Fatou N. est détenue depuis une semaine pour avoir ingurgité un breuvage qui a provoqué la mort de son fœtus de 25 semaines. Le procureur a requis contre elle une peine ferme de six mois pour avortement clandestin.
Fatou N. a connu deux mariages qui se soldés par des échecs. Déjà mère de cinq enfants, la divorcée fréquentait par la suite un homme marié. Après plusieurs moments d’intimité, elle contracte une grossesse. Ayant honte de mettre au monde un enfant naturel, Fatou N. garde son secret, avant d’opter pour l’avortement. C’est alors qu’elle a pris un breuvage qui a occasionné des maux de ventre. Une fois dans les toilettes à 4 heures du matin, Fatou a vu le fœtus de 25 semaines sortir de ses parties intimes. La peur au ventre, elle se rend à la police et retrace le film de son acte abject.
Convoqué, le petit ami de la mise en cause a nié être l’auteur de la grossesse. Il a confié aux limiers qu’il a rompu cette relation extra-conjugale depuis six mois. La mère de famille a été ainsi placée en détention provisoire le 12 décembre dernier. Face au juge du tribunal des flagrants délits de Dakar ce mercredi 20 décembre, la prévenue a refuté avoir provoqué sa fausse couche, déclarant qu’elle a pris un breuvage destiné au traitement de la grippe. Dans la foulée, Fatou N. a renseigné qu’elle attendait le moment opportun pour annoncer sa grossesse à son amoureux, lequel n’a jamais eu d’enfant.
Convaincu que la prévenue a interrompu sa grossesse de manière volontaire, le maître des poursuites a requis deux ans, dont six mois ferme. D’après Me Sène, le médecin ne s’est pas prononcé sur la cause de l’avortement. Par contre, l’homme de l’art a renseigné que le fœtus était non-viable. « En tout état de cause, le fœtus allait sortir », a clamé le conseil de défense qui a, par ailleurs, déploré l’incarcération de sa cliente, laquelle n’a pas encore pratiqué un curetage. « Son placenta est dans son ventre. Sa vie est en danger », a-t-il alerté.
À défaut d’une relaxe au bénéfice du doute, Me Sène a demandé au tribunal de faire bénéficier à la comparante des circonstances atténuantes. La présidente de la séance a mis l’affaire en délibéré au 28 décembre prochain.