Voix féminine, Meeriam est la voie vers la femme artiste et artisane de sa vie. Etre pluriel, Meeriam est un condensé de singularité, d’où son originale personnalité de femme open mind à l’esprit vif ouvert sur le monde mais ancré dans sa culture de valeurs. Cela l’a conciliée avec ses parents pour un pacte musique-études comme les garçons feraient sport-études. Ce mix de clairvoyance et de folie maîtrisée est ce qui définit notre invitée dont le monde entendra parler. Musique l’artiste…
Une présentation de votre parcours musical ?
C’est une très longue histoire d’amour, la musique et moi ! A mes heures perdues, j’ai toujours aimé chantonner. A Thiès, j’ai fréquenté un groupe de rap, Xat Xol Records avec lequel j’ai fait mes premiers featurings, refrains et mon premier single, DINA BAKH. En 2017 j’ai tenté ma chance dans un concours national, organisé par Vibe Radio et j’ai été deuxième finaliste. J’ai fait la finale avec Obree Daman. J’y ai gagné en expérience, un plus grand public, un plus grand soutien de mes « confrères et consœurs » thiessois. J’ai également fait la connaissance du Xuman, avec qui, j’ai officiellement commencé ma carrière en 2018. Il y a eu BIM BAM avec lui, puis entre 2019-2021 le clip DOFF THI YOW puis un autre single en vidéo TAKK MA, MAMAN A DIT, DUMA DEM en sortie audio et récemment j’ai sorti le clip Rumba en août 2021, qui est un extrait de l’EP à venir »
Des études à la musique, comment s’est fait le pont ?
A vrai dire ce n’était pas évident ! J’étais une élève brillante et c’était un peu compliqué de faire comprendre à mes proches que j’avais une passion à côté. C’était difficile, mais j’ai tenu bon, j’ai toujours fait en sorte que l’un n’empiète pas sur l’autre. Faire de la musique en continuant les études, c’était la condition de mes parents pour que je puisse vivre ma passion. J’y ai souscrit parce qu’après tout, l’art n’exclut pas le savoir.
Qu’est-ce qui vous motive en tant qu’artiste ?
La passion ! Je suis une amoureuse de l’art. Mon talent s’est manifesté à travers la musique et l’écriture. Cette capacité à être moi-même me motive, ce don de Dieu à montrer, à vivre tout simplement, mais aussi cette volonté d’inspirer d’autres personnes qui ont la même passion et qui aimeraient réussir dans ce milieu. J’utilise mon art pour mes combats dans la vie sociale.
Quid de votre style musical ?
J’ai un style musical entre le traditionnel et le moderne. Je pouvais autant écouter Youssou Ndour, Viviane Chedid, Coumba Gawlo et être inspirée par Tracy Chapman, Aretha Franklin, Bob Marley (elle confie beaucoup aimer le reggae). Quand je chante, je laisse l’influence de ces inspirations et sur les instrumentaux que j’utilise je fais toujours en sorte qu’il y ait une touche traditionnelle, africaine et sénégalaise en particulier. En gros, mon style de musique je le définirai comme de la world music.
Meeriam et pas Mariama ?
Mariama en arabe c’est Maryam, je me suis dit pourquoi ne pas changer le nom en Meryam. Meryam veut dire Mery I Am et donc I Am Meryam ( Je suis Meryam ) et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle on a mis M E E R I A M pour bien insister sur le « Me i am ». C’est un nom qui me plait bien et qui me permet d’être toujours dans mon personnage artistique et de bien pouvoir partager mon personnage artistique et ma personne Mariama.
Votre appréciation sur la musique sénégalaise ?
La musique sénégalaise est sur la bonne voie, juste qu’il nous reste du chemin à faire pour pouvoir trouver une formule pour l’exporter. Nous avons une richesse en sonorité et on pourrait vraiment s’atteler à trouver un modèle de musique sur lequel tout le monde pourrait se reconnaître, à commencer par l’Afrique, puis au niveau international. Je pense qu’il est temps que nous ayons nos empreintes sur les grandes scènes internationales et qu’on ait nous aussi notre particularité qui fera de tout un temple, un pilier de la maison. Mais aussi que l’on suive les pas de nos aînés qui ont vraiment fait un travail de « ouf » pour nous mettre dans les rangs. Pour moi, la nouvelle génération devrait plus s’inspirer d’eux et plus aller dans ce sens-là. L’idée ce n’est pas de délaisser la musique locale, mais plutôt de trouver une formule qui pourrait faire en sorte que nous soyons sur les pas de Youssou Ndour, Baba Maal, Cheikh Ndigueul Lo, entre autres.
Quel rôle les artistes féminines peuvent-elles jouer pour un changement des mentalités ?
Pour changer les mentalités, nous devrions plus collaborer artistiquement, avoir plus de featuring, de mobilisations, de coopérations pour combattre ensemble la violence faite aux femmes. Il y a beaucoup de thèmes sur lesquels on pourrait œuvrer ensemble parce que l’union fait la force. De plus, nous ne sommes pas si nombreux que ça dans le milieu musical sénégalais. Plus on s’unit et plus loin on ira !
Comment avez-vous intégré le label Natty dread entertainment de Xuman ?
J’ai connu Xuman après le concours national Le Nouveau Son. D’ailleurs, il m’avait déjà remarquée avant qu’un ami ne me présente à lui. C’est quelqu’un que j’avais vraiment rêvé de rencontrer parce qu’on ne peut pas nier toute son expérience, son talent et tout ce qu’il a eu à œuvrer pour l’art urbain. Il aimait vraiment ce que je faisais et moi aussi, je voulais travailler avec quelqu’un d’aussi expérimenté que lui. Et c’est de là que tout a commencé avec le label Natty dread entertainment en 2018.
Que vous inspire Xuman ?
La force, l’intégrité, et le dépassement de moi-même. Il m’a appris à me dépasser, donner le meilleur de moi-même et à toujours me pousser à donner plus avec sa fameuse phrase « Meeriam tu peux toujours faire plus, tu peux toujours donner plus de ton potentiel ». Je ne le remercierai jamais assez pour tout ce qu’il m’a appris. Au-delà de la musique c’est quelqu’un que je respecte beaucoup, c’est un frère, un ami. Xuman a vraiment participé à ma carrière et de façon très positive.
« Bim Bam » ?
C’est le premier single que j’ai sorti à Natty dread entertainment. Avec les Xuman, nous avons fait une chanson en style afro et dance hall et on (Xuman et elle) a écrit la chanson en français, tout en laissant le titre BIM BAM qui est vraiment une signature sénégalaise. Pour le refrain, nous avons également joué sur le côté sénégalais et africain. C’est une très belle chanson qui a été appréciée au-delà du Sénégal. D’ailleurs, nous avons essayé de faire en sorte que ça soit une chanson qui puisse être exportée, que les Sénégalais, les étrangers puissent se retrouver sur les paroles, les sonorités, le rythme.
« Maman a dit », un opus de style reggae qui dénonce les violences faites aux femmes en partenariat avec l’UNESCO. Dites-nous en un peu plus…
« Maman a dit » est une chanson qui me tient vraiment à cœur. La chanson raconte l’histoire d’une mineure qui n’a pas la force de dire non à ses parents pour un mariage précoce. Ça aussi c’est une forme de violence morale faite aux femmes et je pense que l’on devrait vraiment continuer à lutter contre ces maux-là. Me concernant, il y aura encore d’autres projets et j’espère avoir l’occasion de travailler avec d’autres institutions afin de représenter dignement cette lutte-là.
La particularité de Meeriam ?
Les mélodies ! J’ai une facilité à créer des mélodies. D’ailleurs, on me dit souvent que j’ai une voix très mélodieuse, et donc naturellement, quand je compose une chanson, je commence d’abord à créer les mélodies, le rythme pour ensuite me mettre à l’écriture. C’est « Queen of melodies » comme je le dis souvent (rire) et en même temps, c’est ma capacité d’adaptation, j’ai la facilité à m’adapter à plusieurs styles. En gros, je dirai mélodie et versatilité (dit-elle avant de confier qu’elle trouve la question difficile à répondre (sourire aux lèvres).
Des featurings ?
Mais bien sûr ! Il y en a qui sont déjà prêts, d’autres en cours. Je ne révélerai pas les noms (rire), vous verrez. Tout ce que je peux assurer c’est que ce seront de très belles productions, de très belles chansons.
Des projets en vue ?
Je travaille actuellement sur un EP de 6 titres dont j’ai sorti l’extrait récemment. J’ai sorti un single intitulé « Rumba » qui est un extrait du projet. Là avec mon staff nous sommes en train de finaliser et la sortie sera pour très bientôt, après le Ramadan Incha Allah ! Avec ce projet, j’ai vraiment envie de faire découvrir à mon public mon univers musical. Avant, je ne sortais que des singles (Bim Bam, Dof ci Yow…) d’univers différents et pour ce projet-ci j’ai vraiment envie de me poser, de prendre le temps nécessaire, de bosser sur un univers musical avec des featurings et des single. J’espère que ce sera vraiment apprécié et je promets à mon public que ce sera un projet de Ouf. Le EP de Meeriam ce sera sur toutes les plateformes. Restez scotchés !
ANNA THIAW