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« EUROBONDS »: «Ce serait une sottise de n’utiliser cet argent que pour payer la dette» selon Dr. Papa Demba THIAM

Dr Papa Demba Thiam, économiste et expert en développement industriel était l’invité du ‘’Grand oral’’ sur Rewmi Tv. Il a abordé les questions relatives à l’industrialisation et les goulots d’étranglement pour un envol économique du Sénégal. Sans élaguer la levée de fonds relative aux Eurobonds d’une valeur de 450 milliards

Il a prononcé la leçon inaugurale lors des assises économiques du MEDS. Face aux enjeux économiques, Pape Demba Thiam a proposé un modèle de développement endogène bâti sur le modèle de l’appropriation de l’initiative de la programmation en matière d’action et de développement. Cela tombe dans un contexte de souveraineté alimentaire, de résoudre ce paradigme. A l’en croire, l’apport du secteur privé est important et asseoir les conditions d’endogéneisation. « Il est temps de construire le contenu du dialogue entre les deux entités. C’est-à-dire l’état et le secteur privé.

Un état n’est pas détenteur de savoir. Et les acteurs économiques peuvent développer une capacité de production», a-t-il plaidé. Une approche partante de modalités de reconditionnement comme au Maroc ? Étant le maître d’œuvre de la stratégie post Covid du Maroc, l’économiste a estimé que l’état a la responsabilité d’écouter ceux qui font des orientations économiques. A titre d’exemple, il a cité qu’ « au Maroc le Roi est l’entrepreneur en chef. Il développe un secteur et positionne le Maroc dans la chaîne de valeurs. Il faut un modèle de changement de raisonnement.  Au Ghana nous avons développé des capacités de nous insérer dans des chaînes de valeurs en transformant nos ressources. Et il faut aider le secteur privé à donner cette substance entre le public et le privé », fait-il  savoir tout en espérant que l’écoute attentive de l’appartement de l’état sera un atout.

Retard dans la vision économique et industrielle ? 

L’économiste a noté qu’on a subi l’histoire. Soulignant que les puissances occidentales ont bâti leur économie sur le pillage de l’Afrique. Dr Papa Demba Thiam a rappelé que quand la 2ème guerre mondiale tirait à sa fin en 1944, John Maynard Keynes et son homologue américain ont organisé la conférence de Breton Woods. Le 1ier constat est que les pays se faisaient la guerre. Et donc le pillage était là et donc des institutions sont crées et ceux développés dont les vainqueur de la guerre avaient un accès équitable sur l’esclavage. Une belle horreur. Cette main mise des ressources est exploitée mais avec les cycles de la sécheresse de 73 avec Nixon, on est rentré dans une période de change flottant pour les pays africains ou ils sont devenus plus vulnérables. D’où un endettement pour payer les fonctionnaires et la sécurité. 1979 c’est le consensus de Washington qui est sorti. D’où un arrêt de la recherche, de l’éducation, des dépenses de sante.

Un plan de fabrique de pauvreté qui nous mettait dans la dépendance. «  C’est pourquoi Senghor a foutu le camp car avec cette histoire de politique  d’ajustement structurel,  il ne pouvait pas rester. D’où le choix de Diouf. En continuant sur les même modèles, les mêmes architectures, on reste sur place », a-t-il averti. Interpellé sur les Eurobonds  du  Sénégal pour un  montant de  450 milliards, il a expliqué que le gouvernement est dans une position de négociation et que les autorités sont en train de montrer quelles sont capables de lever des fonds ailleurs. « Il faut que le gouvernement sache ce qu’est l’industrialisation. Ce n’est pas le fait d’avoir des parcs industriels. Ce n’est pas l’industrialisation la création d’entreprises agricoles ! C’est un processus de maillage d’accueil de circuits économiques qui permettent de créer une densité de flux intégrés par la transformation de ressources et de manière massive. Pour être dans cette politique, le gouvernement doit savoir les ressources et les potentiels sur lesquels on peut fonder la production de masse », explique-t-il. Et de poursuivre : « Il faut déterminer les opportunités techniques et commerciales qui sont offertes quand on transforme des ressources. Faire une évaluation des ruptures de séquences sur les chaînes de valeurs potentielles et qui pourraient être créés. Définir une stratégie pour souder les maillons essentiels». A ce titre, il a invité les nouvelles autorités à ne pas reproduire les mêmes schémas existants.

Revenant sur l’exemple de la Corée, la Chine avec la révolution de Mao, il puise ces deux exemples pour miser sur un envol pour le Sénégal.  L’économiste à ouvert tantôt la brèche en rappelant que ce pays était au même niveau de développement que la Corée en 68. « Le véritable dialogue qu’on doit avoir  c’est celui qui nous mette d’accord  sur la politique économique nationale  basée sur un consensus et nos propres forces. On a commencé par des arrangements politiques. En juillet j’ai dit qu’il fallait discuter mais juste dire qu’un pays doit construire sa vision comme son patrimoine », a davantage insisté l’invité. Il cite la Chine qui a misé sur des plateformes de compétitivité d’où un environnement favorable sur des chaînes de valeurs. Des conditions pour que les investisseurs viennent  chez eux jusqu’à créer l’usine du monde. «  Je ris en entendant des zones économiques spéciales (Zes). C’est vulgaire car il n’y a rien de spéciale. Il faut arrêter avec ça. C’est du propre de l’intellectuel africain. Mais la Chine a réussi en attirant le capital et la Chine est devenue l’usine du monde. Un mouvement de délocalisation des lobbys en Chine. Les USA se sont appauvris.

La Covid par exemple a été mal gérée. La Corée aussi s’est développée. Notre diplomatie n’a pas le temps de respirer car elle est entre réception d’ambassadeurs, des sommets etc. On n’a pas le temps de réfléchir », s’est  désolé l’économiste. Il a invité les autorités à arrêter « avec les concepts creux » car le transfert de technologie c’est de faire une technologie qui convient à la solution des problèmes. Selon lui si Diomaye et Sonko veulent des solutions sénégalo-sénégalaises, il faut adresser des commandes à l’ITA,  sur la base des technologies dont on a besoin et aux besoins du pays. 

Dans un aperçu global, le Sénégal peut il s’inspirer de la Chine ? « Oui » a répondu l’économiste. Pour lui chaque société développe sa propre capacité de développer sa propre survie. « La chance des africains c’est d’avoir plusieurs dimensions en même temps et on a le cosmos dans sa globalité. C’est comme les 450 milliards récemment obtenus. Qu’on prenne cet argent pour créer un fond de développement de projets. Il permettrait de dessiner toute l’architecture de développement pour toucher des grappes de convergence. A ce moment on va développer des projets vendus aux investisseurs. Et il s’agira de gérer des risques », a-t-il mis en avant. 

450 milliards : Une forte somme pour faire face  à la dette ? 

Les 450 milliards serviraient à miser sur ces points listés plus haut pour encore de l’argent et en produire et que l’état doit se comporter en entrepreneur institutionnel. Diomaye et son équipe sont-ils dans cette dynamique ? Dr Papa Thiam dit avoir suivi le président Faye, avec une capacité d’écoute et de fermeté. «  Il est un homme intelligent et engagé et à côté de lui un bulldozer, Sonko. Eux-mêmes ils ont la prédisposition. On peut avoir à travers eux l’indulgence dans la mesure où ils connaissent ce qui se passe. Mais il ne faut pas qu’ils fassent d’erreurs comme rentrer tout de suite dans les tunnels de Bretons Woods. Car ils vont trouver la même situation qui avait conduit Senghor à f… le camp à cause de la dette», a-t-il conseillé. Peuvent-ils s’en sortir sachant que la question de la dette de 15 mille milliards et les services de la dette à des montants énormes. « Ce serait une sottise d’utiliser  cet argent que pour payer la dette. Il faut que cet argent produise de la richesse. L’ingénierie de l’investissement est la et il faut que le Sénégal garde sa signature. Et donc il faut créer de la richesse et planter une graine d’investissement », a conseillé l’économiste.


MOMAR CISSE 

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