Les 17 et 18 février 2022, l’Afrique et l’Europe se retrouvent pour un sommet à Bruxelles, en Belgique. Au menu des discussions : les investissements et le nouveau partenariat Europe-Afrique.
Le Président Macky Sall, en sa qualité de Président en exercice de l’Union africaine, prend part, les 17 et 18 février 2022, à Bruxelles, au 6e Sommet Europe Afrique reporté de près de deux ans à cause de la pandémie de Covid-19. Et à cet effet, la question des investissements sera au cœur des discussions. D’autant plus que, chaque année, l’Union européenne investit, en Afrique, pas moins de 20 milliards d’euros de subventions par an, compte non tenu des prêts.
Dans le cadre du Global Gateway, la stratégie globale d’investissements dédiée aux infrastructures stratégiques mais aussi des secteurs majeurs tels que la Santé, la Jeunesse et l’Education, plus de 150 milliards d’euros ont été mobilisés, deux mois seulement après le lancement de ladite stratégie. En outre, pour une coopération féconde avec l’Union européenne et le reste du monde, le Président Macky Sall a déjà pris le « lead » pour l’établissement de relations gagnant-gagnant. C’est à ce titre qu’il porte le plaidoyer sur la transition énergétique dans le contexte de la lutte contre le réchauffement climatique et l’allocation de Droits de Tirages Spéciaux (DTS). Pour rappel, en marge de la COP 26 de Glasgow, des pays ont unilatéralement pris la décision de mettre fin au financement extérieur d’énergies fossiles, même propres comme le gaz, alors que certains parmi eux continuent d’utiliser des sources aussi polluantes que le charbon et le fuel. Cette décision intervenant au moment où d’importantes découvertes de ressources pétrolières sont faites dans le continent africain, le Président Macky Sall plaide pour une transition énergétique juste et équitable. Concernant les Droits de Tirages Spéciaux, après l’émission historique de DTS à hauteur de 650 milliards de dollars, l’Afrique a pu disposer de son quota de 33 milliards de dollars pour renforcer sa résilience. C’est un acquis considérable, mais le Président sénégalais a décidé de poursuivre le plaidoyer au regard de l’impact de la crise mondiale sur le continent. Car, l’Afrique a besoin d’un financement additionnel d’au moins 252 milliards de dollars, d’ici à 2025. Ainsi, le chef de l’Etat demande la réallocation de 100 milliards de dollars de DTS de pays riches, en faveur des pays africains, selon des modalités à convenir. En outre, il propose qu’en plus du FMI, qu’une partie des DTS soit réallouée via la BAD, compte tenu de son expérience dans le financement du développement en Afrique.
Sénégal-UE : Une coopération gagnant-gagnant
Les relations entre le Sénégal, l’UE et ses Etats membres sont entretenues par un dialogue politique régulier, prévu par l’article 8 de l’Accord de Cotonou. Entre 2014 et 2020, le montant de l’Aide au développement européenne au titre du Fonds européen de développement (FED) était de 347 M€. Les trois secteurs prioritaires de cette aide concernent la gouvernance démocratique, le développement agricole durable et la sécurité alimentaire et l’accès à l’eau et à l’assainissement. En 2021, le FED est remplacé par le NDICI (Instrument de voisinage, de développement et de coopération internationale de l’UE), doté de 79,5 Mds € sur sept ans, (2021-2027). Dans le contexte de relance post-Covid, les relations entre le Sénégal et l’Union européenne ont été renforcées. L’UE s’est mobilisée en faveur de l’accès au vaccin contre la Covid-19 sur le continent africain et soutient particulièrement le projet MADIBA (Manufacturing in Africa for Disease Immunization and Building Autonomyn) de l’Institut Pasteur de Dakar. A travers ledit projet, l’Institut Pasteur de Dakar va permettre au Sénégal d’effectuer un grand bond vers la souveraineté sanitaire telle que déclinée dans le PAP2A (Plan d’actions prioritaires ajusté et accéléré), avec la production de ses premiers vaccins, d’ici le mois de juin 2022. L’objectif est de fabriquer chaque année jusqu’à 300 millions de doses de vaccin contre la COVID-19 qui seront utilisées sur tout le continent africain.
A signaler que l’UE et l’UA vont vers un partenariat rénové intervenant dans un contexte particulier notamment marqué par la relance de l’économie mondiale après la crise sanitaire causée par la Covid 19. Ce 6e Sommet offre ainsi une belle occasion pour jeter les bases d’un partenariat renouvelé et approfondi entre l’UA et l’UE fondé sur la confiance, la responsabilité et une compréhension claire des intérêts mutuels. L’objectif étant de lancer un ambitieux paquet d’investissements Afrique-Europe en tenant compte des défis mondiaux tels que le changement climatique et la crise sanitaire actuelle. Plusieurs tables rondes thématiques sont prévues pour débattre de thématiques d’intérêt commun comme le financement de la croissance, les systèmes de santé et production de vaccins, l’agriculture et le développement durable, l’éducation, la culture et la formation professionnelle, entre autres… Le changement climatique et la transition énergétique, [connectivité et infrastructure] numériques et en matière de transports Les chefs d’État ou de gouvernement de l’UE et de l’UA participeront aux tables rondes avec des experts dans leurs domaines respectifs. A la fin des travaux, une déclaration conjointe sur une vision commune à l’horizon 2030 sera adoptée.