Le Président Sall sera à la tête de l’Union africaine en 2022 en remplacement de Félix Thisekedi, l’actuel occupant du fauteuil, par ailleurs Chef de l’Etat de la RDC. Macky attend avec impatience d’assumer cette fonction qui se fera selon une présidence tournante.
La preuve, il en parle déjà en déclinant sa feuille de route. Et c’est un Macky libéré de toute contrainte envers les pays riches notamment les pays occidentaux qui s’exprime sur la question.
On a surtout noté, de sa part, un désir de se départir de la tutelle de ses pays notamment dans le domaine des minerais au premier rang desquels, le pétrole et le gaz que le Sénégal va s’apprêter à exploiter pratiquement à la même époque.
A ce propos, selon l’Aps, interrogé sur la question visio-conférence aux Rencontres économiques d’Aix-en-Provence (France) organisées par le Cercle des économistes, Macky n’a pas mis de gants et a même souhaité que l’Afrique ne soit pas plus traité comme ‘’un bébé’’.
C’est pourquoi, il a souligné la nécessité du gagnant-gagnant dans les contrats liés aux minerais, l’accès de l’Afrique à davantage de Droits de tirage spéciaux (DTS), l’admission du continent au Conseil de sécurité de l’Onu, mais aussi, bien entendu, la transparence dans la gestion des ressources internes, etc.
Une liberté de ton qui n’est certes pas nouvelle, mais qui rend compte d’une aisance que l’on n’observe, souvent, que chez les Présidents africains qui n’ont pas grand-chose à craindre de partenaires puissants, c’est-à-dire ceux qui ont épuisé leurs nombres de mandats.
Il sera en effet difficile pour Macky d’engager tous ses débats difficiles mais justes, de pousser les partenaires à affaire des concessions, à revoir leurs copies, ses homologues africains à accepter des modes de gestion démocratiques et engager son pays dans une aventure de troisième mandat source de tensions sociales.
En clair, nous pensons que la présidence du Sénégal de l’Union africaine jusqu’en 2023 va éviter au pays une politisation à outrance de la vie publique durant cette époque parce que Macky sera très occupé à engager des réformes importantes en Afrique, va beaucoup voyager et va tout faire pour qu’en interne les frustrations et les tensions soient réduites.
Nous osons penser qu’un Président qui souhaite rester au pouvoir ne parle pas d’une façon aussi tranchée de l’infantilisation de l’Afrique et des batailles pour l’équité dans les contrats pour les ressources stratégiques étant entendu que ces problématiques remettent en question toute la politique internationale des grandes puissances.
Nous pensons fortement que Macky, requinqué par d’éventuels résultats va prendre goût à la gestion des dossiers sur le plan international et va surtout viser le poste des Nations-Unies.
Et plus sérieusement, il est important de souligner que nos Chefs d’Etat ne peuvent pas réussir à se faire respecter sur le plan international si en interne, ils continuent à bafouer les libertés, à s’imposer au pouvoir grâce à des formes nouvelles de coups d’Etat constitutionnels.
Ces formes de dictateurs des temps modernes ne peuvent pas s’arroger des légitimités à travers l’instrumentalisation de la Justice avec les conseils constitutionnels et le détournement de la volonté populaire à travers des référendums qu’ils sont sûrs de gagner. Si Macky a un quelconque projet de troisième mandat, qu’il mette alors ses rêves d’apporter la révolution en Afrique dans ses tiroirs car ce sera peine perdue.
Les Chefs de l’Etat que l’on écoute, qui font avancer l’histoire sont ceux qui, à l’intérieur de leurs pays, respectent les Constitutions, les institutions, les libertés, etc. Car on ne peut pas exiger des partenaires, ce que l’on refuse à son peuple.
L’Afrique n’a pas seulement souffert de l’exploitation des grandes puissances qui est réelle, mais aussi de l’incurie de ses dirigeants qui a trop longtemps duré.
Assane Samb