À la lumière des professions de foi des nouvelles autorités de notre pays, de l’optimisme ambiant qui s’est emparé du peuple et singulièrement de sa jeunesse, notre pays semble se tourner résolument vers une nouvelle philosophie politique. Cependant, on aura beau appeler à une justice véritable par la reddition des comptes, l’établissement de la vérité, la volonté farouche de construction d’une nouvelle société, tout cela ne sera possible qu’à partir d’un peuple éduqué, conscientisé sur les enjeux qui dominent le monde. On ne peut traverser le monde des ténèbres du sous-développement à la vitesse d’un météore sans donner à l’éducation la place qu’il y sied.
L’ignorance ne peut, en effet, servir de boussole pour un peuple qui se destine au progrès social et démocratique. Et là, nous convoquerons explicitement le philosophe Nietzsche qui, comprenant l’épistémologie du réel, affirma non sans raison que « le jour viendra où la politique ne se posera que des questions d’éducation ». Nietzsche voit là l’impasse dans laquelle allait s’embourber tout projet politique qui ne s’appuierait pas sur l’éducation, seule et unique soupape de sécurisation de toute volonté politique. Déjà, au 11e siècle, un pharaon prophétisait en affirmant qu' »un peuple sans éducation donne une nation faible ».
Voltaire, cet alerteur esprit des lumières déclarait au 18e siècle que « les peuples ont beaucoup plus besoin d’être éduqués que d’être dirigés ». Si aujourd’hui, nous manquons de vigilance, d’allure politique altière, de vertus patriotiques contrairement aux générations d’avant et des premières décennies d’après l’indépendance, si nous sommes devenus des citoyens paresseux, loquaces devant l’éternel, des corrompus et corrupteurs, des tricheurs devant le travail et l’exigence de vérité, c’est parce que nous avons banalisé l’éducation. Alors, aucun complexe à se faire ! Il faut renouer au plus vite avec l’éducation d’abord au sein du micro groupe social que constitue la famille, ensuite de la famille des éducateurs que constitue l’école, le meilleur ferment pour les victoires futures. Il y va de la santé vitale de notre République.
Osons relever ce défi d’une nouvelle école totalement décomplexée et qui accepte de renouer avec tous les éléments constitutifs qui font la grandeur d’une nation, sa culture, sa conscience historique, ses langues sinon cette infirmité congénitale qui a marqué et marque encore beaucoup de générations et singulièrement celles-là qu’on appelle intellectuelles, étouffera toutes les virtualités de notre peuple qui ne demande qu’à sortir au plus vite de son complexe culturel qui est une véritable entrave à son plein épanouissement. Il nous faut donc éviter les raccourcis qui jettent de la brume au peuple et redonner ainsi à l’éducation ce qu’elle ne devrait jamais cesser d’être, c’est-à-dire la véritable boussole de notre envol. Ensemble alors tous pour l’école !
Pour une nouvelle école, redonnons goût à l’éducation par les motivations matérielles, financières, morales, psychologiques. On ne le dira jamais assez, mais attention ! Dans cette perspective, et que l’on nous comprenne bien : cette nouvelle école n’acceptera pas tout le monde. Elle se passera volontiers des enseignants absentéistes, loquaces qui passent tout leur temps à organiser plus des journées de grève, de rétention de notes qu’à organiser des séances d’enseignement apprentissage efficaces et à se former individuellement.
À ce propos, tous les niveaux d’enseignement apprentissage sont interpellés et doivent faire leur propre mutation en subissant une formation, que dis-je, une sur-formation, des séances de recyclage en vue de s’adapter aux nouvelles méthodes d’enseignement apprentissage pour arriver ainsi à asseoir un nouvel humanisme pédagogique. C’est alors seulement qu’on comprendra qu’un peuple libre et intelligent est un peuple éduqué, organisé et que notre pays, le Sénégal, aura emprunté le chemin du salut, le chemin des grands de ce monde.
Par El Hadj Amadou Fall