Le leader du Pastef a clôturé la session de formation des députés nouvellement élus de son parti, le Pastef. Dans son discours, il a tenu à préciser, publiquement, qu’il ne souhaite nullement avoir des députés du parti mais des députés du peuple.
En clair, il ne veut pas d’une chambre d’enregistrement, comme de par le passé. Ce qu’il souhaite voir, ce sont des députés conscients de leur rôle et qui, en cas de dérive, se dressent pour s’opposer. Bien sûr, son discours a été aussi, par moment contradictoire. Car, il a reconnu vouloir aussi, une solidarité de groupe, pour faire voter les lois et réussir certaines initiatives.
Or, si des députés mettent en avant leur esprit critique, ils risquent de fragiliser la majorité et de favoriser l’opposition pour ne pas dire les détracteurs du régime. Alors, Sonko ne veut certes pas d’une chambre d’enregistrement parce qu’il prône la rupture, mais il ne souhaite pas non plus que ses députés fassent preuve de trop de liberté et d’esprit d’indépendance car le projet pourrait en pâtir. L’ambiguïté du discours est à la mesure de la complexité de la situation.
La réalité est que tout Exécutif, dans notre système, a besoin d’une majorité forte à l’Assemblée et de députés attentifs aux orientations du pouvoir. Voilà la réalité. Donc, le discours de Sonko était juste destiné à l’opinion. Mais, en toile de fond, les députés savent à quoi s’en tenir parce que le régime compte sur eux. La preuve, il n’y a qu’à voir la réaction de Sonko quand sa caravane a été attaquée à plusieurs reprises. Il s’en est pris vertement aux autorités judiciaires et même au Président de la République.
Or, en bon démocrate, il aurait pu les laisser apprécier la situation de leur propre gré et voir si elles devaient agir ou non. On connaît la suite. Car, depuis, plusieurs personnes ont été arrêtées. On se demande alors si durant la prochaine législature, un député de Pastef aura l’outrecuidance de nager à contre-courant de ses camarades. Nous n’en sommes pas sûrs.
Assane Samb