Près d’un millier de Nigériens, dont de nombreux enfants qui mendiaient dans les rues de Dakar, ont été rapatriés par avion au Niger.
Des migrants nigériens partis mendier au Sénégal ont été ramenés dans leur pays à travers un pont aérien spécialement initié par les autorités. Cette mesure intervient après la diffusion d’un reportage montrant les conditions de vie de ces personnes sur une chaîne de la télévision sénégalaise largement reprise sur les réseaux sociaux. Presque un millier, ils ont été rapatriés par avion au Niger, via un vol spécial. Les autorités nigériennes, qui les ont accueillis dès leur retour au pays, déplorent que l’image de “leur pays soit traînée dans la boue à travers ce phénomène.” Elles expliquent que ce phénomène n’est pas dû à la misère, mais plutôt à des réseaux mafieux qui procèdent à la traite de ces êtres humains.
Le premier vol de la compagnie Max Air qui ramenait le premier contingent des ressortissants nigériens avec 580 personnes, dont beaucoup d’enfants à bord, a atterri aux environs de 2h dans la nuit du vendredi au samedi à l’aéroport international Diori Hamani de Niamey. Ils ont été accueillis par le ministre de l’Intérieur, Hamadou Souley et plusieurs officiels et des bus seront par la suite affrétés pour les acheminer dans leurs communautés respectives.
Un second vol a rapatrié plus de 400 personnes dans la journée de ce samedi.
« L’image de notre pays est traînée dans la boue, c’est pourquoi le gouvernement veut prendre ce phénomène à bras le corps », a déclaré le ministre nigérien de l’Intérieur, Hamadou Adamou Souley, au pied de la passerelle de l’avion.
Le président nigérien, Mohamed Bazoum, avait convoqué, en début de semaine, une réunion « sur le phénomène de la mendicité ».
«Le gouvernement de la République du Niger a appris avec stupéfaction la présence dans les rues de Dakar au Sénégal de plusieurs centaines de ressortissants nigériens s’adonnant à la mendicité», avait déclaré mardi, le porte-parole du gouvernement Tidjani Idrissa Abdoulkadri, dans un communiqué lu à la télévision publique.
« Il s’agit d’un trafic illicite de migrants et de la traite de personnes organisés par des groupes criminels en direction de certains pays voisins et même au-delà », avait-il assuré. Un message repris par le ministre de l’Intérieur samedi : « Ce n’est pas la misère qui est à la base (de ce phénomène) mais des réseaux mafieux organisés qui procèdent à la traite et au trafic de ces êtres humains. »
«Personne n’ira mendier s’il a les moyens de vivre dans de meilleures conditions. La mendicité n’est pas une bonne chose », affirmait Ousmane Issoufou, l’un des rapatriés à la descente de l’avion.
Selon une source diplomatique africaine, les ressortissants nigériens rapatriés dans la nuit de vendredi à samedi sont partis de l’aéroport international Blaise Diagne au sud-est de Dakar.
A Dakar, ils étaient hébergés dans des tentes au stade Léopold Sédar Senghor, selon la même source qui précise que ces derniers ont été raflés mercredi à travers la capitale sénégalaise. D’autres ressortissants également raflés mercredi, ont été hébergés eux par le Samu social à Dakar et attendaient d’être rapatriés samedi matin. Un autre vol est attendu à Niamey samedi au départ de Dakar.
Selon un responsable du Samu social de Dakar, environ 335 migrants étaient présents vendredi soir sur leur site. Parmi les migrants se trouvaient des bébés et des personnes âgées.
Un homme de 70 ans, Enoussa Ayouba, a confié qu’il ne souhaitait pas retourner à Niamey, après s’être rendu à Dakar il y a trois semaines, avec ses deux femmes et leurs six enfants. Il espérait trouver de meilleures conditions de vie. Outre le Samu social, la Croix Rouge était également présente auprès des migrants à Dakar.
Le Niger, particulièrement sa partie ouest, est frappée par une grave crise alimentaire en raison de la sécheresse et des violences jihadistes empêchant les paysans de cultiver leurs champs, selon l’ONU et les autorités.
D’autres opérations sont en cours pour ramener d’autres Nigériens refoulés des pays voisins comme l’Algérie avec l’appui des partenaires.
- BA