qu’à mobiliser les électeurs. Macky, en tant que candidat, quand le conseil constitutionnel avait validé la candidature de Wade, a battu campagne et délaissé les manifestations.
Mais des vies humaines ont été emportées ?
Le Sénégal est un pays où le dialogue fait partie des mœurs politiques et de notre âme. Il ne faut pas être aveuglé par nos ambitions au point de fermer toutes les portes. Il y a un moment pour se parler et accepter les idées des uns et des autres. Si comme hypothèse de base on part de ce point, tout est possible. Jamais de mémoire d’homme, on a vu une si grave violence. Alors il faut se respecter et arrêter les coups. Il faut des offres programmatiques aux populations. Je suis membre du secrétariat de l’APR et je suis fier du bilan de Macky. Quand je compare ce qui est fait et les pas de géant réalisés, je suis fier. Maintenant on doit arrêter car on a un plan, je pense que ceux qui veulent autre chose doivent nous proposer des projets. Mais insulter, insinuer à longueur de journée, ce n’est pas bon.
On a vu également la mise en place d’un cadre de l’opposition. Cela vous fait-il peur ?
Mais c’est normal. Généralement, le pouvoir a tendance à se disloquer. Avec cette présidentielle, c’est le phénomène inverse qui va se passer. Vous verrez que devant une élection présidentielle Bby aura tendance à se regrouper et aura un seul candidat. En tout cas, je ne miserai pas sur le fait qu’ils aient un seul candidat. On travaille et on est dans le temps de l’action et de notre deuxième Pap2A. J’interroge l’histoire et qui n’aurait pas voulu réaliser le pont sur la Sénégambie. Il y a eu Senghor, Abdoulaye Wade. Quel président ne rêvait pas de réaliser le pont de Foundiougne, de même que celui de Marsassoum, celui de la Mauritanie. Il n’y a pas de hasard.
Mais qu’est-ce qui explique cette animosité d’une certaine opposition ?
On n’est plus sur le terrain politique mais sur celui de la haine. Alors j’ai une explication et ce sont les découvertes de pétrole et de gaz. Ce pays va changer de statut. Nous attendons le first gaz en octobre et en février, le premier baril de pétrole. D’autres forages sont en cours et un travail est en train d’être fait à Saint-Louis. Le pétrole et le gaz vont forcément créer de nouveaux appétits. Chaque compagnie pétrolière aurait voulu être détentrice de ces blocs ? Au lieu de respecter les règles démocratiques, on brandit le populisme.
La tension est palpable et beaucoup d’incertitudes planent sur l’élection à cause du parrainage. Comment agir pour prévenir tout cela ?
Il faut respecter la loi. Car elle est encadrée. Le parrainage, personne ne peut le contester. J’ai porté la loi sur le parrainage. Regardez la multiplicité des candidats qui se déclarent. Mais le filtre ne peut pas être l’argent à cause des lobbies. Il faut des élections et connaître les tendances en une journée. Il faut améliorer le système de comptage. Il faut savoir les grandes tendances, sinon les gens vont encore faire dans la manipulation.
L’opposition estime que la règle du jeu n’est pas idoine et ce serait un filtre pour éliminer des candidats….
Nous ne sommes pas arbitres encore une fois. Je pense qu’on a laissé des candidats aller à la présidentielle car ayant réuni le nombre de parrainage nécessaire et de signatures. Karim et Khalifa ont été retenus à cause de leur condamnation. Le code électoral et le dialogue politique sont deux leviers pour trouver un consensus fort.
Il y a des dossiers qui alimentent aussi les débats, dont Ousmane Sonko, Adji Sarr, Mame Mbaye Niang !
Que la justice fasse son travail. Je ne me suis jamais intéressé à cela. Je crois à l’institution judiciaire. Alors pour une question purement privée laissons la justice faire son travail. Le premier acte c’est la convocation et il y a la présomption d’innocence. Les juges sont des Sénégalais et ont les mêmes valeurs. Et donc on ne peut être condamné dans l’erreur.
Il soupçonne la justice d’être instrumentalisée, manipulée par l’exécutif ?
Je vous dis que le discours est le même. Tout le temps, les gens disent que la justice est aux ordres de l’exécutif. Alors il ne faut pas cracher dans la soupe.
Il y a une révision courte pour les primo-votants !
C’est encore la loi. Dans le cadre d’un dialogue politique, on peut élargir en prenant des mesures exceptionnelles. Tant qu’on fait la loi, on est dans le droit. Le dialogue politique et les acteurs politiques peuvent discuter et demander un prolongement. Mais il faut discuter..
Pour le loyer, tout a été acté avec la mise sur pied d’une commission. Êtes-vous optimiste ?
Oui je le suis. Et ce n’est pas facile et avec cette commission de régulation, il ne faut pas se précipiter. D’abord il y aura des cas de conflit, le dialogue sera mis en avant. Le programme 100 mille logements aussi va régler le problème. Trouver un terrain est difficile et je salue ce programme. Il y a la loi de l’offre et de la demande.
MOMAR CISSÉ