La corruption a toujours prévalu au Sénégal. Mais, depuis quelques jours, les scandales relayés par la presse font frémir le citoyen lambda confronté à une cherté mal contrôlée des prix des denrées de première nécessité.
A la Société nationale de raffinage, ce gré à gré de 200 milliards, a fini de créer un malaise réel avec des tentatives d’explication dans un communiqué qui a du mal à convaincre. Les mêmes réalités sont observées à la Poste qui ploie sous le coup des recrutements de complaisance, de supposés détournements de fonds. Et le Crédit mutuel du Sénégal est lui aussi sous le feu des projecteurs, pratiquement pour les mêmes raisons. Il n’est pas rare en effet de voir étalées dans la presse des fautes de gestion qui concernent des milliards généralement de fonds publics que nous acquérons grâce à l’endettement ou d’autres méthodes similaires comme l’émission d’obligations internationales, etc.
Et les rapports des institutions de contrôle sont là pour en attester. Nous ne sommes nullement des champions en matière de bonne gestion surtout dans le secteur public ou le terme ‘’tong tong’’ ou partage du gâteau est souvent usité. Et pour cause ! Des prévaricateurs de nos ressources sont souvent protégés et même promus à des postes de responsabilité importants si tant est qu’ils sont avec les autorités en place et non dans l’opposition. Du fait de l’opportunité des poursuites entre les mains certes du Parquet mais également de son supérieur de l’Exécutif, n’importe qui n’est pas poursuivi parce que simplement pèsent sur lui des indices graves et concordants de nature à pouvoir aider à faire établir sa culpabilité.
Manifestement, des gens se sentent protégés. Et de ce fait, tous ceux qui, dans l’opposition étaient dans cette situation de ‘’possible coupables’’ sont tentés de changer de camp pour rejoindre la majorité. Donc, le vrai problème que nous avons, c’est l’impunité. Avec la transhumance, aucun délinquant à col blanc ne saurait être poursuivi sauf s’il s’entête, comme Khalifa Sall et Karim Wade, à rester dans l’opposition. Certes, c’est une méthode subtile de tenir en respect son opposition et de la fragiliser, mais, c’est une démarche dangereuse d’encouragement de la corruption. Or, c’est un secret de polichinelle, avec cette forme de délinquance, le pays ne connaître jamais le développement. Car ceux qui accèdent aux ressources puisent des milliards qu’ils ne peuvent même pas dépenser.
Or, tout cela veut également dire que tous nos mécanismes de prévention et de lutte contre la corruption sont inappropriés. Nous avons échoué à maitriser l’hémorragie. Eh bien, c’est elle qui est la source de tous nos maux. Car, aujourd’hui, les sénégalais vivent un mal-être systémique avec en toile de fond une pauvreté endémique parce que structurelle. Nos gouvernants agissent comme s’ils ont peur de prendre des mesures courageuses de correction comme la lutte contre la corruption, l’autosuffisance alimentaire, l’utilisation des énergies alternatives comme le soleil, le vent, la multiplication des partenaires et le gagnant-gagnant dans les relations avec les Etats-tiers.
La mal-gouvernance, la corruption et la délinquance à col blanc en général sont de véritables fléaux chez nous parce qu’ils oblitèrent tous nos efforts de développement. Cela fait qu’une minorité s’enrichie d’une façon insolente grâce ce que l’on appelle ‘’la politique’’ et que la grande masse reste dans une pauvreté voulue et entretenue.
Un système qui, d’ailleurs ne peut continuer. C’est dire que si nous ne tirons pas les leçons et faisons exactement pareil avec les ressources du gaz et du pétrole, un jour, il faudra se résoudre à accepter la révolution dans nos murs. Avec tout ce que cela peut induire comme conséquences au niveau de la stabilité du pays.
Assane Samb