Plus on s’achemine vers la fête de la Korité, plus les ménages sont plongés dans le noir. Déjà, avec la flambée des prix de certaines denrées, la guerre en Ukraine n’a pas encore fini de faire « des victimes » au plan social. Des économistes expriment leurs craintes.
C’est une lapalissade que de dire : « la crise économique n’a pas encore fini d’affecter les ménages. » En guise d’exemple, ils font face à une flambée des prix des denrées de premières nécessités. La guerre en Ukraine semble avoir eu des conséquences fâcheuses » sur l’économie mondiale. Ce qui n’échappe pas à la nôtre. Pour l’économiste Meissa Babou, les ménages ne sont pas au bout de leur peine car « le pays va davantage sentir l’impact de la crise ukrainienne dans les prochains jours. »
Alors qu’on pensait avoir vu le bout du tunnel avec la crise liée à la covid-19, une autre frappe de plein fouet le monde. La crise ukrainienne préoccupe plus d’un. A en croire les prévisions de l’économiste Meissa Babou, les prochains jours risquent d’être salé. « Le pays va sentir cet impact de la guerre car jusqu’ici, l’intumescence du taux d’inflation n’était liée qu’à celle de la Covid. A la fin du mois, cette guerre durera trois mois et on aura épuisé les réserves locales. Est-ce que ces gens ont la capacité de réserver pour deux ans», s’interroge-t-il. Une question qui vaut son pesant d’or. Selon le Pr Babou, « aucune entité ne sera en mesure de faire face. L’Etat pourra-t-il réserver pour un an ? C’est maintenant que les nouvelles commandes de blé vont commencer à entrer en vigueur à la fin du mois », révèle Meissa Babou. Ce qui laisse entendre qu’on risque d’établir de nouveaux prix. L’expert en économie dit ne point être d’accord avec ce taux de crise mis en branle par l’Etat du Sénégal.
Une réorientation vers les produits « essentiels »
Dans ce contexte tendu, le Pr Meissa Babou préconise « une réorientation vers les produits dits « essentiels » comme le riz, le sucre ou le pain. « L’Etat peut effectivement mettre l’accent et faire l’effort que cela ne manque pas », dit-il. En ce qui concerne le carburant, il y a 65% de taxes.
Ainsi faudrait-il changer de trajectoire de développement et abandonner les investissements lourds et mettre l’accent sur le secteur primaire.
Une Korité « alambiquée »
Si Meissa Babou a étalé ses craintes face à une possible hausse des prix, Babacar Gaye, économiste statisticien, a donné les raisons de la flambée des prix qui est devenue monnaie courante. De l’huile à la viande en passant par le sucre et le lait, cette situation s’explique par une demande supérieure à l’offre. La guerre en Ukraine fait mal. Les répercussions risquent d’être très lourdes au plan social et économique surtout pour un pays comme le Sénégal. « Notre économie dépend aussi de l’Europe et l’autre phénomène c’est la baisse de la production interne, car si on n’a pas de matières premières, on ne peut pas produire en interne et cette baisse va engendrer une baisse des recettes fiscales. Ce qui implique la hausse des prix », pense l’économiste Babacar Gaye. Une hausse qui sonne comme un multiplicateur de pauvreté au moment où le Sénégal est loin de chanter l’autosuffisance alimentaire.
MOMAR CISSE