Au moment où la guerre Russie-Ukraine bat son plein et qu’au Proche Orient, le conflit entre dans une nouvelle phase d’escalade, le Front Polisario revendique une attaque dans la localité de Smara, à quelque 200 km de Laâyoune. Un modus operandi sans doute nouveau qui plonge ce conflit vieux de plus de 50 ans, dans une nouvelle phase. L’attaque a visé des habitations civiles et tué une personne Hamza Jeafri et en a blessé trois autres dont deux dans un état jugé grave.
Une situation qui a poussé l’Association des Saharaoui-Marocains du Sénégal dirigée par Brihmani Abderkader, à réagir vigoureusement pour condamner, par voie de presse, ce qu’elle considère comme ‘’un acte terroriste pur et simple’’. Ces Saharoui-marocains, bien intégrés au Sénégal mais très au fait de la situation dans leur pays, interpellent les Nations-Unies pour une résolution rapide et définitive d’un conflit qui a déjà causé la mort de plusieurs personnes et paralysé en profondeur l’économie de toute une région.
Pour ces derniers, il ne faudrait pas qu’avec ce qui se passe au Proche-Orient et en Ukraine, le Sahara soit oublié. Car, le plan de proposition de sortie de crise du Maroc leur semble la seule alternative plausible même si le Polisario parle de référendum d’autodétermination. Bien sûr, tout de suite après l’attaque de Smara, les Nations-Unies qui étaient dans la dynamique de renouvellement de sa mission dans la zone (renouvellement d’un an du mandat de la Minurso), sera encore le nouveau théâtre, comme souvent le cas, d’une bataille diplomatique et communicationnelle entre le Maroc et l’Algérie. Mais il faudra aller beaucoup plus en profondeur pour trouver une solution définitive. Car, cette nouvelle forme de violence avec le lancement de projectiles sur des habitations selon plusieurs sources, n’augure rien de bon quant au futur.
Les Saharaouis-Marocains du Sénégal sont, de la part, formels et assimilent le Front Polisario à Al Qaeda. Si leurs craintes sont confirmées, les civils dans ces zones pourraient être les nouvelles cibles de ce genre et faire entrer ce conflit dans une nouvelle phase. Or, le conflit dans la zone a de nombreuses implications géopolitiques avec les relations devenues exécrables entre le Maroc et son voisin Algérien qui soutient le Front Polisario. Déjà dans le passé, le conflit entre le Polisario et la Mauritanie avait coûté son poste à Mactar Ould Daddah, le père de l’indépendance mauritanienne. Le problème est qu’aujourd’hui, les médias sont tellement focalisés sur les conflits dans les autres zones du globe que le Sahara est souvent oublié. C’est pourtant toute une zone large et riche en minerais et en ressources naturelles comme le poisson qui voit ainsi ses chances de développement hypothéquées par un conflit qui date depuis plus de 50 ans.
Le Roi Mohamed VI considère la souveraineté du Maroc non-négociable. Et les indépendants ne sont pas, eux-aussi, prêts à lâcher du lest. Seule la rencontre de tous les protagonistes et de leurs alliés autour d’une table, sous l’égide des Nations-Unies peut faire ramener la paix. Car, il est inadmissible d’entrer dans une nouvelle phase où les civils seraient attaqués et tués sans que le monde entier ne réagisse pour une solution négociée et définitive.
Assane Samb