Le Rapport de certification de la Cour des comptes sur l’état des finances publiques a été rendu public. Ce qui ressort de cet exercice, c’est qu’il y a un net écart entre les chiffres. Par exemple, l’endettement est de 18.558 milliards et quelques alors que l’on nous parlait de 13 mille milliards environs. Les dépenses étaient de plus de 21 milliards là où les recettes déclarées étaient de plus de 16 mille milliards.
Il y aura, d’après Me Abdoulaye Tine qui a parcouru le rapport, des attachements irréguliers de recettes, une non-exhaustivité des recettes à recouvrer, sur ce qui, pour lui, jettent un doute sur la véracité des chiffres. A l’en croire, il s’agit d’irrégularités au niveau de la compatibilité qui corroborent les inquiétudes du Premier ministre Ousmane Sonko. Sauf que ce dernier n’a fait qu’émettre des inquiétudes. Il a accusé le régime précédent de malversations de chiffres. Or, les écarts constatés sont certes importants, mais cela ne signifie pas forcément qu’il y ait maquillage de chiffres.
Des erreurs comptables et autres actes d’omission sont bien possibles. Même si le rapport met en avant des recettes non-reportées de l’ordre de plus de 100 milliards et des transferts effectués hors du cadre budgétaire normal, il n’en demeure pas moins vrai que la mauvaise foi des autorités publiques n’est pas forcément en cause. Et ceci parce que tout simplement ils ne sont pas des comptables publics et que ces opérations relèvent des techniciens en la matière.
Bien sûr, il se peut que ces autorités aient été de mauvaise foi et que l’orthodoxie financière n’ait pas toujours été respectée Mais, cela engagerait, au premier chef, la responsabilité des comptables publics. En clair, les chiffres ont parlé et ont révélé des écarts. Mais ces derniers ne rendent pas forcément compte des maquillages. Le Premier ministre aurait dû avoir un ton plus modéré et relever ces écarts sans tirer des conclusions hâtives.
Le ton mesuré de Me Tine est celui qui sied en la matière au risque de jeter le discrédit sur le Sénégal et sur ses institutions. Car, le Sénégal a trop souffert d’une polémique politicienne à propos de chiffres qui remettent en cause la crédibilité de nos institutions et partant de notre pays. Les Finances publiques étant trop complexes, les écarts entre les chiffres pourraient ne pas être rares.
Assane Samb