Le monde entier célèbre En ce 10 mars particulièrement à Touba célèbre le Magal de Kazu Rajab, commémorant la venue au monde de Cheikh Mouhamadou Fadel Mbacké, plus connu sous le nom de Serigne Fallou ou Galass.
Un des signes distinctifs par lesquels on identifie le croyant véritable est la résignation devant les arrêts divins, si cruels puissent-ils paraître.
Ainsi, lorsque le 13 juillet 1945, Serigne Mamadou Moustapha fut ravi à l’affection de la Communauté Mouride, ce fut avec une douleur, indicible certes mais avec une totale soumission à la volonté de Dieu que le pays tout entier vécut l’événement. Son frère cadet (de six mois), Serigne Mouhamadou Fadilou fut porté au Khalifat car la flamme allumée par Khadimou Rassoul ne saurait vaciller.
Celui là, dont le souvenir reste toujours vivace plus d’un demi siècle après son rappel à DIEU, allait marquer son temps.
Tout en cet homme exceptionnel que nous appelons affectueusement et respectueusement Serigne Fallou ou El Hadji Fallou, porte les signes d’une sainteté incontestable. D’abord sa naissance qui eut lieu en 1888 à Darou Salam, exactement la vingt septième nuit du mois lunaire de Rajab. (ndeyi koor dans le calendrier local).
C’est la date anniversaire du voyage nocturne du Prophète (en compagnie de l’Ange Gabriel) dont il ramena le rituel des cinq prières, si fondamental en Islam. Le Magal du Kazu Rajab qui marque son anniversaire est un événement très connu, où se pressent des centaines de milliers de talibés fervents.
Ensuite il faut noter la réaction du Cheikh quand il fut informé de cette naissance. Il aurait alors vivement exprimé sa gratitude à Dieu en concluant que si ce nouveau né n’était pas apparu dans sa famille, il se serait mis à sa recherche pour aller le retrouver, où qu’il puisse être.
Enfin il faut ajouter le pèlerinage qu’il accomplit à la Mecque. Les circonstances de ce séjour en terre arabe furent telles qu’il eut beaucoup de peine à rentrer à TOUBA : les gens de la Mecque ne voulaient plus s’en séparer, ayant découvert en lui une érudition et une sainteté exceptionnelles. Déjà, tout enfant, Serigne Fallou avait commencé à se signaler comme un être d’exception.
Sa mère Soxna Awa BOUSSO appartient à une famille d’érudits qui a donné plusieurs imams à TOUBA. C’est avec une aisance surprenante que dès l’âge de huit ans, il se mit à l’apprentissage du Coran, sous la férule de Serigne Ndame Abdourahmane LO au daara dénommé ‘âlimun Xabîr, à environ cinq kilomètres de Touba. Son oncle paternel Serigne Mame Mor Diarra lui servit de professeur dans l’étude de la Théologie.
Sa formation dans les Sciences Religieuses fut complétée par le Cheikh lui-même, à son retour d’exil. Précisons qu’une bonne partie de cette formation eut lieu en Mauritanie, à Saout El Maa (Khomack), où le Cheikh avait été déporté et où le rejoignit Serigne Fallou en compagnie de Serigne Mamadou Moustapha et de Serigne Mor Rokhaya BOUSSO.
Aujourd’hui encore la vaste érudition de Serigne Fallou en arabe est évoquée avec admiration, de même que ses talents de poète et de calligraphe hors pair. Il est crédité d’une quarantaine de copies du texte sacré, dont vingt huit ont été directement offertes au Cheikh sous forme de don pieux (adiya).
D’ailleurs c’est avec la même émotion qu’on évoque encore sa grande maîtrise de ce texte à la lecture duquel il consacrait le plus clair de son temps. Cela n’est pas surprenant quand on sait qu’il a appris à maîtriser l’art du Tajwid auprès de Serigne Mame Mor Diarra, d’abord et de Serigne Mame Thierno Birahim MBACKE un autre frère de son père.
Un autre fait marquant de sa personnalité est son incommensurable dévotion, sa soumission inconditionnelle au Cheikh qu’il était loin de considérer comme un père mais plutôt comme son guide spirituel, son Maître. Pour comprendre cet attachement, cette soumission quasi indescriptible, rappelons un événement qui eut lieu à Khomack. Un matin, le Cheikh tint à son auditoire un discours qui peut se résumer ainsi : » Je ne suis ni le père, ni le frère, ni l’oncle d’aucun d’entre vous. Je suis une créature vouée au service exclusif de Dieu. Ceux d’entre vous qui auront choisi de m’accompagner sur ce chemin que j’ai réhabilité, ceux-là sont mes fils, neveux, frères et talibés . «
Ce guide charismatique a laissé le souvenir d’un homme convivial, doté d’un très grand sens de l’humain et particulièrement doué pour trouver le bon mot destiné à détendre l’atmosphère et à mettre à l’aise ses interlocuteurs.
Sous son magistère, la ville de TOUBA a connu un développement très important. En effet il a fait procéder au lotissement et à l’électrification de la cité tout en améliorant les infrastructures existantes. Il a fait bitumer les routes et a installé un premier forage à Darou Manan pour l’approvisionnement en eau. La Grande Mosquée porte sa marque indélébile : elle lui doit les cinq majestueux minarets qui la signalent à des kilomètres à la ronde et dont la plus grande est dénommée Lamp Fall, en hommage à Cheikh Ibra FALL.
A l’exemple de son Maître et de Serigne Mamadou Moustapha, le premier khalife, il a eu lui aussi, à créer des villages – Daara très prospères dont nous retiendrons : Ndindy, Madinatou Salam, Alieu Mbepp, Touba Bogo. Ces daara étaient le plus souvent supervisés par des anciens talibés de Serigne Touba.
Il est à noter que les revenus générés par ces exploitations ont été servis à financer la construction de la Mosquée ou à soulager les talibés (disciples) en difficulté ou encore à entretenir les nombreux Maures que le Cheikh a ramenés de son séjour à Khomack.
Cet être exceptionnel nous a quittés en 1968 pour rejoindre son Seigneur.
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