L’épouse de l’ancien président Hissein Habré alerte sur l’état de santé de son mari avec les risques liés à la 3e vague du coronavirus qui fait des ravages dans le pays. Dans une lettre dont nous détenons copie, Fatimé Raymonne Habré invite les Ong et organismes de défense des droits de l’Homme à réagir avant qu’il ne soit trop tard.
Depuis la mi-novembre, l’état de santé de l’ancien président tchadien, âgé de 77 ans, est au cœur d’un bras de fer entre ses proches et les autorités sénégalaises. Détenu à Dakar depuis sa condamnation, en mai 2016, à la réclusion à perpétuité, notamment pour crimes contre l’humanité, son épouse craint pour sa santé.
Fatimé Raymonne Habré a ainsi adressé une lettre aux ONG et organisations des droits de l’Homme, à savoir la Raddho, le Forum du Justiciable, Afrikajom Center, la LSDH, l’ONDH, le Comité Sénégalais des droits de l’homme et Amnesty Sénégal pour alerter sur la santé du Président Hissein Habré. Dans ladite missive, elle indique qu’à plusieurs reprises, elle a eu à alerter sur sa préoccupation, son angoisse quotidienne face aux risques de Covid-19 pour son époux. «Je suis quotidiennement sur la route de cette prison, confrontée sans cesse à un environnement que je ne peux rendre plus sécure tellement les besoins sont constants. Les organismes de défense des droits de l’homme qui sont engagés à cette cause noble doivent s’inscrire dans le respect de la dignité humaine », tient-elle à rappeler. Fatimé Raymonne Habré est d’avis que tenant compte de son angoisse, aujourd’hui, la situation du Covid est grave et les risques sont énormes. «La contamination est incontrôlable et se poursuit dangereusement. Nos avocats ont exprimé leur préoccupation en révélant, à ma suite, que le Président Habré est hypertendu, diabétique, autrement dit, il est en danger. Malgré mes efforts, je n’ai pu obtenir plus d’humanité dans le traitement de cette affaire qui a, pendant longtemps, fait beaucoup de bruit mais qui est, aujourd’hui, une affaire de silence », s’indigne Fatimé Raymonne Habré. Et de poursuivre: «Le silence autour du non-respect des droits du Président Habré et de la mise en danger de sa personne face à cette poussée épidémique reste anormal. Je vous demande en conséquence de m’aider au respect du droit à la santé du Président Habré car la question de la dignité humaine est celle de la reconnaissance de l’humain de son corps, de son esprit et de ses capacités. Vous comprendrez aisément, qu’après 8 années de prison, de multiples tracasseries, de manque de soins adéquats, qu’il soit épuisé par cette détention et à bout ».
Très en verve, Fatimé Raymonne Habré martèle : «La hantise a fini de s’emparer de nous, dans ce contexte éprouvant et difficile avec le variant delta qui effraye toute la population. Je sais que vous avez agi en posant une pierre dans cette affaire Habré, mais agir avec humanité, c’est faire aussi preuve de modération morale. Je crois profondément que réguler la politique, en y intégrant un principe d’humanité, c’est arriver à atténuer sa logique interne parfois féroce et impitoyable. Le principe d’humanité a toujours fait partie de notre background culturel, de même, que le principe d’égalité pour être des sujets de droit, car un Etat de lois n’est pas forcément un Etat de Droit. C’est la raison pour laquelle, agir en conséquence avec conscience, humanité et responsabilité dans la prise en charge de cette situation, serait en conformité avec les textes des conventions d’internationales qui ont posé l’exigence du droit à la santé, du respect de la dignité humaine des prisonniers ».