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RIFOU SE CONFIE : “J’ai eu marre de Y’en a marre”

Rappeur sans album, Rifou, loin d’être un ripou, est une voix qui ver-balise, par le verbe et la balise, l’horizon pour un galsen qui chante citoyen. Aussi, sans conteste possible, l’invite de votre page people trace la voie pour un peuple réconcilié à ses valeurs. C’est dire que sa conception de l’art n’en fait point un marginal mais bien un intellectuel organique, engagé résolument à être in, pas au sens branché au modernisme mimétique mais au sens de l’inclusion populaire, nullement populiste. C’est cette facette de Rifou, le courage en bandoulière, qui a prévalu à sa marre de y’en a marre et à sa verve devant l’autorité suprême du pays pour défendre les intérêts citoyens et non mitoyens. C’est cette voix que Rewmi vous fait lire et la contradiction apparente est assumée. Bonne écoute …

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VOUS VOUS FAITES APPELER RIFOU. QU’EST CE QUE CELA SIGNIFIE ?

RIFOU n’est rien d’autre que le diminutif de mon nom Cherifou Younousse Traoré. Rifou c’est aussi un sigle wolof qui signifie Rapbiye Indi Foulaye Ormale Under. C’est-à-dire le rap qui impose le respect du « underground», la base du hip hop.

VOUS ETIEZ DU MOUVEMENT Y ‘EN A MARRE, LUI AVEZ-VOUS TOURNE LE DOS POUR LE RAP ?

J’étais un membre incontournable du mouvement Y’EN A MARRE, ce qui m’a d’ailleurs souvent coûté des arrestations par la police à cause de mon influence et de mon dévouement pour le peuple et surtout la lutte contre les injustices. Mais j’ai décidé de rompre avec ce groupe et sortir par la grande porte, après avoir remarqué des dérives sur les objectifs fondateurs du mouvement, devenu une véritable mascarade et une mise en scène ambigüe.

A 14 ANS VOUS AVEZ TITILLE LES MAMELLES DU RAP. COMMENT ETES-VOUS ARRIVE A CE STYLE MUSICAL ?

Je n’ai jamais cessé de remuer ciel et terre pour exceller dans le domaine du hip hop et ce, depuis l’an 2000 et aujourd’hui, je suis devenu un maillot incontestable du mouvement hip-hop sénégalais. Le talent est sans doute inné, mais ma persévérance, ma volonté artistique claire et aboutie, et de plus l’amour d’une mère qui a toujours voulu avoir une fils artiste m’ont donné beaucoup plus de courage pour m’imposer dans le game.

ON VOUS SURNOMME DEFENSEUR DU PEUPLE, VOIX DES SANS VOIX ET UN ANTI INJUSTICE ET DISCRIMINATION. POURQUOI ?

On ne peut pas être un artiste rappeur et ne pas se soucier des problèmes de notre société au quotidien. C’est ce même peuple qui a fait de nous ce que nous sommes et nous devons toujours nous soucier de ses maux. Le Sénégal est tout ce qu’il y a de plus fort pour nous. En tant qu’artiste, nous nous devons de toujours lutter contre toute discrimination ou injustice pour mettre le pays sur les rails de l’émergence. Je profite de cette occasion pour dénoncer l’arrestation de notre cher frère NITT DOFF. C’est un gars engagé, dévoué, et qui a porté haut le drapeau du Sénégal sur toutes les scènes internationales. Sa place n’est pas en prison !

YAYE SA DOMA BONE, CACHOT…AUTANT DE CHANSONS A VOTRE ACTIF. QU’EST-CE QUI RESSORT LE PLUS SOUVENT DANS VOS TUBES ?

Je suis un artiste qui veut éveiller, conscientiser et surtout parler des maux que vit sa société. Encore une fois, en tant qu’artiste, notre devoir est de tout faire pour être la voix des sans voix. Si on prend l’exemple du son « Yaye sa doom mo bonne » il y a l’adage wolof qui dit que « liguey ndeye agnou doom ». (Est-ce toujours valable pour tous ? se demande-t-il). Il arrive que l’on voit des gens issus de très bonnes familles et qu’au final un des leurs se mette à filer du mauvais coton. (Est-ce que la faute est toujours des parents ? S’interroge-t-il) . Pour moi, chacun est maître de ses actes, mais on ne voit pas souvent faire des reproches à la famille. Quant au son cachot que j’ai fait en featuring avec Ngakka blindé, c’était juste une façon de faire comprendre aux gens que la prison ne rend pas mauvais. Il arrive que des gens fassent la prison à cause d’erreurs judiciaires.

VOUS N’AVEZ PAS ENCORE D’ALBUM, MAIS IL Y A DES SONS QUI PASSENT A LA RADIO, UN CLIP VIDEO A LA TELE. POURQUOI CE RETARD ?

Je ne pense pas être en retard, bien au contraire, mon nom RIFOU plane depuis plusieurs années. Beaucoup diront que je suis un vieux alors que tel n’est pas le cas, je suis de la même génération que ceux qui sont là. Je fais partie des « underground » pour ne point dire, le premier à s’être imposé à Dakar sans album. J’ai sorti une mixtape dénommée BBGG sortie par Leader Com Prod . Actuellement, je prépare aussi un autre projet 100% Love pour ce 14 février avec un mix de 5 sons, dont un featuring avec mon frère FAFADI. Je tiens à rassurer mes fans qu’ils auront leur album ANOTHER VISION cette année, tout est déjà prêt.

QUELLE EST VOTRE ANALYSE SUR LA SITUATION DU RAPAU SENEGAL ?

Il y a des rappeurs qui ont tout quitté pour leur art, y vivent et en font vivre leurs familles. Mais en dehors de cet aspect financier, il y a le fait que certains artistes rappeurs font des tournées à l’étranger mais qui au final n’avancent pas. Les artistes de la sous-région, comme la Mauritanie, la Gambie, la Guinée par exemple, sont carrément en avance sur nous. C’est au Sénégal que l’on voit des artistes avoir des millions de vues sur YouTube et aucun label international pour signer un quelconque contrat. Chez certains artistes par exemple, on a du mal à distinguer leurs styles entre le rap ou le mbalax. Tu peux être millionnaire et gagner ta vie avec le mbalax, mais tu n’auras jamais de disque d’or, le mbalax étant une musique qui n’a pas de norme. Il y a aussi l’avènement des réseaux sociaux, certains s’y concentrent au point d’oublier l’aspect créatif, ouverture, vente.

IL EXISTE BEAUCOUP DE GROUPE CERTES COMMENT JUGEZ-VOUS LE NIVEAU ?

Le niveau est bon pour certains artistes et faible pour d’autres. Au Sénégal, on arrive à remplir des salles de 10 000 et 20 000 places et le contraire à l’étranger. Si on n’arrive pas à remplir les salles internationales, comme on le fait au Sénégal, c’est que notre succès est limité.

 PARLONS POLITIQUE. VOUS AVEZ RENCONTRE MACKY SALL AVEC D’AUTRES RAPPEURS ? EXPLIQUEZ-NOUS EN DAVANTAGE ?

Avec les autres artistes, nous sommes allés voir le Président Macky Sall dans le cadre du TRG show, un concept qui vise à rassembler tous les artistes dans le cadre d’un show au niveau de toutes les régions du Sénégal. Par la suite, il s’est avéré que le promoteur Moustapha ayant une audience, nous a proposé de l’accompagner pour le soutien de ce projet. Et nous, nous y sommes allés juste pour le TRG. Après les allocutions des membres, à savoir Duggy tee et Mamy Victory, concernant des sujets tels que les maux de la société, l’appel à la paix durable et à la stabilité entre autres, moi, en porteur de voix, et ayant l’occasion d’avoir le chef de l’Etat devant moi, j’ai abordé bien évidemment les maux auxquels sont confrontés les habitants de ma région (Kaolack). J’ai aussi abordé la question des députés ministres hommes politiques milliardaires fantômes qui ne pensent qu’à leurs propres personnes.

LE PAYS TRAVERSE UNE TENSION POLITICO-SOCIALE. QUEL DEVRAIT ETRE LE MESSAGE POUR UNE PAIX ?

Toutes les guerres se terminent autour d’une table ! Le Sénégal est un pays de dialogue et de paix avec des régulateurs sociaux de grande envergure. J’appelle donc le pouvoir et l’opposition à savoir raison garder et à trouver un compromis car la déstabilisation du pays n’arrange personne. Dans cette logique, il nous faut impérativement un dialogue national organisé et dirigé par nos régulateurs sociaux qui tiennent jusque-là le pays sur la bonne rampe de paix sociale.

 ANNA THIAW

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