En fin de semaine dernière, les deux extrémités du monde, l’Antarctique et l’Arctique, connaissaient en même temps une véritable surchauffe : il n’a d’ailleurs jamais fait aussi chaud depuis le début des relevés météo dans certaines zones du pôle Sud.
Les deux pôles de la Terre sont actuellement confrontés à des températures extrêmement élevées depuis quelques jours. En Antarctique et en Arctique, les températures étaient supérieures aux moyennes de saison de plus de 30 °C la semaine dernière.
Record absolu de chaleur en Antarctique
Alors que l’Antarctique s’apprêtait à entrer en automne (les saisons étant inversées dans l’hémisphère Sud par rapport à l’hémisphère Nord), un record de chaleur a été battu vendredi 18 mars : la station de Concordia, située à 3.234 mètres d’altitude, a enregistré -12,2 °C, soit près de 40 °C au-dessus des moyennes saisonnières. Il s’agit de la température la plus élevée enregistrée là-bas tous mois confondus.
En Terre Adélie, la base Dumont d’Urville a enregistré un record de douceur pour un mois de mars, avec 4,9 °C, et une température matinale record de 0,2 °C. Dans certaines zones du même continent qui manquent de données météo précises, il est même possible que les températures aient atteint des valeurs situées 50 °C au-dessus de la normale ! Ces températures sont exceptionnelles car, à cette époque de l’année, la température est censée rapidement chuter de jour en jour après le solstice d’été de décembre. De manière plus globale, la température moyenne enregistrée sur tout le continent de l’Antarctique vendredi 18 mars se situait 4,8 °C au-dessus de la moyenne 1979-2000 selon Climate Reanalyzer.
Pourquoi une telle augmentation des températures vendredi dernier ? La faute à une rivière atmosphérique, une bande d’humidité qui circule dans l’atmosphère et atteint parfois certaines terres. Si ce phénomène n’est pas rare, il est par contre exceptionnel qu’il concerne l’Antarctique, comme l’explique Gaétan Heymes, météorologue de Météo France spécialiste de l’Antarctique : « La rivière atmosphérique transporte de grandes quantités de vapeur d’eau, de l’océan Austral vers l’Antarctique. Cette région est un désert de glace avec peu de vapeur d’eau et cette vapeur d’eau augmente l’humidité, donc la neige et la nébulosité, ce qui élève les températures. La vapeur d’eau fait d’ailleurs partie des gaz à effet de serre qui contribuent au réchauffement climatique. »
L’Arctique aussi concerné par des températures 30 °C au-dessus des moyennes
À l’autre extrémité de la Planète, l’Arctique affiche également des températures anormalement élevées, avec des températures presque positives au pôle Nord. Un événement exceptionnel pour cette période de l’année. Rappelons que ces deux zones, l’Antarctique et l’Arctique, sont situées aux deux pôles de la Planète et connaissent donc des saisons différentes : l’automne au pôle Sud, et le printemps au pôle Nord.
Il est donc particulièrement étonnant d’avoir des températures aussi élevées, 30 °C au-dessus des moyennes sur certaines zones des deux pôles, avec déjà une fonte de la glace localement, en même temps des deux côtés. Le jour où l’Antarctique affichait un écart de 4,8 °C par rapport à sa moyenne, l’Arctique affichait un écart global de 3,3 °C comparé à la même période (1979-2000). Au niveau mondial, la Planète affichait vendredi dernier un écart de 0,6 °C comparé à la moyenne. Les deux extrémités du globe se réchauffent en effet plus vite que le reste du monde, en particulier l’Arctique pour lequel ce réchauffement est 2 à 3 fois plus rapide qu’ailleurs sur le globe selon la NOAA.