Limamou Thiaw, jeune lébou de surcroît illettré, a fait rayonner Yoff et la presqu’île du Cap-Vert par un appel à la fois cultuel et ésotérique: Adjibo Dahila Lahi…. Il a exhorté les hommes et les djinns à répondre à l’appel de Dieu. Il a insisté sur le fait qu’il était le Mahdi attendu pour purifier la religion et remettre les choses à l’état en guidant les fidèles musulmans dans la voie de la droiture et de la résilience.
L’appel a aujourd’hui 145 ans. Et comme il l’avait prédit, ses adeptes ne cessent d’augmenter et ses comptempleurs encore plus nombreux. De l’enseignement de Baye Laye, on peut retenir, essentiellement, le bannissement des clivages de toutes sortes et de la stratification sociale, une des caractéristiques de la société africaine. Il écarte toute idée de caste, a instauré une société égalitaire avec le culte du zikr et du travail dans la solidarité et l’amour de l’autre. Il a aussi affronté l’ordre colonial, a séjourné un peu plus de trois mois à Gorée en détention avant d’être libéré à la faveur d’un non-lieu.
Les enseignements de Baye Laye ont été complétés par son fils Seydina Issa Rohou Laye dont la photo est connue de tous parce que Limamou n’a jamais pu être photographié, un des signes de son érudition. Ses sermons peuvent être consultés sur internet.
Un homme multidimensionnel qui continue à marquer les sénégalais et le monde entier.
Le disciple layène n’est certes pas parfait, mais il se distingue là où il est par sa droiture, son honnête, son sérieux, sa sympathie et sa grande dévotion. C’est tout le sens de l’Appel : Se rappeler de lui et de ses enseignements. Étant entendu que ni lui ni ses fils Issa et Mandione n’avaient organisé d’Appel. La fête des Layènes, c’est la korité. Toutefois, il était bon, d’instituer de telles journées de commémoration pour rassembler les fidèles et se souvenir de ses enseignements.
Assane Samb