C’est en prélude à la cérémonie d’ouverture du 3ème Cours international de dialyse tenu hier à l’UCAD par la Société Sénégalaise de Néphrologie, Dialyse et Transplantation (SOSENDT) que cette déclaration a été faite. Outre cette nouvelle qui fait froid dans le dos, il faut noter également qu’il n’y a que 45 néphrologues pour un total de 18 millions de sénégalais.
Cette activité se déroulant du 4 au 5 juin à l’UCAD 2 sera une occasion pour capaciter le personnel paramédical, en particulier les infirmiers et le personnel médical, notamment, les néphrologues dans divers aspects de la néphrologie et de la prise en charge des malades en termes d’hémodialyse et de dialyse péritonéale. Elle a été officiellement ouverte par Dr Fatou Mbaye Sylla, directrice des établissements publics de santé, qui représentait le ministre de la santé et de l’action sociale.
Ainsi, évoquant la situation de la maladie rénale au Sénégal, le professeur Abdou Niang, par ailleurs président de la Société sénégalaise de néphrologie, dialyse et transplantation (SOSENDT) a peint un tableau sombre avec, notamment, une situation alarmante. « (…) je pense que quand même la situation de la maladie rénale est extrêmement alarmante, dans le monde d’abord parce que vous savez, il y’a 850 millions de personnes dans le monde qui souffrent de maladie rénale, mais le problème c’est que la grande majorité ignore leur situation rénale. (…).
Au Sénégal on les estime à plus de 850. 000 personnes sur les 18 millions de sénégalais, cela fait environ 5 % de la population qui souffre de maladie rénale. Mais ce qu’on voit et ce qui fait parler aujourd’hui, ce qui fait peur à la population sénégalaise ce sont les personnes qui sont en dialyse alors que ces personnes ne sont que la partie visible de l’iceberg. Je vous donne un exemple, aujourd’hui nous avons 1500 malades qui sont traités en dialyse au Sénégal, mais il faut savoir que chaque année il y’a au moins 1000 sénégalais qui vont détruire leur rein et qui vont avoir besoin de dialyse », informe-t-il. Admettant que, vu les ressources limitées dans nos pays, ces malades n’auront même pas accès à la dialyse et c’est cela qui fait le drame parce que la dialyse coûte excessivement chère. Ainsi, il souligne que le Sénégal, aujourd’hui, dépense 6 milliards de FCFA par an pour soigner 1500 malades.
De plus, rappelant l’importance de la tenue de ce 3ème Cours du fait des aspects théoriques qui sont en train de se dérouler sur la gestion des complications des malades dialysés aussi bien hémodialyse que dialyse péritonéale, le professeur ajoutera qu’un atelier est mis sur place afin, dit-il, afin de permettre aux médecins, à leur retour, de pouvoir être autonomes, mais aussi la détection des fissiles artério-veineuses et leur complication par le néphrologue. C’est dans le même ordre d’idées que le Pr Abdou Niang soulignera qu’il faudra, non seulement développer des techniques moins chères telle que la dialyse péritonéale comparée à l’hémodialyse, mais il faut aussi développer la transplantation rénale. Il ajoute : « Il faut des ressources, et les populations qu’on a en dialyse sont des populations très jeunes.
La moyenne d’âge d’un patient dialysé au Sénégal est entre 35 et 40 ans et savez-vous qu’en France la moyenne d’âge des malades en dialyse est de 70 ans? Donc, chez nous c’est la partie jeune et active de notre population qui tombe malade et qui a besoin de dialyse », mentionne-t-il. Ces chiffres qui font peur seront corroborés par la même source en laissant entendre que parmi les 850 000 personnes qui ont une maladie rénale, plus de la moitié ne savent même pas qu’elles ont attrapé cette maladie silencieuse et tueuse.
Abordant les ressources humaines qui font défaut globalement en Afrique, le président de SOSENDT dit qu’il faut savoir qu’en Afrique il y’a moins de 3 néphrologues par million d’habitants. « Au Sénégal, en 2005, nous étions 3 néphrologues et après nous avons ouvert une école de néphrologie ici à la Faculté de médecine de l’UCAD et jusqu’en 2024 nous avons formé 200 néphrologues mais qui nous venaient de 20 pays d’Afrique francophone et il y’a aujourd’hui au Sénégal 45 néphrologues qui sont dans toutes les régions du Sénégal. Mais quand vous divisez 45 par 18 millions d’habitants, vous voyez que ce n’est pas beaucoup. Si vous allez à Kédougou il y’a un seul néphrologue pour toute la population et donc il va falloir faire encore des efforts dans la formation pour pouvoir relever le défi », indique-il.
Rappelons qu’il y’a 3 ou 4 néphrologues formés par an au Sénégal. Et comme il faut 4 ans pour former un néphrologue, le gap reste encore important dans le domaine de la néphrologie.
Mamadou Sow