Avec la flambée des matières premières, et notamment le blé, le risque d’une insécurité alimentaire plane sur l’Afrique et le Moyen-Orient, notamment, alerte l’OCDE.
La guerre en Ukraine brise l’élan de la reprise mondiale. Elle devrait amputer la croissance mondiale d’environ 1 point de pourcentage et gonfler l’inflation de 2,5 points, selon les estimations de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), publiées jeudi 17 mars.
« La crise se manifeste déjà par une hausse des prix de l’énergie, des denrées alimentaires et de certains métaux », souligne Laurence Boone, l’économiste en chef de l’OCDE. L’organisation basée à Paris, qui tablait en décembre dernier sur une croissance mondiale de 4,5 % en 2022, a annulé la publication de ses prévisions, prévues début mars, en raison des incertitudes élevées qui pèsent sur la conjoncture.
Les craintes d’une pénurie de blé, dont le tiers des exportations dans le monde proviennent d’Ukraine et de Russie, ont fait bondir les cours. Ils se sont envolés de 70 %, quelques jours après l’offensive militaire russe, alors qu’ils avaient déjà doublé au cours des deux dernières années. L’OCDE anticipe, pour 2022, une baisse des exportations de blé dans le monde, comprise entre 7 % et 12 %, et entre 5 % et 7 % pour les autres céréales.
Ces tensions sur les marchés entraînent une hausse de l’indice des prix des produits alimentaires, l’indicateur de référence établi par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, aujourd’hui à des niveaux record. Celui-ci a dépassé, en février, les 140 points, alors qu’il frôlait les 90 points en 2016.
Une hausse qui fait craindre une aggravation de l’insécurité alimentaire dans les régions d’Afrique et du Moyen-Orient, où des pays comme l’Egypte importent 80 % de leur blé de Russie et d’Ukraine. « Il est toutefois possible de combler en partie la baisse des exportations russes et ukrainiennes en augmentant ailleurs les cultures de céréales de printemps et en évitant les restrictions aux exportations », estime Mme Boone. Ces restrictions se sont multipliées, aggravant les risques de pénuries. Après la Hongrie et la Moldavie, la Russie a annoncé, mercredi 16 mars, vouloir limiter ses exportations de blé pour garantir sa sécurité alimentaire.