Dakar est à la croisée des chemins dans le cadre de la 69e session ordinaire de la Commission des droits de l’homme et des peuples. Une occasion pour les acteurs de se pencher sur la situation du respect des droits de l’homme et des couches vulnérables.
La 69e session de la Commission, la dernière cette année, intervient à un moment critique. La pandémie de Covid-19 a mis en évidence des inégalités économiques flagrantes ainsi que la faiblesse des systèmes de protection sociale des gouvernements africains et leur incapacité à garantir les droits de leurs populations à la sécurité sociale et à un niveau de vie suffisant. Parallèlement, de nombreux autres problèmes préexistants, dans le domaine humanitaire et des droits humains, ont persisté.
Tous ces problèmes sont aggravés par le fait que les États membres de l’UA donnent la priorité à la politique -par rapport aux droits humains, dans le cadre de leur engagement vis-à-vis de la CADHP. A en croire Mamadou Saliou Sow, secrétaire d’Etat auprès du Garde des sceaux, Ministre de la Justice, chargé des droits humains et de la bonne gouvernance, cette soixante-neuvième (69ème) Session ordinaire se tient au moment où l’on célèbre le 40ème anniversaire de l’adoption de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples. « Elle offre ainsi l’opportunité de jeter un regard, à la fois rétrospectif et prospectif, sur la situation des droits de l’homme en Afrique. En effet, apprécier les progrès réalisés, identifier les défis à relever, bref, mesurer le chemin parcouru et celui qui reste à faire, est un exercice auquel nous devons nous soumettre en permanence, si nous voulons faire du respect et de la protection des droits humains, une réalité effective partout sur le continent », dit-il.
Dans le même ordre d’idées, ce dernier a laissé entendre que « nous devons, certes, nous féliciter des avancées enregistrées et qui sont indéniables, il faut le dire. Mais, nous devons surtout avoir en ligne de mire les actions et les stratégies qui nous permettront de venir à bout des menaces et atteintes aux droits et libertés garantis par la Charte. Nous ne pouvons plus nous contenter de dénoncer les violations des droits et libertés sur le continent, surtout qu’elles affectent particulièrement les personnes déjà vulnérables. » Et d’ajouter : « Je fais allusion aux enfants, aux personnes handicapées et âgées, aux femmes, aux réfugiés et déplacés, aux migrants et aux personnes détenues. Toutes ces personnes voient leurs conditions de vie, j’allais dire de survie, se dégrader fortement et parfois, de façon irréversible, à la survenance de crises politiques, sécuritaires, économiques, sanitaires ou autres. Si le combat reste le même, les stratégies gagneraient à être réadaptées, les efforts davantage conjugués, le mal attaqué à sa source.
Promouvoir et protéger les droits humains, c’est contribuer, peut-être même assurer, le bien-être des populations, selon M. Sow. Pour ce dernier, nous devons donc investir davantage dans les droits humains. C’est à cela que les Etats parties à la Charte et les autres acteurs sont appelés.
« La criminalisation du viol et de la pédophilie, la modification du Code de la nationalité pour permettre à la femme de transmettre sa nationalité à ses enfants, la « carte d’égalité des chances », la couverture maladie universelle, les bourses de sécurité familiale, la construction et la réhabilitation des établissements pénitentiaires, la mise en place du bracelet électronique, sont autant d’initiatives qui illustrent, de façon éloquente, l’importance que le Gouvernement accorde à la promotion et à la protection des droits humains, en particulier ceux des personnes vulnérables », indique notre interlocuteur. Cette rencontre devrait se poursuivre et aboutir à une résolution.
MOMAR CISSE