La décision souveraine des autorités américaines de suspendre l’aide internationale destinée aux pays nécessiteux doit faire réfléchir plus d’un. En effet, beaucoup y voient la nécessité, pour les États africains, d’œuvrer à se faire passer de l’aide internationale. Et ils ont sans doute raison même si tout le monde sait que ce sera très difficile voire impossible.
Toutefois, il faudra pousser la réflexion beaucoup plus en profondeur et saisir l’occasion pour repenser la coopération internationale. Se faisant, il ne s’agira pas de dicter aux Etats leurs politiques internationales ou leurs diplomaties. Ça ne sera pas évidemment possible au regard des enjeux géopolitiques qui les sous-tendent. Mais il s’agit plutôt de bannir certains termes de ces relations comme « l’aide ». Car, au fond, il s’agit d’un soutien intéressé. Car, en réalité, rien n’est gratuit. Tout se payera d’une façon ou d’une autre.
Du coup, les Etats qui pensent aider ont avec ceux avec qui ils ont ces types de relations, des liens privilégiés qui justifient leurs actions. La preuve, trop souvent, les pays faibles négocient mal les contrats qui sont en général léoniens et en échange, ils appuyent pour essayer, dans une certaine mesure, de compenser le gap ainsi créé.
De leurs côtés, les dirigeants des pays faibles ferment les yeux et accordent à ces Etats-amis, des privilèges comme la primauté sur l’accès à des ressources comme les matières premières ou l’ouverture d’opportunités pour les hommes d’affaires et les ressortissants des pays amis. Voilà ce circuit complexe qui caractérise les relations internationales où rien n’est gratuit. Les Etats ne font que poursuivre leurs intérêts.
Vue sur cet angle, la décision de Trump ne fera alors qu’affaiblir l’influence américaine dans le monde surtout en Afrique. Et c’est pour cette raison qu’elle sera repensée. Car, en réalité, cette aide était l’autre visage de la diplomatie et favorisait le rayonnement des États-Unis dans le monde.
Assane Samb