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Le leader de Pastef Ousmane Sonko s’est distingué dans la campagne en décidant d’écarter des micros tendus, celui de la Radiotélévision sénégalaise (Rts). C’était lors d’un meeting. Une façon sans doute pour lui de protester contre le traitement de l’information par ce médium public qu’il juge impartial. Un état de fait qui n’a laissé aucun journaliste indifférent et qui mérite que l’on s’y attarde.
Il faut d’emblée souligner que le fait n’est pas nouveau même si cela ne justifie rien du tout. A Thiès en 2012, Youssou Ndour avait eu une attitude presque similaire vis à vis de la Rts. Me Abdoulaye Wade aurait une fois au moins agi de la sorte. Bref, entre la Rts et l’opposition sur tous les régimes, les relations ont été loin d’être bonnes. Et avec la présence du Directeur général Racine Talla, un cacique du régime, cela n’a pas arrangé les choses sous le magistère de Macky Sall. Toutefois, aucun leader politique, quelles que puissent être ses raisons, n’est fondé à agir de la sorte avec un journaliste ou technicien des médias. Pour la simple raison qu’il ne faut pas se tromper d’adversaire. Le journaliste fait son travail de collecte et de traitement de l’information. Ce qu’il en fait après, cela dépendra de sa conscience professionnelle et de la ligne éditoriale de son organe de presse. Des données qui ne regardent pas les hommes politiques. Ces derniers empêtrés dans une rivalité permanente ont pour souci de séduire l’opinion publique, ce qui fait que le journaliste est perçu soit comme un allié soit comme un adversaire. Ce qui est une simple perception. Car si le journaliste fait bien son travail, son souci ne sera ni de plaire ni de déplaire, mais d’informer juste et vrai, c’est à dire de bonne foi.
Or, si l’opposition estime que la Rts n’adopte pas un traitement équitable de l’information et qu’ils sont désavantagés, ce qui est loin d’être faux, le fait d’écarter leur micro serait paradoxal. Car, comment corriger ce déséquilibre si la Rts ne peut pas tendre son micro à un opposant?
En clair, il faut laisser les journalistes et les techniciens faire leur travail et que chacun reste dans son rôle. Car, l’autre paradoxe est d’écarter le micro de la Rts et le soir d’y aller pour enregistrer des messages. Néanmoins, il serait également judicieux et profitable à notre démocratie, que ce médium public fasse des efforts dans le sens de l’équilibre dans le traitement. Une remarque qui ne s’adresse guère aux journalistes et animateurs qui sont d’un professionnel qui forge le respect. Mais c’est au niveau des autorités de tutelle comme le pouvoir en place de permettre à la Rts de laisser une place importante à l’opposition dans ses programmes. La radio d’ailleurs fait des efforts appréciables à ce niveau. Il serait alors heureux que la télévision suive.
C’est dire que si les critiques de l’opposition sont fondées, son attitude parfois est à condamner parce que pouvant exposer le personnel de la Rts ou de tout autre organe de presse, à la vindicte populaire.
En somme, notre expérience démocratique recèle encore des tares que nous devons tous corriger en se disant que nous sommes tous responsables des failles et que c’est seulement en faisant des efforts collectifs que l’on en arrivera à la parfaire au grand bénéfice de tous les sénégalais.
Assane Samb
