Si l’année dernière, les Sénégalais ont pu célébrer la Journée internationale des travailleurs (ses) dans le calme, cette présente risque d’être mouvementée sous l’ère du président Bassirou Diomaye Faye. Les travailleurs dans plusieurs syndicats ont commencé à montrer les couleurs avec des mouvements d’humeur, demandant la reprise des négociations. Qui plus est, les doléances des travailleurs en relation avec leurs aspirations syndicales, dans un monde du travail peu élastique, risquent de mettre encore davantage le nouveau régime face à ses responsabilités.
Pour cette édition de la Fête du travail 2024, les centrales syndicales de travailleurs ont décidé d’organiser une marche commune sous la bannière de la Coalition des confédérations syndicales de travailleuses et travailleurs du Sénégal affiliées à la CSI. Elles se mobilisent autour du thème « un Mouvement syndical fort dans une démocratie renforcée ».
Contrairement aux autres années, où le point de ralliement était la place de la Nation, cette année, le grand rassemblement se tiendra à la place de l’indépendance. Les acteurs vont prendre départ à l’avenue Lamine Guèye angle Faidherbe longeant la cathédrale pour passer devant le palais, avant d’arriver à la Place de l’indépendance. A tour de rôle, les secrétaires généraux des centrales prendront la parole pour parler au monde du travail. Seulement, pour cette année, les travailleurs attendent de ces derniers plus d’engagements dans la résolution des problèmes du monde du travail. Ces derniers ont commencé à annoncer les couleurs au sein de leurs syndicats respectifs. C’est le cas des travailleurs des collectivités territoriales qui avait observé une grève de 120 h la semaine dernière pour réclamer le statut du fonctionnaire local ainsi que la généralisation de la hausse des salaires à tous les agents de l’Etat, le secteur de la santé qui fait une projection, la pêche entre autres. Selon les centrales syndicales, l’avènement de la troisième alternance politique traduit la vitalité de la démocratie du Sénégal qui, selon elles, constitue une source de motivation et d’espoir pour le monde du travail et appelle de la part des organisations syndicales plus de vigilance et de résilience.
Pour cette année, au-delà de son caractère symbolique, le 1er Mai se déroule dans un contexte international marqué par une série de crises multidimensionnelles. Les acteurs ont évoqué sur le plan géopolitique international, le Moyen Orient avec la guerre en Palestine et l’incursion iranienne dans l’espace aérien israélien. A cela s’ajoute la guerre Russo-Ukrainienne qui perdure.
Sur le plan économique, la dégradation du pouvoir d’achat avec l’inflation galopante, la hausse des prix, les menaces sur les emplois, l’insuffisance des revenus pour subvenir aux besoins des familles en matière de soins, frais de scolarité et de location, sans oublier la marginalisation des couches vulnérables dans la mise en œuvre des politiques sociales. La dépendance excessive de nos Etats constitue un obstacle majeur qui plombe le développement économique, monétaire, sécuritaire et alimentaire. « Cette situation plonge nos pays dans un cercle vicieux d’endettement chronique dont l’impact économique et social n’est plus à démontrer », a fait savoir la Ccss. F
ace à toutes ces problématiques, la troisième alternance portée par le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye aura la lourde tâche de présenter des solutions structurelles pour un climat social apaisé.
Les préoccupations de la coalition des centrales syndicales
La coalition des centrales syndicales pour ce 1er mai sou l’ère du Président Faye a décidé de mettre l’accent sur les doléances d’ordre social comme la baisse des prix des denrées de première nécessité, la baisse de la fiscalité sur les salaires mais aussi les coûts de l’électricité, de l’eau et du téléphone. Elle a aussi renseigné qu’elle mettra l’accent sur l’équité au sein des travailleurs de l’Etat en faisant le plaidoyer pour l’harmonisation des augmentations des salaires des agents de l’Etat de 2022 y compris ceux des collectivités territoriales, mais aussi l’indemnité de logement dans tous les autres secteurs. Pour ce qui concerne les réformes, l’accent sera mis dans la révision du statut des décisionnaires par la modification du décret 74 347, des projets du code du travail et du code unique de la sécurité sociale, de la réforme hospitalière et de la nouvelle politique de santé, du renforcement du système éducatif, des décrets concernant le statut des chercheurs de l’ISRA, de l’accélération de la formalisation de l’économie informelle et l’adoption du RSPC, de la réforme du FNR avec l’intégration des travailleurs des collectivités territoriales et les agents non fonctionnaires de l’Etat, du projet d’éradication des abris provisoires et enfin du projet de la nouvelle convention du secteur de l’assurance. Pour y arriver, la Ccss a appelé l’Etat, au cours de son point de presse de la semaine dernière, à des réformes novatrices dans les relations professionnelles à travers un nouveau contrat social fondé sur un partenariat responsable visant le renforcement du pouvoir d’achat des travailleurs, le dialogue social et le pouvoir de négociation des organisations syndicales. Pour un front social apaisé, la Coalition exige de l’Etat l’application de tous les accords signés avec les syndicats des secteurs de l’enseignement, de la santé, de la justice, des collectivités territoriales, des transports, ainsi que l’application de toutes les décisions de justice
Face aux revendications des centrales à caractère pécuniaire, l’ancien président de la République, Macky Sall, avait émis un niet catégorique en leur rappelant les 627 milliards consentis par l’Etat pour soutenir les ménages, pour résoudre les revendications des enseignants et celles du secteur de la santé. Sur les dérives sur les réseaux sociaux, le président de la République avait affirmé, devant l’assistance, que « nous allons très clairement y mettre un terme d’une façon ou d’une autre». Pour les collectivités territoriales, il avait soutenu que « les maires doivent se conformer aux lois ».