Le gouvernement sénégalais a annoncé l’annulation d’un contrat de 700 millions d’euros signé il y a trois mois sous l’ancienne présidence avec le groupe saoudien Acwa Power. Le contrat portait sur la fourniture d’eau et la construction d’une usine de dessalement.
Cheikh Tidiane Dièye, ministre chargé de l’Eau, a expliqué que : « Ce projet ne rentre pas dans les options stratégiques du gouvernement. Nous avons décidé de ne pas le poursuivre. » Il s’agit du premier contrat de cette ampleur avec une entreprise étrangère à être annulé publiquement par les nouvelles autorités depuis l’élection de Bassirou Diomaye Faye à la présidence en mars dernier. Ce dernier a exprimé son intention de réexaminer les accords existants dans divers secteurs pour s’assurer qu’ils servent les intérêts nationaux et respectent la régularité.
Le partenariat public-privé entre la Société nationale des eaux du Sénégal (Sones) et Acwa Power avait été signé fin mars, durant les derniers jours de la présidence de Macky Sall. Ce projet, présenté comme l’un des plus importants investissements privés au Sénégal, impliquait un investissement de 459 milliards de francs CFA, pour la construction et l’exploitation d’une seconde usine de dessalement d’eau de mer. L’État sénégalais devait acheter l’eau produite.
L’usine devait être située près du Lac Rose, à l’est de Dakar, et produire 400 000 m³ d’eau par jour pour répondre à une demande croissante, notamment dans la capitale. Dakar, qui connaît une forte croissance démographique, concentre sur 0,3 % du territoire un cinquième de la population sénégalaise et presque toutes les activités économiques.
Le ministre Cheikh Tidiane Dièye a déclaré à la télévision privée 2S TV que « le contrat n’est pas conforme aux intérêts de notre pays ». Le Sénégal aurait dû payer entre 20 et 40 milliards de francs CFA par an pour l’achat de l’eau, une charge financière lourde compte tenu de la technique utilisée pour produire l’eau et de l’absence d’études environnementales adéquates.