Le chef de l’Etat a nommé Mamadou Badio Camara à la tête du conseil constitutionnel. Pourquoi le Président Sall a porté son choix sur l’ex président de la Cour suprême.
D’abord, confie-t-on en haut lieu, c’est parce que Badio Camara est l’un des magistrats les plus expérimentés du Sénégal. L’ancien président de la cour suprême faisait partie des 7 membres du conseil constitutionnel depuis sa nomination par le décret °2021-982 du 26 juillet 2021.
Mamadou Badio Camara, qui fut le premier président de la Cour suprême, a été Substitut du procureur, premier substitut au Parquet de Dakar, procureur de la République à Kaolack, puis à Ziguinchor… Ce n’était que le début d’une carrière fournie.
De la Cour d’appel de Dakar, il rejoint les hautes juridictions déjà avec la Cour de cassation et la Cour suprême où il devient Procureur général, puis Premier président en avril 2015. Mamadou Badio Camara est aussi un ancien expert des Nations unies, membre de la commission d’enquête sur la situation des prisonniers politiques au Burundi, ancien expert de l’Oif, projet Justice, Haïti, ancien vice-président du Comité des Nations unies contre les disparitions forcées, vice-président de l’Association des hautes juridictions de cassation des pays ayant en partage l’usage du français (Ahjucaf).
Avec ce pedigree, il peut incarner la sagesse d’un membre du Conseil constitutionnel.
Le nouveau président du conseil constitutionnel (né le 9 avril 1952, 70 ans), qui a quasiment gravi tous les échelons de la magistrature depuis son entrée en fonction en 1977, aura la lourde tâche (avec ses 6 autres paires du conseil) de statuer sur une éventuelle 3e candidature de Macky Sall.
Badio Camara, le Premier président de la Cour suprême « est l’un des principaux exécutants du complot politico-judiciaire dont je suis victime depuis six ans », écrivait le fils de Me Wade dans un texte au vitriol contre l’institution judiciaire, qualifiée notamment « d’annexe de palais présidentiel ».
« M. Badio Camara a participé récemment à plusieurs réunions nocturnes au Palais de la Républiques, tenues par Macky Sall en présence d’un membre du Conseil constitutionnel, du ministre de la Justice, et du ministre de l’Intérieur pour mettre à exécution le rejet arbitraire de mon inscription sur les listes électorales, et aussi organisé le rejet des recours que je pourrai introduire », affirme également Karim Wade. « Le moment est venu pour ces magistrats soumis aux ordres de Macky Sall d’être remplacés pour que notre pays retrouve une justice digne de ce nom », écrit-il encore.
Et de poursuivre, dans des propos peu amènes envers Badio Camara : « Incontestablement, le président de la Cour suprême a fait la preuve qu’il n’est ni impartial, ni indépendant ». « Il n’y a rien à attendre de cette Cour suprême actuelle », assène-t-il, avant de faire part de son intention de « saisir toutes les juridictions internationales pour faire respecter (ses) droits fondamentaux ». Avec toujours le même objectif : pouvoir concourir à la présidentielle, et battre Macky Sall.