Le chef de l’Etat s’est présenté hier en avocat de la défense pour plaider la cause d’une université en adéquation avec les besoins de développement économique du pays. Sous ce registre, Macky Sall a une nouvelle fois dénoncé les violences dans l’espace universitaire et invité les acteurs à plus de responsabilité. Mais, à l’origine de la crise universitaire actuelle, la question de la fermeture des universités publiques a été passée sous silence par le président de la République.
C’est le principal point de discorde entre les étudiants et les organisations syndicales d’une part et le ministère de l’enseignement supérieur de l’autre. La fermeture des universités publiques décidées par les autorités de tutelle depuis les évènements de juin dernier, devrait se poursuivre jusqu’en 2024. En conséquence, les enseignements se déroulent à distance. Cette décision, peu commode aux yeux des syndicats de l’enseignement supérieur, est l’une des principales causes des grèves répétées dans les universités.
Déjà, au lendemain d’une énième grève de 48 heures, le syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes) a durci le ton, annonçant un arrêt définitif des cours en ligne. Pis encore, il prévoit une journée «université morte» demain, jeudi 30 novembre 2023. Le tout, pour exiger la réouverture des universités publiques et la reprise des enseignements en présentiel.
Cette question pour le moins cruciale a cependant été occultée par le président de la République ce mardi 28 novembre. S’il a assuré que «toutes les dispositions seront prises pour assurer la sécurité dans les universités» tout en invitant l’ensemble des acteurs à aider les autorités «à pacifier ces espaces», le chef de l’Etat, n’a pas évoqué la question de la fermeture des universités. Ce silence est-il synonyme d’acceptation ou de validation de la situation actuelle ?
La question semble éminemment politique pour ne pas dire « politicienne » selon les termes de certains syndicalistes. Mais, en définitive, le ministre de l’enseignement supérieur, a décidé de fermer les universités au moins jusqu’à la fin de l’élection présidentielle « pour éviter les violences ». Le chef de l’Etat le conforte dans cette option car, pour Macky Sall, «il n’est pas possible de s’attendre à un secteur en ébullition permanente».
L’université «n’est pas un espace de gladiateurs, c’est un espace de réflexion», a réitéré le président de la République en marge de la troisième édition du ‘’Prix Macky Sall pour la Recherche’’ qui s’est tenue hier à l’Université Amadou Mahtar Mbow de Dakar (UAM) sur le thème «La recherche et l’innovation face aux défis de la paix, de la sécurité et du développement dans l’Espace CAMES».