Directeur général de la CGIS-SA et membre de la Task force républicaine, Abdou Khafor Touré a réagi face à la montée du discours jugé « haineux ». Invité de l’émission « le Grand oral » sur Rewmi Fm, il s’est désolé du niveau du débat politique. Pour lui, les insultes n’ont pas leur place dans le débat politique.
C’est la bataille des législatives mais quelle lecture faire de la manifestation de Yewwi?
Je fais partie de ceux qui ont été formatés sur des valeurs républicaines. La démocratie c’est la confrontation des idées et la lecture, c’est que le rassemblement d’une coalition ou d’un parti est normal dans une démocratie. Ce sont des hommes qui ont la liberté de se rassembler. Alors le discours que j’ai entendu me pose problème. Mais le discours doit être aussi responsable et bâti sur des idées. Ce que je n’ai pas vu. C’est indigent et c’est regrettable aussi et à dénoncer. La motivation aussi doit être juste. Ce qui n’est pas le cas avec Yewwi. Il n’y a pas de légitimité. C’est une cause illégitime. Une manifestation organisée suite à l’amateurisme d’acteurs qui se regroupent et j’en suis choqué. Il y a les règles dans un État et c’est la loi qui est dite. Ils sont convaincus de l’illégitimité de leur cause et on nous parle d’une prochaine mobilisation. Il n’y a pas eu l’adhésion des populations qui réfléchissent et qui pensent à la stabilité.
Vous faites référence au discours avec Cheikh Bara Dolly?
Mais la politique c’est un discours et des postures. Il faut une confrontation des idées. Pour moi, de façon claire, il n’est pas un marabout et les propos pour lesquels il est arrêté, aucun marabout ne le fera. Ce sont des propos discourtois. Il faut pour une fois le dire, il y a des limites à ne pas franchir et il est connu pour ses dérives. La sanction est normale aussi. Ce pays ne s’arrêtera pas avec Macky Sall. Il y a de l’adversité politique depuis des années avec le Parti socialiste pendant 40 ans. Mais après avoir connu l’alternance, jamais on n’a franchi le Rubicon. Il faut se pencher sur la question du niveau des acteurs, il y a un nivellement par le bas. L’opposition surtout dans certains de ses segments, nivelle le jeu politique et la pratique politique par le bas. Les gens doivent se respecter. Ce n’est pas de cette manière que l’on peut avoir le suffrage des Sénégalais.
N’est-il pas temps pour Macky de prendre du recul ?
Qui a le droit d’insulter le Président ? Cheikh Bara a insulté. Je n’ai pas le droit d’insulter un chef de parti. Il a ravalé ses propos. Mais il y a une manière aussi de dire les choses. Même s’il est sous le coup de l’art 80. Chaque pays a ses réalités. Dire que le Président doit se séparer de son parti…. Depuis des années, le débat s’est posé, mais personne ne le respecte. Ceux qui font vivre le parti ne peuvent pas se séparer du parti et c’est cet appareil qui lui permet de rester au pouvoir. C’est un instrument de reconquête du pouvoir.
Justement en termes d’injures, Ahmet Suzanne Camara est dans le lot en parlant de tuer Ousmane Sonko?
Je ne l’ai pas écouté. Mais la violence verbale est à bannir des deux camps. Il ne faut pas faire l’apologie de la violence. En ayant cette posture, d’aucuns pensent qu’il est peureux. Mais il faut aussi savoir raison garder. Ceux qui sont dans une posture de conquête n’ont aucune responsabilité. Les gens abusent mais savent que ceux qui sont au pouvoir peuvent faire face. Il faut parler aux Sénégalais pour un discours intelligible.
Benno annonce une contre-manifestation. Est-ce la même chose ?
Pour moi, l’opposition muscle ses militants et elle est dans une posture de mobilisation pour avoir un bon score. Des gens qui tentent de faire peur et anticipent la campagne. Ils ne peuvent pas empêcher la tenue des élections. Ils sont dans le bluff et la surenchère. Pour Benno, on a beau discourir mais la vérité sortira des urnes. Benno est en train de travailler avec la sensibilisation des masses. Avoir 5 mille personnes ou plus n’a pas de sens. Il faut plus de deux millions pour avoir une majorité. Mais l’enjeu n’est pas dans la mobilisation et nous n’allons pas les suivre. Notre enjeu doit être une mobilisation permanente et constante des militants. Nous sommes capables de faire la même chose à l’échelle départementale. On commencera avec Dakar, Pikine etc. Et dans les 45 départements aussi.
Il y a eu des investitures catastrophiques. Comment des gens expérimentés ont pu commettre ces erreurs-là ?
La coalition Yewwi avec toutes ses expériences ne peut pas commettre toutes ces conneries. Une liste non paritaire, puis commettre une erreur sur la liste nationale. Il faut le rappeler, ce fait-là. C’est une jeune fille qui a moins de 25 ans. Ils ne savent même pas que pour investir une personne, il faut avoir minimum 25 ans. Une bêtise commise par Yewwi. Cela montre un manque de rigueur. Ce n’est pas une surprise, car après Khalifa Sall, Aïda Mbodj, aucun d’eux n’a jamais exercé dans l’exécutif. Regardez la liste de Yewwi. Il faut juste que les gens comprennent que ce sont des gens incompétents et ce sera un désastre si on leur confie les rênes du pays.
Pour Benno, et il est inacceptable à ce niveau de responsabilité. Il faut se poser la question du niveau des acteurs politiques. Il faut une équipe et revoir tout ce qui doit être fait. Des erreurs qui ne grandissent pas Benno car les dégâts sont moindres. Mais il faut aussi que les gens se ressaisissent.
On parle d’arrestation de rebelles et Ousmane Sonko riposte par une tentative d’assassinat sur sa personne ?
C’est juste une fable créée par ses soins et il est dans la diversion. Même les enfants n’y croient pas et cela fait rire. Par contre, faire une déclaration c’est pour la consommation. Maintenant pour les rebelles qui ont été arrêtés, c’est une information de sources sécuritaires. Si c’est la vérité, cela n’a pas sa raison d’être. Il faut féliciter les forces de l’ordre aussi et ont bien fait leur travail. En tout état de cause, si c’est la réalité et que l’on se rend compte que des forces rebelles montent au niveau de la capitale, ils méritent des sanctions.
Pourquoi devrait-on croire à ces arrestations de rebelles et non à cette tentative contre Ousmane Sonko ?
Moi j’ai dit que je fais confiance aux sources sécuritaires et le porte-parole du Gouvernement l’a confirmé. C’est officiel. Alors qu’Ousmane Sonko porte plainte ! Et il n’y a aucune preuve. Vous avez votre sécurité et la voiture est garée, alors où est le problème !
Ce sont des Sénégalais et qui ne sont pas estampillés « rebelles. » Y’a-t-il risque de confusion ?
Je suis sénégalais et ces questions restent sensibles et j’ai été à Ziguinchor où j’y ai passé toute mon enfance. Je connais le milieu. Au début de la rébellion, je vivais à Boukote et j’étais avec des enfants dont les parents sont dans le maquis. J’y ai des amis, je connais bien cette région et je refuse d’aborder des questions avec légèreté.
La crise économique est là avec la hausse des prix de denrées. Notre pays a des moyens pour faire face ?
Il faut se donner les moyens de faire face. Nous y sommes et tout le discours produit est anachronique par rapport à la réalité. Le monde est compliqué et vit une situation difficile depuis 2020. Le monde est en alerte depuis un an. Nous avons tous été confinés. Il y a eu la guerre en Ukraine et il y a eu des efforts. Plus de 1000 milliards de soutien aux ménages et aux Pme etc. Le pays ne s’est pas effondré. Beaucoup parlent de mars 2021 et cela est plus expliqué par cette tension économique. Il faut des mesures préventives, dans 6 mois, on risque d’avoir des situations pires. Je salue Macky dans sa vision prospective. Il faut de l’urée et de l’engrais, car on risque de ne pas produire et nos parents des autres régions qui vivent de la terre ne pourront pas tenir d’ici 6 mois. On risque d’avoir des crises en janvier 2023 et l’urée et l’engrais nous viennent de Pologne, d’Ukraine et de Russie. Le carburant a augmenté et en France le prix est de 2 Euros. Soit 1250 FCFA. Le litre du Super tel qu’affiché est 895, il y a des efforts qui sont faits par l’Etat. C’est le cas aussi pour le gasoil. Cette hausse est inévitable, donc prions et travaillons pour que le pays soit en paix. On ne peut nous reprocher d’avoir un gouvernement qui travaille et soulage les gens.
L’Afrique est-elle prête à tirer des leçons de ces crises-là ?
Nous avons l’obligation de réussite et nos leaders aussi ont cette responsabilité d’être des visionnaires. Il faut que les gens de l’Afrique aussi soient conscients car Macky Sall a une présence remarquée et remarquable sur la scène mondiale. Il continue ses discussions pour régler un conflit mondial. Le Sénégal est acteur majeur de cette crise et d’une solution négociée. Ce sont des pas importants. On doit être sur ces enjeux-là, le pays va entrer dans une nouvelle ère et ceux qui gèrent le pays doivent se préparer et être outillés.
Récemment il y a eu des soulèvements des populations de Yoff qui dénoncent l’accaparement de leurs terres. Ce conflit est-il résolu ?
Non il n’y a pas eu de conflit. Au niveau de la caisse de dépôt, l’Etat nous a vendu une assiette de 30 ha et à titre onéreux. Nous sommes une société privée et nous commercialisons le CDC. Il n’y a aucun problème sur le périmètre de l’aéroport. Le périmètre de l’aéroport initial est de 562 ha. Il y a une zone déclassée et sans problème. Là où il y a des revendications des lébous, c’est vers Yoff et ils n’avaient pas compris. Nous sommes dans la commune de Ngor et de Ouakam. Ce que nous avons appartient à l’Etat qui nous a vendu cette partie. Le foncier est une question sérieuse. La terre est une question sérieuse et il faut penser à la génération future et nos actes doivent nous éviter des conflits dans 40 et 50 ans.
Alors pour la campagne pour les Législatives ?
Les élections restent charnières, le travail est fait aussi et il faut que les Sénégalais contribuent à faire confiance à Macky. Une cohabitation est chimérique et c’est juste une vue de l’esprit. Nous avons gagné 37 départements lors des Locales et nous allons nous investir pour gagner Guédiawaye. Que les gens fassent confiance à la majorité.
MOMAR CISSE