Dans une déclaration rendue publique, la Coalition africaine Notre eau, notre droit (OWORAC) a lancé un message à l‘endroit de Bassirou Diomaye Faye, président de la république à qui il demande un contrôle démocratique des services d’eau au Sénégal et l’expulsion complète des multinationales de l’eau.
Dès son arrivée au pouvoir, BDF a pris la mesure de revoir le contrat d’affermage liant le Sénégal à la société Suez en vue d’auditer et d’évaluer tous les partenariats public-privé (PPP) dans l’État. OWORAC a exhorté le nouveau gouvernement sénégalais « à œuvrer pour la promotion du contrôle démocratique total des services d’eau par le peuple sénégalais et à mettre fin à la privatisation de l’eau aussi bien en milieu urbain, périurbain et rural.
Cependant, s’est désolé OWORAC, dit noter qu’en 2018, à travers la loi 2014 N° 18_12_2014, la méthode de gestion de l’hydraulique rurale a été réformée. « Cette réforme a permis à l’État du Sénégal de signer des contrats de longue durée avec des concessionnaires ou fermiers privés comme Aquatex, FlexEau ou encore SDER (qui est une filiale du groupe Eranove) et ainsi beaucoup d’Asufor ont été dissoutes. » Malgré tout, avec l’arrivée des concessionnaires, le prix de l’eau est passé des 150FCFA (environs 0,22euros) à 250F (environs 0,38 euros), le branchement au réseau est passé à plus de 150 euros.
« Avec les entreprises privées, la solidarité a aussi disparu, les lieux de culte, les hôpitaux, les écoles sont contraintes de payer l’eau. Les populations qui n’ont pas le moyen de payer leur facture sont simplement privées d’eau. On peut citer la commune de Ngodiba comme est un exemple frappant des injustices liées à la privatisation des services d’eau au Sénégal. Les tensions entre la communauté et Aquatech se sont aggravées, entraînant non seulement la suspension de l’approvisionnement en eau, mais aussi l’arrestation de cinq personnes et la blessure de nombreuses autres », s’est-elle désolée.
Mettre fin à la marchandisation de l’eau et de garantir un accès universel à tous les citoyens, indépendamment de leur localisation ou de leur statut socio-économique deviennent un impératif. Et estime que « seul le contrôle public et la gestion démocratique des ressources en eau peuvent garantir le droit à l’eau potable et apaiser les tensions dans les communautés où l’eau a été privatisée. »
Pour cette organisation, dans les zones rurales, la gestion de l’eau se faisait à travers les ASUFOR (Association des Usagers de Forages), et la population avait de l’eau en qualité et en quantité suffisante. Elle rappelle que « les branchements au réseau ne coûtent pas plus de 30 euros. Les gestionnaires de l’Asufor dans beaucoup de zones avaient aussi développé un système de solidarité qui faisait que personne n’était privé d’eau. Ainsi, ceux qui n’arrivaient pas à payer leurs factures à temps bénéficiaient de moratoire, de paiement différé ou simplement d’annulation de facture (dans les cas où il est évident que la personne est incapable de payer la facture). » Un système selon OWORAC qui a permis grâce à cette gestion communautaire de l’eau dans les zones rurales de générer des bénéfices qui ont permis la construction de salle de classe pour des écoles des centres de santé dans certains cas, mais aussi de payer de payer le personnel de santé ou encore de payer la location de logement pour les étudiants à Dakar. L’eau était aussi gratuite dans les lieux de culte, les écoles et les hôpitaux.
MOMAR CISSE