L’étudiante de l’Université de Saint-Louis Seynabou Kâ Diallo a été sauvagement assassinée. Son petit ami Yahya Seck alias Prince a été arrêté parce que suspecté d’être l’auteur du crime ou de l’assassinat, en fonction de la qualification qui sera retenue par le maître des poursuites.
Il est également avancé l’information selon laquelle, elle serait enceinte. En tout état de cause, sa mort tragique réveille des souvenirs pas lointains du tout de crimes similaires contre notamment de jeunes femmes, de la part de proches en qui elles plaçaient beaucoup de confiance. Une situation grave qui a fait réagir les autorités en la personne de la Ministre de la femme, de la famille, du genre et de la Protection des enfants, Ndèye Saly Diop Dieng.
Remercions au passage les autorités judiciaires, elles qui travaillent dans l’ombre et qui ont en charge la mission délicate de la traque des délinquants. La promptitude avec laquelle ils ont arrêté un suspect est à saluer. Cela démontre leur efficacité et le fait que ces criminels notamment sexuels doivent avoir du souci à se faire. En effet, en mai 2019, la fille du DG de l’ADL a aussi été violée et tuée à Tambacounda dans les mêmes conditions macabres par un proche de la famille qui, après son crime, participait activement aux recherches et était, en apparence, dans la compassion vis-à-vis de la famille.
Nous avons ainsi, malheureusement, une répétition de ces genres de crimes. Des enseignants de l’école publique ou des maîtres coraniques et d’autres catégories de citoyens de tous âges et de toutes conditions, s’en prennent à des jeunes, à des déficientes mentales même. Les faits divers à ce propos font les choux gras de la presse et cela, quotidiennement. Il y a une tendance, vicieuse, à s’en prendre à d’innocentes personnes notamment de jeunes filles et même parfois à des adultes, comme cela a été le cas à Rufisque où en bande organisée, des malfrats s’en prenaient à des femmes. Même une policière serait parmi les victimes. Il est alors curieux de constater que la criminalisation du viol au Sénégal dont la loi a été publiée en janvier 2020 dans le Journal officiel n’a pas du tout dissuadé les délinquants sexuels.
On peut ainsi parler d’objectif non-atteint même si ce n’est pas forcément la faute des autorités. Car, dans l’exposé des motifs devant criminaliser les viols et les actes de pédophilie, il est clairement spécifié que ‘’Les victimes en sortent traumatisées, humiliées, déshonorées et parfois stigmatisées. Elles en gardent souvent les séquelles toute leur vie. Ces souffrances sont à la fois physiques et psychologiques. allant des maladies sexuellement transmissibles aux troubles du comportement, en passant par Ia grossesse et la perte de l’estime de soi’’. Constat ne pouvait être plus juste. Mais, force est de reconnaitre que le remède n’est pas efficace. Comme d’ailleurs, la loi de janvier 1999 renforçant la répression, n’avait pas, à l’époque, servi à apeuré les délinquants.
Alors, il est utile que la prévention soit davantage renforcée comme l’est la répression. Les autorités concernées doivent, en intelligence avec les autorités judiciaires et les médias, travailler sur un plan d’action dans un souci de plaidoyer et de sensibilisation aussi bien des victimes potentielles que des auteurs potentiels.
Car, force est de reconnaître que les questions sexuelles étant largement taboues chez nous, on en parle pas assez. Et face à la paupérisation grandissante de pans entiers de la société du fait de facteurs conjoncturels et structurels, de plus en plus de jeunes filles versent dans le libertinage et la prostitution. Ce qui, au demeurant, encourage les prédateurs à penser que toute personne rencontrée est une cible.
Il faudrait que désormais, cette question soit inscrite au rang de priorité nationale et que des actions conséquentes soient envisagées notamment pour expliquer à ceux qui seraient tentés, qu’ils risquent de gâcher leurs vies et celles de leurs victimes.
Assane Samb